On connaît la consommation souvent immodérée de cette plante euphorisante dans les pays de la corne de l'Afrique...
On connaît la consommation souvent immodérée de cette plante euphorisante dans les pays de la corne de l'Afrique. Mais le khat est également présent à Madagascar et son usage s'étend au fil du temps.
La plante originaire d'Ethiopie a été introduite au début du XXe siècle dans
la région de Diego-Suarez, au nord de Madagascar. Elle accompagnait le
développement de la base militaire française, qui a vu l'arrivée d'un fort
contingent d'immigrés yéménites, somalis et comoriens, répondant aux besoins
importants de main d'œuvre. La consommation de khat est restée pendant des
décennies l'apanage de la communauté musulmane. Sa production et sa
commercialisation étaient tolérées, sa consommation limitée. Tout a changé au
début des années soixante, lorsque les Français ont quitté la Grande île.
Une culture tolérée
Autour de Diego-Suarez, faute de débouchés en raison du départ des colons, les
agriculteurs abandonnent les cultures maraîchères et se tournent vers le khat.
Bien qu'informelle, la filière se structure alors sur un mode bien connu :
plus d'offre entraînant plus de consommateurs, ce qui incite à accroître la
production. A la fin du siècle dernier, la consommation de khat est
parfaitement établie et s'étend désormais à toute l'île.
Au point qu'aujourd'hui on parle de fléau. La mastication du khat est
désormais une pratique courante, au vu de tous. Selon le site internet
Mada-Actus, il s'en vendrait quatre tonnes chaque jour dans la région de
Diego-Suarez. Selon RFI, 20% de la population de la ville du Nord (115 000
habitants) en consommeraient régulièrement. Il ne s'agit que d'une estimation,
aucune étude n'ayant été réalisée sur le sujet.
De 2 000 à 10 000 ariary la botte
On trouve du khat à acheter à peu près partout, et en particulier le long des
routes. A 2 000 ariary la botte (moins de 0,5 euro), "c'est moins cher qu'une
grande bouteille de Coca-Cola", précise Mada-Actus. Une analyse que ne partage
pas RFI, qui avance un tarif cinq fois plus élevé de la botte, ce qui en fait
un gouffre pour les consommateurs assidus. Une différence de prix qui
s'explique par la saisonnalité de la plante, provoquant des variations
extrêmes des tarifs.
Plante euphorisante, le khat produit des effets comparables aux amphétamines,
et génère ainsi une suractivité, et une sensation de bien-être qui permet sans
doute de mieux supporter les affres de la vie. C'est sans doute pour cela que
les autorités maintiennent le statu quo, le khat n'est pas interdit juste
toléré. "Il y a quelques années, des émeutes avaient éclaté dans la ville
parce qu’il y avait des rumeurs sur la criminalisation de ces plantes",
rappelle le site Actualité Hussenia Writing.
Une population "accro"
Pourtant, cette addiction au khat n'est pas sans risque. Ainsi, parmi les
effets connus, le khat provoque des maladies cardiovasculaires, des problèmes
gastro-intestinaux, des cancers de la bouche, un poids faible à la naissance
et des problèmes d’infertilité.
Mais son danger est aussi économique. Le consommateur passe des heures à
mastiquer. "Tous les jours, je commence la mastication à partir de 14h et je
ne m’arrête que vers 18h", confie l'un d'eux . Ultime méfait, facile à
cultiver et à commercialiser, le khat permet des bénéfices conséquents. De
quoi détourner les agriculteurs de cultures vivrières plus ingrates.
Livraison de khat dans un marché à Awaday, en Ethiopie (2014). Originaire de ce pays, la plante a été introduite au début du XXe siècle au nord de Madagascar. (ZACHARIAS ABUBEKER / AFP)
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