Des hommes et des sous-hommes, des quartiers et des sous-quartiers aux Comores : qui sommes-nous réellement? On en parle pas dans nos projets et progr
Des hommes et des sous-hommes, des quartiers et des sous-quartiers aux Comores : qui sommes-nous réellement?
On en parle pas dans nos projets et programmes politiques. On ne le lit pas dans la presse nationale. Les intellectuels n'osent pas l'écrire. Les guides religieux préfèrent parler d'autre chose. Et pourtant nous avons tous une attitude qui n'est ni religieuse, ni humaine. Je pense que nous devons prendre le risque d'en parler au risque d'être considérés comme "des prophètes de type nouveau".
Dans un précédent post, j'ai dénoncé le fait que le Comorien ne considère pas le village comme un lieu de résidence mais plutôt comme un lieu sacré doté d'un honneur qu'il faut protéger, peu importe le prix à payer. Mais au-delà du caractère sacré que représente le village, force est de constater qu'à l'intérieur d'un village ou d'une ville, certaines personnes- très marginalisées- sont considérées comme des sous-hommes.
Elles sont considérées comme des extraterrestres : Elles ne peuvent pas manger avec les autres; elles ne peuvent pas s'asseoir avec les autres et cela même à la mosquée de vendredi ; ils (ces sous-hommes) ne peuvent pas épouser des femmes d'autres quartiers et vice-versa. Quelque soit leur niveau d'instruction, ils ne peuvent pas prêcher à la mosquée de vendredi, ni diriger un comité de pilotage. D'ailleurs, même s'ils sont aujourd'hui médecins, avocats, ingénieurs, entre autres, au village ils sont appelés pêcheurs ou esclaves par des gens improductifs et qui ne savent ni lire ni écrire.
Cette situation est loin d'être un cas isolé. Dans presque toutes les grandes villes de Comores on trouve des quartiers justement réservés à ces sous-hommes. Quartiers de pêcheurs ou des ..., je n'ose pas utiliser le mot exact. En vertu de quoi un petit mendiant, voleur, délinquant, menteur, illettré issu d'un quartier jugé noble se permet de se considérer comme béni que le jeune médecin issu d'un quartier considéré à tort comme le quartier des sous-hommes?
Je rigole quand j'entends des jeunes- et même des personnes très âgées- jurer et insulter au nom de son lieu de naissance parce que celui-ci leur confère notoriété, noblesse et dignité. Il est temps qu'on dénonce ces inégalités sociales basées sur le lieu de naissance et qui n'ont aucune base scientifique.
Je me moque de ces guides religieux qui n'osent même pas dénoncer ces inégalités et qui continuent à nous faire croire que nous sommes un pays à 100% Musulmans ! Je me moque de ces intellectuels qui considèrent ces injustices comme une situation normale et qui par la suite en deviennent des acteurs ! Je me moque de ces politiques qui promettent aux Comoriens un paradis artificiel quand des milliers de Comoriens vivent dans un esclavage déguisé refusant le statut d'homme à des milliers de personnes nées libres.
Chers amis, où nous nous trouvons- Moroni- Mitsamiouli- N'tsaouéni- Mutsamudu- Foumbouni- Domoni- Itsandra- Hahaya- Iconi- dénonçons ces inégalités sociales, qui font de nous des faux-musulmans et constituant la racine de notre mal.
Au nom de la cohésion sociale, disons-nous que nous sommes entre nous des frères et le meilleur d'entre nous est celui qui craint Allah! Pas plus.
Mistoihi Abdillahi
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