Mauléon. Le tribunal les a avertis, jeudi dernier, à la barre : on ne frappe pas ses enfants à coups de bâton ou de fouet, « même s’ils n...
Mauléon. Le tribunal les a avertis, jeudi dernier, à la barre : on ne frappe pas ses enfants à coups de bâton ou de fouet, « même s’ils ne sont pas sages ».
Les parents (42 et 49 ans) convoqués à la barre du tribunal correctionnel de Niort, jeudi dernier, sont originaires du département de Mayotte. Il leur est reproché des violences régulières (du 30 juin au 20 août 2019) sur leurs trois enfants, âgés de 3 à 9 ans, à coups de fouet, de bâton et de branche d’arbre à Mauléon.
Des fessées mais pas des gifles ?
La mère en avoue certaines du bout des lèvres, comme « des fessées » mais nie les gifles : « Jamais ! » Puis elle affirme qu’ [elle] se souvient : c’était le jour où son fils avait cassé la télévision ». Pour les deux autres enfants, elle nie presque la totalité de ce qui lui est reproché puis se rétracte. « Ma fille est maladroite, explique-t-elle, et elle fait du vélo. »« Religion stricte : lever à 4 h pour les prières »
Durant son audition, après la révélation des faits (le 1er juillet de cette année) à l’école par l’une des petites filles, la mère qualifie sa fille de « diable ». La religion joue un rôle important dans la vie de la famille. « Il faut se lever à 4 h pour faire les prières », poursuit le président du tribunal Gérald Faucou.
Le père, qui ne vivait pas avec la maman à cette époque mais dix kilomètres plus loin, explique à la barre du tribunal pourquoi il devait donner des coups de bâton dans le dos de la cadette, puis tente d’expliquer que ce sont peut-être des traces d’épine que les certificats médicaux décrivent sur le dos de son garçon. « C’est un petit garçon qui aime bien grimper dans les arbres », soutient-il dans un sourire difficile à croire sincère.
Des traces sur le dos des enfants
Le président du tribunal hausse le ton, fermement : « Les trois enfants ont des traces, tout au long du dos, en travers. » Il désigne de ses mains un espace de plusieurs dizaines de centimètres : « Selon les certificats médicaux, on comprend que les blessures sont anciennes. On voit bien des croûtes et que le dos a saigné avant. »
Me Albinet, l’avocate des trois enfants qui intervient au nom de l’Udaf (Union départementale des associations familiales), tente de faire comprendre aux parents l’éducation qu’ils sont en train de donner à leurs enfants : « Votre fille est marquée à vie. La violence que vous exercez sur eux, cela leur apprend quoi ? A être antisocial. C’est cela que vous voulez leur enseigner ? »
Elle s’adresse plus directement à la mère : « Vous avez pu être débordée, cela peut s’entendre, comme dans toutes les familles. Mais vous devez entendre aussi que vous devez agir différemment. »
L’avocate n’est pas convaincue qu’avec l’assistance éducative mise en place et le retrait ordonné par le juge des enfants durant un mois et demi que les parents « aient véritablement pris conscience de la gravité de ce qu’ils ont fait ». Elle demande, malgré tout, un stage de responsabilité parentale aux deux prévenus et une indemnisation symbolique de 1 € dans l’intérêt des enfants.
Les premiers mots du procureur de la République, Natacha Rateau, vont en direction de cette petite fille, âgée de 9 ans, grâce à qui les faits ont été révélés : « C’est sa parole qui protège aujourd’hui son frère et sa sœur. Le ministère public remercie l’institution scolaire qui a permis que cela n’aille pas plus loin et qui donc est intervenue pour protéger les enfants. » Elle rappelle une nouvelle fois « le traumatisme profond » subi par l’enfant tout en étant certaine qu’«elle sera aidée et qu’elle s’en sortira ».
Frappé par son père son oncle et tout le village
Le défenseur de la mère, pour terminer, Me Paquereau, tente l’impossible. « C’est difficile d’entendre dire que l’on est une mauvaise mère, plaide-t-il. Elle était seule, fatiguée, isolée, pas de famille avec pour seule référence : la mosquée ou l’équivalent. » Enfin, l’avocat du père évoque sa personnalité : « Il a été frappé par son père, par son oncle et par tout le monde au village. Il a reconnu que ce n’était pas la bonne méthode. »
Le tribunal a condamné les parents à quatre mois de prison avec sursis chacun et à payer l’euro symbolique à l’Udaf.
Réquisitions
« Ce n’est pas de la discrimination »
> Le procureur de la République, Natacha Rateau, a parlé sèchement en revenant sur les propos tenus par la maman mahoraise durant l’enquête de gendarmerie.
« Madame a dit que c’était de la discrimination. Il faut arrêter avec cela ! Ce n’est pas de la discrimination, ni culturelle ni religieuse. Le but de la justice : ce n’est pas cela. La justice a donné la parole à l’enfant qui protège son frère et sa sœur ».
« Tout délit mérite sanction. C’est tout. Je demande un avertissement contre ces parents, quatre mois avec sursis simple ainsi qu’un stage obligatoire pour qu’ils apprennent à devenir parents ».
©lanouvellerepublique.fr
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