180e anniversaire de l’annexion de Mayotte par la France : l’affaire Andriantsouli Hier c’était le 180e anniversaire de la vente de Mayotte ...
Hier c’était le 180e anniversaire de la vente de Mayotte et ses habitants à la France contre une rente annuelle de 1.000 piastres, par un roi malgache déchu réfugié dans l’île qui y avait usurpé le pouvoir à la suite d’un coup d’État. A cette occasion, « Sur les traces de la culture comorienne » a publié hier un article rappelant les étapes qui ont mené à cet odieux trafic qui vit la vente d’une île et de sa population « en échange d’une rente annuelle et viagère de 1000 piastres et l’envoi à l’île Bourbon de 2 de ses enfants, pour y être élevés, aux frais du gouvernement français ». L’objectif est de lutter contre la désinformation qui veut faire croire que la population de Mayotte voulait devenir française il y a 180 ans.
À l’occasion de cette date du 25 Avril, j’ai décidé de consacrer mes propos sur l’affaire d’Andriantsouli, et aux tenants et aboutissants de la supposée appartenance de Mayotte à la France depuis 1841.
Il est important de rappeler et apprendre à ceux qui ignorent encore la vérité, d’apprendre leur propre histoire, la vraie histoire falsifiée par le colon français.
Après la déclassification des archives coloniales, nul n’a désormais le droit, comme le font aujourd’hui, certains tenants de « Mayotte la française », de travestir l’histoire de Mayotte, en inventant d’une part, une prétendue proximité inappropriée avec une France imaginaire et en déployant d’autre part, des trésors d’imaginations, pour opposer et éloigner autant que faire se peut, Mayotte et ses trois îles sœurs. Cela est d’autant plus regrettable, que mêmes l’intelligentsia, les intellectuels et autres sachants de Mayotte, en arrivent à s’autocensurer, en préférant mentir par omission ou mentir tout court, plutôt que de faire quoi que ce soit qui fasse référence aux îles voisines. Et cela est valable dans tous les domaines.
C’est ainsi que la plupart des thèses qui parlent des sultans de Mayotte, s’attachent à oublier de rappeler qu’il est impérativement d’usage, pour être éligible au statut de sultan de Mayotte, d’être au préalable adoubé par le sultan d’une autre île comorienne : Ndzuwani (Anjouan). Ce qui est loin d’être le cas, s’agissant d’Andriantsouli affublé en catimini, du titre de sultan par un certain Passot, capitaine de la marine française, pour conférer à la signature du traité de vente, un brin de solennité. Et ce, en procédant à un semblant d’intronisation, en dehors de toute contextualisation de l’époque.
Autant d’inepties qui n’ont de cesse de proférer à tort, une prétendue appartenance de Maore (Mayotte) à la France depuis, aiment-ils (les tenants de Mayotte la française) à le dire, 1841.
Il faut dire que pour développer cet argumentaire, il a fallu faire recours à certains documents déclassifiés, sortis tout droit des archives nationales numérisés par « Google ». Les parangons de la désinformation et de la falsification de l’histoire de Mayotte, ne peuvent plus continuer à prendre des libertés avec l’histoire, en faisant des réalités historiques. Ils ne peuvent plus réécrire l’histoire récente des Comores, en partant de ce qu’ils ne cessent de qualifier de « donation de Mayotte », ce qui est, rien moins qu’un acte de « vol et recel », provenant d’une usurpation éhontée.
Usurpation dont s’est rendu coupable un prince déchu malgache Andriantsouli, qui ne se gêne guère, pour déposer son illustre hôte, le sultan Combo de Mayotte, qui lui a pourtant généreusement accordé l’hospitalité et autres avantages fonciers, étendus à la cinquantaine de miliciens qui l’accompagnent dans sa fuite ! Un sultan Combo curieusement ostracisé et royalement ignoré aujourd’hui par les descendants de ses sujets de l’époque, qui n’ont d’yeux que pour ses usurpateurs (Andriantsouli et sa milice) et pour le receleur français (Passot).
Rejeté après sa forfaiture, par la population maoraise, en dépit de sa conversion à l’islam, Andriantouli cherche en vain, pour arranger les choses, à se faire adouber devant les Maorais, comme c’est l’usage, par le sultan d’Anjouan, condition sine qua non, pour être éligible au statut de sultan de Mayotte. Dépressif, il vit reclus, en s’adonnant à des rituels de débauche et de libations, fort appréciés par les visiteurs de marque de passage.
Il ne peut pourtant se résoudre à régner à Mayotte dans un milieu hostile, alors que son compatriote malgache, Ramanetaka, arrivé dans les mêmes conditions de Madagascar, se fait introniser sans coup férir, sultan de Mohéli, par le même « faiseur de roi », le sultan d’Anjouan. Et ce, d’autant plus que ce dernier, toujours remonté contre l’usurpateur malgache Andriantsouli, pend le parti d’envoyer une lettre de protestation en bonne et due forme, à Louis Philipe 1er roi des français [cf. lettre du prince Said Hamza, fils du Sultan Abdallah].
De guerre lasse, Andriantsouli se résout ce 25 avril 1841, à assurer ses arrières, en optant pour une rocambolesque transaction illicite, dont lui et ses proches en seraient les seuls bénéficiaires, sans aucun égard pour la population maoraise. Jugez en plutôt : « Une rente annuelle et viagère de 1000 piastres et l’envoi à l’île Bourbon de 2 de ses enfants, pour y être élevés, aux frais du gouvernement français ».
En conclusion, n’hésitons pas lors des débats d’idées que nous aurons sûrement à livrer, d’étayer ces propos d’éléments puisés aux sources les plus fiables et surtout à procéder à des recoupes d’informations. C’est imparable !
Car, preuves et démonstration ont été faites, s’agissant du florilège d’exemples de réécriture d’histoire et d’évènements, en rapport avec le rejet supposé des « autres îles sœurs :
1. Des recherches sérieuses et bien poussées, arrivent par exemple, à tordre le cou à toute l’histoire de la prétendue donation par un soi-disant sultan adoubé en catimini par le capitaine Passot, un certain 25 avril 1841. Une date que les tenants de Mayotte la française, n’ont de cesse de nous rebattre les oreilles pour nous vanter une francité ancienne qui a pourtant enfanté en plus de 170 ans, sous-développement, analphabétisme, intolérance, xénophobie, etc. Quel crédit accorder à un traité signé dans des telles conditions qui relèvent de l’anecdote !
2. Contrairement aux autres îles « conquises », si l’on peut dire, dans les règles de l’art de l’époque, les conditions d’acquisition de l’île induites par le vol et le recel, privent la France de toute légitimité... Paradoxalement, n’en déplaise aux tenants invétérés de « Mayotte la française », le traité du 25 avril 1841 ne concerne qu’un français, Passot et un malgache usurpateur, Andriansouly, en dehors de tout implication maoraise. Et Andriansouli n’est sultan que par la grâce du seul Passot.
3. Andriantsouli qui, à l’inverse de son compatriote malgache Ramanetaka intronisé sultan de Mohéli, n’a jamais pu recourir aux pratiques rituelles, qui auraient pu lui permettre d’être solennellement intronisé sultan par le même sultan d’Anjouan, comme c’était l’usage. Ça a été pour lui une grande désillusion, surtout quand il a eu vent de la lettre de protestation envoyée aux autorités françaises par le sultan d’Anjouan,
4. Contrairement à la version officielle française et celle des tenants de Mayotte la Française, la nation comorienne a toujours été, bien avant l’arrivée des Français, une réalité historique. Anciennement appelées, avant la colonisation, Djuzu l’Kamar, les Comores ont toujours été formées d’un conglomérat de 4 îles, gérées par un ensemble de sultanats et de chefferies disséminés dans l’archipel. Malgré tout, en dépit des vicissitudes propres aux îles d’un archipel, la nation comorienne a été en tout état de cause, une réalité historique confirmée par la tradition orale, les fouilles archéologiques et les précieux textes historiques.
5. La nation comorienne a en partage le même peuplement issu des mêmes migrations, la même langue parlée et comprise d’un bout à l’autre de l’archipel, le même islam sunnite de rite shaféite, etc.
Publication de Mouzamildine Youssouf ©Temoignages.re - Photo d'archives : Mayotte - Case traditionnelle - Édition Connivence - Photo C.Lignon
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