Fundi Said Mohamed Harouna : une voix courageuse et digne pour un État de droit aux Comores. Lors de ses interventions, notamment à l’occasion des gra
Fundi Said Mohamed Harouna : une voix courageuse et digne pour un État de droit aux Comores
Le prêcheur Fundi Said Mohamed Harouna se distingue parmi les figures religieuses et intellectuelles des Comores par son courage, sa lucidité et son sens aigu des responsabilités envers la société comorienne. Lors de ses interventions, notamment à l’occasion des grands mariages, il dépasse le cadre traditionnel des sermons purement religieux pour aborder des sujets de société et de politique nationale. Sa voix résonne comme un appel à la justice, à la vérité et à la réforme dans un pays où les institutions semblent parfois faillir à leur mission fondamentale.
Une voix prophétique face aux défis de la nation
Contrairement à d’autres prêcheurs qui se limitent à des enseignements dogmatiques, Fundi Said Mohamed utilise sa tribune pour poser des questions essentielles. Il appelle à une introspection collective et interpelle directement les autorités et les citoyens. Il rappelle que l’islam ne se limite pas à des rituels mais exige également une justice sociale et politique.
Dans son sermon d’hier soir (26/12/2024) à Kwambani, dans le Washili, il a abordé des sujets douloureux et sensibles, notamment le traitement des décès mystérieux de personnalités publiques aux Comores. Il a dénoncé le fait que plusieurs figures importantes, décédées dans des circonstances troublantes, n’ont jamais bénéficié d’investigations approfondies pour établir la vérité sur les causes de leur mort.
Des décès mystérieux et l’inaction de l’État
Fundi Said Mohamed a cité des cas emblématiques :
- L’ancien président Mohamed Taki Abdoulkarim, mort en 1998 dans des circonstances encore floues. Aucune autopsie, aucune enquête judiciaire n’a été menée pour éclaircir les causes de sa mort.
- L’ancien président de la CENI, Djaza, retrouvé mort dans son bureau. Là encore, aucune investigation scientifique ou judiciaire n’a été entreprise, et son enterrement a été précipité.
- L’ancien ministre Andou Nassur, dont la mort présente des similitudes troublantes avec celle de Djaza. Une fois de plus, la rapidité de l’inhumation a empêché toute recherche de vérité.
Pour le prêcheur, ces actes traduisent un mépris des principes islamiques et des normes d’un État moderne. Dans l’islam, la quête de justice est une obligation. Il est donc inconcevable que des décès aussi suspects soient traités avec une telle désinvolture. Il pose une question poignante : sommes-nous dans un pays ou dans une jungle ?
Les élections : un miroir de la corruption
Fundi Said Mohamed ne se contente pas de dénoncer les injustices liées aux décès mystérieux. Il s’attaque également au système électoral, qu’il considère comme gangrené par la fraude et la corruption. Les pratiques électorales actuelles, selon lui, trahissent les principes islamiques de transparence et d’équité.
Il interpelle les autorités pour qu’elles organisent des élections honnêtes, où le meilleur candidat l’emporte. Mais il appelle également les citoyens à assumer leurs responsabilités. Voter pour des personnes corrompues, dit-il, est un acte lourd de conséquences devant Dieu et devant les hommes.
Une critique acerbe de la classe politique
Le prêcheur ne mâche pas ses mots lorsqu’il évoque les différentes autorités et les députés élus pour représenter le peuple. Il dénonce leur inaction face à des problèmes majeurs comme la corruption, la gestion calamiteuse des sociétés d’État, et les pénuries d’eau et d’électricité.
À quoi servent les députés si leur seule activité consiste à percevoir des salaires et à rouler dans des voitures luxueuses ? Les élus doivent défendre les intérêts du peuple, et non être complices d’un régime qui précipite le pays dans l’abîme.
Un appel à la réforme spirituelle et sociopolitique
Pour Fundi Said Mohamed, les Comores ont besoin d’un réveil collectif. Les prêcheurs, les intellectuels et les citoyens doivent s’unir pour appeler à la justice et à la responsabilité. L’islam, rappelle-t-il, n’est pas seulement une religion de pratiques rituelles, mais aussi un système qui exige l’équité, la vérité et le bien-être collectif.
« Nous avons besoin de milliers de Fundi Said Mohamed », disent ceux qui admirent son courage. Il incarne une voix rare dans un pays où beaucoup préfèrent le silence face aux dérives du pouvoir.
Un homme sous pression mais inébranlable
Le régime en place n’a pas manqué de tenter de museler Fundi Said Mohamed pour ses prêches critiques. Mais il persiste, conscient des risques qu’il prend en abordant des sujets que même les opposants politiques n’osent pas évoquer. Il est animé par une foi inébranlable et une volonté de servir son pays en rappelant des vérités fondamentales.
Fundi Said Mohamed Harouna est bien plus qu’un simple prêcheur. Il est une conscience pour les Comores, un homme qui ose défier les injustices au nom de la foi et de la justice. Sa voix, quoique menacée, continue de résonner pour rappeler à chacun – autorités comme citoyens – leurs responsabilités. Que Dieu le protège et inspire d’autres leaders à suivre son exemple.
IBRAHIM Mahafidh Eddine
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