Quelles sont les forces et les faiblesses du mouvement DAWULA YA HAKI ? Mes chers amis et patriotes Nous avons très longtemps t...
Quelles sont les forces et les faiblesses du mouvement DAWULA YA HAKI ?
Mes chers amis et patriotes
Nous avons très longtemps travaillé sur les moyens de mener cette lutte contre toutes les formes d’oppression sans avoir à verser une goutte de sang. Cette approche est justifiée par le fait que le mouvement populaire DAWULA YA HAKI? peut-être sans le savoir, puise ses référents dans les conceptions de la non-violence. En effet, le plaidoyer pour la non-violence constitue l’un des traits les plus saillants du mouvement. Révolution du sourire , Révolution du velours , sont quelques-uns des qualificatifs qui ont été utilisés pour caractériser la protestation qui agite les Comores , depuis le 24 Mars dernier.
Ces dénominations ne sont pas sans rappeler celles qui ont été employées sous d’autres cieux dans les révolutions dites de « couleur » dont presque toutes ont triomphé par leur caractère résolument pacifique. Si l’on retient la non-violence comme fil conducteur de ce mouvement, alors il faut le mettre en rapport avec la littérature politique (sur la non-violence) qui a été élaborée ces dernières années. Il est donc important d’interroger cette littérature pour en tirer les éléments pertinents par rapport aux problèmes et impasses dans lesquels se débat les Comores d’aujourd’hui.
Comment mener une lutte pacifique ?
Nous ne sommes pas habitués à faire entendre raison aux forces de l’ordre rien qu’en leur offrant des fleurs. Notre pensée est habitée par la vision traditionnelle de la révolution où la violence a été longtemps associée au rétablissement du bien et de la justice. Nous connaissons dans le détail le scénario révolutionnaire : le tyran doit être abattu par des coups de fusil. Il suffit pour cela d’une troupe de quelques individus, un chef charismatique, une organisation, une idéologie ou une religion. Ce que nous connaissons le moins est la méthode à suivre pour provoquer d’une manière non-violente le changement souhaité. Comment doit-on s’y prendre pour mener une lutte complètement pacifique ? Faut-il des leaders et une organisation ?
Ces questionnements légitimes ont été soulevés par nombre de citoyens. Sans avoir la prétention d’avoir réponse à tout, je préposerai, ici, quelques idées et pistes de réflexion en faveur du changement, lesquelles idées sont bien sûr susceptibles d’être approfondies ou critiquées. Aussi, vais-je tenter de voir jusqu’à quel degré le mouvement citoyen comorien s’est approprié la philosophie qui sous-tend l’approche non-violente de la résolution des conflits. Cela va nous permettre de relever ses points forts, ses insuffisances et limites afin d’y remédier à l’avenir.
La non-coopération avec le nouveau pouvoir
L’attitude adoptée par la rue comorienne face au nouveau pouvoir incarné par colonel AZALI , est un des indices qui permet de classer le mouvement DAWULA YA HAKI parmi ceux qui se réclament de méthodes non-violentes . Le peuple comorien a agi envers AZALI comme un putschiste. De rejeter la légitimité du pouvoir en refusant la coopération politique . Ainsi, est-il conseillé de boycotter les élections tout en s’attaquant aux sources du pouvoir.
Les systèmes autoritaires ont besoin de l’appui des gens qu’ils administrent. On a tendance à oublier, en effet que les dictatures militaires sont tributaires du soutien de la société qu’elles gouvernent. il revient à la population de provoquer la désaffection parmi les soutiens du pouvoir en place. C’est ce qui s’est justement produit. Sur ce plan-plan le mouvement a fait preuve d’une remarquable maturité politique.
La structuration du mouvement est nécessaire
L’absence d’une ou de plusieurs organisations devant piloter le mouvement populaire constitue un sérieux handicap et risque de compromettre la dynamique citoyenne. Un mouvement qui vise à renverser d’une manière non-violente une dictature militaire pour la remplacer par un système démocratique “requiert stratégie, planifications l’action non-violente tire aussi son succès d’une parfaite organisation stratégique . L’organisation que le mouvement est appelé à créer aura une mission d’orientation sur des objectifs prioritaires. La stratégie devrait prévoir les résultats des activités menées, programmer les actions futures, procéder au choix de l’utilisation des groupes sur telle ou telle activité.
En outre, le défit auquel le mouvement populaire doit faire face dans les prochains jours est de ne pas basculer dans la violence en cas de répression. Quel comportement adopter en cas de brutalités policières et d’arrestations généralisées ? Ces questions devraient normalement être débattues avant la survenue de ces problèmes. Si, ce genre de situation arrive , on réplique en envoyant plusieurs dizaines de personnes et des familles entières devant les commissariats. Tous les policiers qui s’y trouveront se verront qu’on les offre des fleurs. Cette action aura pour effet de culpabiliser les forces de l’ordre et les a poussées à ne pas obéir aveuglément aux autorités politiques.
La contribution des compétences à la réussite du mouvement est requise
L’une des exigences pour que le mouvement puisse réussir sa lutte non-violente, est qu’il mette à contribution toutes les compétences. Il est important de prendre conseil auprès des historiens, politologues, psychologues sociaux, hommes politiques expérimentés, spécialistes en stratégie. Il va sans dire que toute lutte ne va pas sans planification et réflexion.
MHOUMADI Hamidou
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