Quelle stupidité de nos compatriotes qui assimilent l'envahissement du marché na..Depuis quand le kofia est un produit commandé ou fabriqué en Chine?
Quelle stupidité de nos compatriotes qui assimilent l'envahissement du marché national du kofia par la contrefaçon chinoise, à la loi du marché?
Depuis quand, le kofia est un produit commandé ou fabriqué en Chine? La concurrence déloyale de nos voisins et cousins de culture swahilie (Tanzanie, Mozambique, Djibouti et Somalie) n'a jamais inquiété les petites mains talentueuses de la femme comorienne. Le Kofia made in Comoros a toujours réussi à garder son prestige et son marché local. Les voisins swahilis n'ont pas imité ni contrefait le bonnet traditionnel comorien.
Ils ont développé le leur similaire à plusieurs égards à la fois totalement différent. C'est sans aucun doute, une chose tout à fait naturelle qu'un Comorien apparaisse semblable à un Tanzanien et vise-versa. Le bonnet Tanzanien n'a jamais menacé son équivalent comorien.
Il faut donc appeler un chat un chat le "bonnet brodé" n'a jamais été une fabrication traditionnelle et manufacturière chinoise. C'est plutôt une offensive commerciale inamicale. Les industriels chinois sont à l'affût d'un filon qui est mal protégé par les autorités comoriennes. Les industriels du tourisme et des souvenirs à Madagascar ont aussi fait pareil dans le domaine de l'artisanat de cadeaux souvenir en empiétant sur les petits artisans comoriens laissés pour compte d'un État qui n'encourage et ne protège aucune filière économique locale.
Je rejoins entièrement l'idée de l'anthropologue Said Mohamed Abderemane Wadjih qui met le ministère de la culture sur ses responsabilités. La démission totale, l'absence de protection de tout un pan de notre patrimoine : kofia, nkandu, zilatru, cadeaux-souvenir est une H-O-N-T-E NATIONALE.
Cette offensive généralisée ne peut pas être comparée à une quelconque loi de l'offre et de la demande car les produits sont différents. C'est plutôt une OPA de la superpuissance chinoise sur le patrimoine irrésistible de notre pays. La préférence nationale ou le protectionnisme décomplexé est l'arme efficace de ceux qui veulent garder leur entrée dans le monde global de l'OMC et de l'uniformisation musclée.
Si le Kofia devient un luxe interdit à certains de nos compatriotes plus démunis, c'est aussi et surtout parce que les pouvoirs publics semblent avoir rien à foutre de la vie quotidienne du citoyen tant que des importations sont possibles et plus abordables.
Tuons l'économie locale en négligeant toute production originale et locale du citoyen.
Encourageons les importations pour avoir des rentrées fiscales qui nous aideront tout de suite dans nos trésoreries. C'est cette politique meurtrière qui est menée depuis des décennies et qui fait de la balance commerciale un gouffre abyssal entretenu par des politiques pleutres et veules.
Le volontarisme politique est mort depuis les décennies de a déstabilisation mercenariale 1978-2000. Il nous reste l’activisme et le dynamisme de la société civile et/ou de la communauté universitaire.
Mon premier kofia (bonnet brodé) m’à été offert en juillet 1989, suite à mon admission au Baccalauréat et j’en possède aujourd'hui Dieu Merci, quatre et chacun de mes 2 enfants un. Je suis ainsi très remonté contre cette banalisation de la chose publique aux Comores jusqu'à priver de ce pays de vrais défenseurs. Le pays regorge d’objets originaux qui nécessitent notre attachement et notre protection.
Je ne crois pas à une valeur quelconque que véhiculerait mon "nkandu"(boubou ) fait main comme mon Kofia, en revanche, je sais que les semaines que ma douce mère a passé à confectionner les deux kofia qu'elle m’à offertes valent plus qu’un salaire. Une reconnaissance éternelle et une protection de son savoir-faire.
C'est cela la valeur que j’accorde au travail des mains talentueuses de la ménagère comorienne. Rien ne remplacera cela!
Ce travail vaut plus que quelques dizaines d’euros et la qualité des tissus et fil utilisés ne le démentiront pas. Pourquoi diable, voudra-t-on nous priver de cette protection d’un produit original qui passe aujourd'hui pour un vrai symbole de l’artisanat comorien? La technologie qui envahit le monde n’a't-elle pas de limite dans nos contrées encore privées d’unités de transformation des matières premières et de production en série?
La manufacture comorienne doit-elle céder toutes ses productions non labellisées à l’empire chinois? Je me connais moi-même et connais suffisamment mon pays pour ne rien laisser aux envahisseurs de la globalisation. C'est le défi lancé aux moins complexés de la "préférence nationale" dans le domaine souverain de la culture et de la langue c'est cela mon défi et mon combat. Je vous y invite tous à nous ressaisir: notre patrimoine est en voie de disparition!
Par Ghailani Ali Nouhou
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