Comores : La dérive autoritaire et l’absence de perspectives pour le peuple Il y a un an, les Comores se sont retrouvées au cœur d’une crise...
Comores : La dérive autoritaire et l’absence de perspectives pour le peuple
Il y a un an, les Comores se sont retrouvées au cœur d’une crise politique sans précédent après des élections présidentielles largement contestées et qualifiées de “truquées” et “volées”. Les élections législatives qui viennent de se dérouler, avec des résultats tout aussi controversés, semblent inscrire le pays dans une spirale autoritaire de plus en plus inquiétante. Une fois encore, le peuple comorien s’est vu privé d’un débat public véritable sur les enjeux fondamentaux de la nation. L’absence de débat est une constante sous le régime actuel, et les autorités continuent de faire fi des aspirations démocratiques des citoyens.
Un pouvoir verrouillé et l’absence de débat public
Lors des dernières élections présidentielles, Azali Assoumani, alors président de l’Union africaine, a refusé de démissionner de son poste, une décision qui a été utilisée comme prétexte pour empêcher tout véritable débat sur les grands enjeux politiques du pays. Aujourd’hui, avec les élections législatives, la situation est similaire. Le fils d’Azali, également en position de pouvoir, a pris la même décision de ne pas organiser de débat public. Une absence de transparence qui met en lumière la dérive autoritaire du régime et la répression systématique de toute forme de contestation.
Une crise socio-économique alarmante
Dans le même temps, les conditions de vie des Comoriens se détériorent de manière dramatique. Le pays, déjà marqué par des pénuries d’eau potable et d’électricité, peine à fournir des services de base à sa population. Les routes sont impraticables, et la vie quotidienne devient un véritable combat pour les plus démunis. Les pénuries alimentaires sont récurrentes, avec un manque inquiétant de riz, un aliment de base pour les Comoriens.
La jeunesse, particulièrement frappée par le chômage, voit son avenir s’assombrir chaque jour davantage. Face à la dégradation des services de santé et de l’éducation, nombre de Comoriens se tournent vers l’étranger pour se soigner. Madagascar, malgré l’interdiction de vol, devient ainsi une destination privilégiée pour ceux qui peuvent encore se permettre de fuir la misère locale. D’autres choisissent de se rendre en Égypte, en Afrique du Sud ou en France pour échapper à l’incapacité du régime à offrir des conditions de vie dignes.
Une opposition étouffée et réprimée
L’opposition, quant à elle, subit une répression de plus en plus violente. Les leaders politiques qui osent défier le pouvoir sont emprisonnés ou réduits au silence. Les réunions publiques, pourtant essentielles dans une démocratie, sont systématiquement interdites, privant ainsi les citoyens de tout espace de débat et de confrontation d’idées. Même une tentative d’assassinat contre Azali n’a pas réussi à entamer la machine autoritaire en place, et le régime continue de clamer à tort qu’il jouit du soutien populaire.
Les résultats des élections : une victoire de façade
Contre toute attente, le régime a obtenu des résultats électoraux confortables dès le premier tour des législatives. Pourtant, il est difficile de croire que les Comoriens, vivant dans des régions privées de tout, aient réellement choisi de renouveler leur soutien au pouvoir. Dans les campagnes, les populations sont laissées pour compte et souffrent de l’incapacité de l’État à garantir des services essentiels comme l’électricité ou l’eau potable. Les structures chargées de l’organisation des élections, déjà largement critiquées après les présidentielles, n’ont pas fait l’objet des réformes promises. Azali lui-même avait reconnu des “erreurs” dans l’organisation des élections passées, mais aucune correction n’a été apportée. Ce mépris flagrant pour la transparence électorale alimente les soupçons de fraude et de manipulation des résultats.
Un avenir sombre pour un petit pays martyrisé
Les Comores semblent aujourd’hui prises dans un tourbillon sans fin, pris en étau entre un régime autoritaire et une crise socio-économique qui frappe de plein fouet la population. Ce petit pays, déjà fragilisé par des années de conflits et de mauvaise gestion, semble se diriger tout droit vers un avenir sans perspective. Il est triste de constater qu’un tel pays, qui a tant de potentialités, est martyrisé par une classe politique insensible aux souffrances du peuple et obsédée par le maintien du pouvoir.
La situation actuelle des Comores interpelle la communauté internationale. Si le pays veut un jour sortir de cette impasse, il faudra que les autorités mettent en place un véritable processus démocratique, qu’elles garantissent les droits fondamentaux de la population et qu’elles s’attaquent sérieusement aux problèmes structurels qui paralysent le pays. Mais à l’heure actuelle, cet espoir semble bien lointain, noyé sous des élections truquées, des pénuries interminables et une répression sans fin.
Mahafidh Eddine
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