Quelle voie pour la reconstruction de Mayotte. Il est donc impérieux de batailler pour une orientation créatrice qui dépasse les passions partisanes e
Pourquoi singulièrement eux ? Parce que ces deux peuples se trouvent à un tournant. Chido a complètement ravagé Mayotte. La question de la reconstruction de l’île s’impose donc. Elle est cardinale.
Va-t-on poursuivre la voie de la domination d’un pays sur un autre ? Va-t-on cultiver la haine et la division ? Ou bien va-t-on frayer des voies nouvelles, viser l’apaisement, semer la réconciliation et construire une nouvelle cohésion sociale ?
Les indices sont des mauvais augures quand on constate d’un côté les discours des autorités françaises et de certains dirigeants maorais qui s’inscrivent dans les ornières d’un passé douloureux pour tous et de l’autre l’absence de réaction du pouvoir de Moroni qui tourne le dos à ses responsabilités et qui traduit une capitulation certaine.
Il est donc impérieux de batailler pour une orientation créatrice qui dépasse les passions partisanes et qui ouvre vers un avenir de progrès humains.
Pour cela on ne peut qu’appeler à renoncer aux narratifs artificiels construits pour légitimer une réécriture de l’histoire, des prises de position révisionnistes. Il faut s’arc-bouter sur le principe de réalité.
On doit reconnaître que Mayotte est géré depuis 50 ans par la France ; que depuis le visa Balladur instauré en 1995, la haine a été cultivée durant 30 ans, aboutissant à faire du bras de mer Anjouan – Mayotte un des plus grands cimetières marins du monde ; que les Comoriens non Maorais sont traités comme boucs émissaires à Mayotte. Un fossé s’est creusé !
On doit reconnaître que cette séparation de 50 ans n’a pas annihilé l’unité anthropologique des populations des quatre îles ni fait des Maorais des français à part entière. Ce n’est pas pour rien que le droit commun français ne s’applique pas à Mayotte, on coupe les cheveux en quatre avec des multiples dérogations.
On doit reconnaître que l’unité des populations des quatre îles est une émergence historique spontanée. Personne, ni physique ni morale, n’a œuvré pour construire cette civilisation originale, cette façon singulière de gérer toutes les activités humaines, cette langue commune singulière qui permet aux populations des quatre îles de se comprendre. C’est tout cela qui fait qu’un Comorien se sent chez lui dans n’importe quelle île de l’Archipel. C’est cela qui fait qu’un Comorien sans papier français à Mayotte ne peut être traité d’immigré ni de clandestin.
Peut-on imaginer à près de 10 000 kms de Paris, un ilot de français, musulman à plus de 90% ?
Peut-on imaginer un ilot de prospérité sans l’insérer dans son environnement naturel ? Croire reconstruire Mayotte en l’opposant aux trois autres îles est incontestablement une voie de garage qui mènera à un échec cuisant avec toutes sortes de travers comme on l’a vécu durant ces trente dernières années.
La vocation naturelle de Mayotte est de constituer avec les autres îles de l’Archipel, un état nation. C’est une cause que personne ne pourra éteindre.
Il va de soi que le rôle majeur sera joué par la France, l’acteur du conflit comoro-français le plus fort, celui qui, dans une large mesure, a imposé la voie suivie par l’Archipel des Comores depuis la colonisation.
Se trouvera-t-il des des dirigeants français pour prôner la fin de l’usage du droit du plus fort ? Se trouvera-t-il des élus maorais pour comprendre que la haine et la violence ne peuvent construire que des sociétés malades, condamnées ?
Ne pourrait-on pas rêver au triomphe des idées de progrès économiques et sociaux et qui conduirait à une grande conférence internationale sur la question de la reconstruction de Mayotte et du développement des autres îles et engager un processus de réconciliation nationale ?
Idriss Mohamed Chanfi
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