Elections législatives 2025 : L’Assemblée nationale a besoin de redorer son blason. Ce boycott du scrutin a déçu plus d’un et laisse bon nombre d’élec
Elections législatives 2025 : L’Assemblée nationale a besoin de redorer son blason
L’opposition fait la politique de la chaise vide !
Alors que les Comoriens sont appelés aux urnes le 12 janvier 2025 pour renouveler leurs députés, l’opposition nationale qui a laissé planer le doute quant à sa participation au scrutin, après avoir demandé et obtenu, la prolongation de la date limite de dépôt de candidature, a finalement opté pour la politique de la chaise vide, excepté quelques personnalités issues de ses rangs, qui se présentent comme candidats indépendants dont on salue le sens de responsabilité.
Ce boycott du scrutin a déçu plus d’un et laisse bon nombre d’électeurs incrédules, dans la mesure où c’est une belle occasion ratée par l’opposition de prendre sa revanche, après son échec à la présidentielle. Le moins que l’on puisse dire est que le choix des opposants à Azali manque d’un examen lucide de la situation politique. Il fallait se mettre à l’évidence : après plusieurs mois de contestations sur la victoire d’Assoumani Azali, ce dernier dirige le pays comme bon lui semble avec le soutien de la communauté internationale.
Plusieurs responsables de l’opposition ont évoqué la nécessité d’un dialogue à la suite des violences post-électorales sur fond de contestations des résultats électoraux. Mais ce dialogue entre le pouvoir et l’opposition pour décrisper le climat politique en Union des Comores n’a jamais eu lieu, hormis quelques rencontres informelles entre certains candidats opposants à la dernière présidentielle et le Président Assoumani Azali, sans qu’un accord soit conclu entre les parties.
L’opposition accuse le pouvoir de ne pas donner suite à sa demande d’ouvrir un dialogue, notamment sur les faiblesses du système électoral. Elle dénonce, entre autres, que dans sa composition, la CENI, la Commission électorale nationale indépendante, n’est ni équilibrée ni impartiale, alors qu’elle a toujours refusé de désigner ses représentants pour intégrer cette instance, censée organiser et garantir le bon déroulement des élections. Les observateurs politiques perçoivent une faiblesse de l’opposition dans sa stratégie pour une alternance au pouvoir actuel et un manque de leadership ainsi qu’une vision claire.
Difficile, dans ce contexte, d’échapper à la question de savoir qui est le leader de l’opposition comorienne depuis l’élection présidentielle de janvier 2024. Pour rappel en 2016, Mohamed Ali Soilih, arrivé au deuxième tour de l’élection présidentielle, était devenu alors le chef de l’opposition de facto. Aujourd’hui, en exil en France et loin de la politique active, il ne jouit plus de ce statut et a laissé la place désormais aux candidats de l’opposition à l’élection présidentielle qui ne reconnaissent toujours pas la victoire du Président Azali, six mois après son investiture.
Alors se pose aujourd’hui la question de sa restructuration !
Oui, il est urgent d’avoir pour le pays une opposition digne, responsable et force de proposition à un moment où le débat politique aux Comores atteint des sommets de vacuité et de mauvaise volonté affichée. Consternant !
Il est vrai aussi que pour certains, la confrontation politique relève du superflu et de l’accessoire et ce serait faire preuve d’une coupable naïveté que de balayer cette réalité d’un revers de la main.
En boycottant ces élections, ils renforcent davantage le parti présidentiel en lui donnant un blanc-seing, au lieu de se donner les moyens de prendre le pouvoir législatif et ainsi contrôler et peser sur les décisions qui touchent à la vie socio-économique du pays. Or, mieux vaut être à la manœuvre en politique que de subir les évènements ! Et comme disait Eugène Chatelain : « En politique toute faute est un crime ».
Ils pensent qu’aucun candidat de l’opposition, ne peut, dans la situation actuelle de l’Union des Comores, gagner une élection face à un candidat du pouvoir, à cause de la fraude électorale, quand bien même le gouvernement essaie autant que faire se peut de lui montrer la preuve de sa bonne foi sur la bonne tenue du scrutin à venir. Pour les leaders de l’opposition, ces élections ne sont donc rien de plus qu’une mascarade organisée par le gouvernement, destiné à redorer le blason de la démocratie face à la communauté internationale et si le Président Azali permet à ces élections d’avoir lieu, c’est uniquement par ce qu’il sait parfaitement que la victoire lui serait assurée.
Ce procès d’invincibilité est battu en brèche, car le même Azali a subi un revers électoral lors des législatives d’avril 2004, pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte. Nos amis de l’opposition devraient savoir qu’il n’y a pas de comparaison possible entre les conditions de sécurisation d’une élection présidentielle et une élection législative. Il est plus facile pour un candidat à la députation de surveiller le déroulement et les résultats d’une circonscription de quelques villages, contrairement à celui d’une présidentielle qui couvre le territoire national. Mais l’opposition a choisi cette voie et la responsabilité lui incombe !
Les enjeux de cette élection
Ces élections sont importantes non seulement sur le plan institutionnel mais aussi pour l’agenda politique du Président Azali. Il est très souhaitable cette fois-ci d’élire un parlement responsable, compétent loin du spectacle digne d’une très mauvaise grosse farce que les Comoriens ont connu ces derniers temps.
Des parlementaires qui sauront passer les intérêts du pays avant leurs soucis de carrière. Je devrais stigmatiser l’ignorance grasse des textes que certains députés votent selon une discipline partisane et qui, à l’usage, s’avèrent improductifs, inutiles voire inapplicables.
Ils étaient simplement inaudibles et peut- être même inutiles. Peu de compétence associée à des petits calculs politiciens ont fait de ces élus de la République des gens qui ne servent à rien. Tout ça n’est pas à la hauteur de la situation de notre pays et encore moins des attentes de la population, car, rappelons-le, ces élus de la République votent les lois et contrôlent l’action du gouvernement en leur nom. La représentativité des députés à l’Assemblée nationale pèse donc avec force sur la capacité du Président de la République à réformer.
C’est pourquoi, il est extrêmement important de choisir des personnalités instruites, compétentes et intègres pour nous représenter et au service du développement socio-économique de notre pays, pour redonner du sens à la fonction de député et ré-enchanter la démocratie représentative et non pas pour aller amuser la galerie.
Cette nouvelle législature doit être l’occasion de remédier à la faiblesse de la dernière dont même les plus fervents soutiens de l’exécutif ne se satisfont pas.
Qui plus est le Président de la République n’a plus le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale selon une nouvelle disposition constitutionnelle. A se demander dans quel coin de la planète, le législateur est parti s’en inspirer encore une fois, jusqu’à dépouiller le Garant des Instituions de ce pouvoir, même en cas de nécessité. Un cas d’école !
Said Omar Badaoui
Ancien diplomate (Bruxelles, Paris)
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