L’épouse du docteur Attoumane Ansuldine, chirurgien comorien décédé tragiquement sur notre île en mai dernier, a pu se recueillir sur la ...
L’épouse du docteur Attoumane Ansuldine, chirurgien comorien décédé tragiquement sur notre île en mai dernier, a pu se recueillir sur la tombe de son mari. Cette infirmière de profession a également pu rencontrer les équipes médicales qui se sont occupées du docteur, après son évacuation sanitaire depuis Anjouan vers le CHU de Saint-Pierre.
Nous évoquions jeudi le tragique destin du Docteur Attoumane Ansuldine, chef du service des urgences de l’hôpital de Bambao à Anjouan. De retour de son service au moment du passage du cyclone Kenneth le 24 avril dernier, le chirurgien de 41 ans sera victime de la chute d’un arbre alors qu’il circule à moto pour retrouver son foyer. Évacué en urgence à Mayotte, puis vers le CHU de Saint-Pierre, il décédera finalement le 12 mai à Bellepierre des suites de ses blessures. Avec l’accord verbal d’un parent contacté aux Comores, le corps du défunt est inhumé dans l’anonymat total dès le lendemain.
L’acte de décès mentionne alors un homme célibataire, alors que Attoumane Ansuldine laisse derrière lui une épouse et deux filles de 3 ans et 6mois. "Une situation intolérable et un traitement indigne", dénonçaient de concert trois femmes, qui ont découvert ce drame presque par hasard. "Même nous, n’avons rien su de tout ça sur le moment. Ça a été très vite", ajoute un médecin du CHU de La Réunion, qui a bien connu le chirurgien comorien lorsqu’il était en poste sur notre île. "Quand j’ai trouvé cette petite tombe au milieu des autres, ça m’a serré le coeur".
Arrivée avec un visa de sept jours dans la nuit de mercredi à jeudi, Haïdat Ansuldine a pu se recueillir presque immédiatement sur la tombe. "Elle a atterri à 3h du matin, avec un retard énorme, mais à 9h on était au cimetière. C’était très dur et très fort le premier jour ". Ce vendredi, la journée s’amorce également avec une prière dans l’intimité. Dans les bras de Faouzia Mroivilli, qui s’est battue pour que ces funestes retrouvailles puissent avoir lieu, Haïdat laisse s’évaporer encore un peu de sa tristesse.
Mais les six femmes présentes, ont également fort à faire. Le coffre de la petite voiture garée à proximité, contient tout ce qu’il faut pour qu’une sépulture un peu plus remarquable soit réalisée, et qu’une plaque soit apposée. Avec le bref coup de pouce d’un employé, une tombe prend forme. "On a appris qu’il était seul à cet emplacement ", se félicite Faouzia. Pour les autres anonymes du secteur, c’est parfois deux ou même trois cercueils qui sont empilés les uns sur les autres. "Des évacuations sanitaires, dans la plupart des cas…".
Comme de coutume, des plantes apportées en hommage sont placées à même la terre pour fleurir le lieu, et une prière collective vient clore cet instant de recueillement avant le partage d’un thé traditionnel. Entouré par ses rites et sa culture, le couple meurtri retrouve certainement un peu de paix en cette fin de matinée.
Par la suite, Haïdat Ansuldine a été reçue aux CHU de Saint-Pierre et Saint-Denis. La procédure habituelle pour expliquer aux proches les raisons d’un décès, et une étape attendue de l’épouse pour comprendre, et poursuivre son deuil.
Haïdat et ses bienfaitrices ont déjà pour objectif de retourner dès lundi au cimetière de Bois-Rouge, pour régler les 570 euros de la concession. "Comme ça, ce lieu lui est réservé et l’emplacement est gelé pour trente ans. Quand les filles auront grandi et fait des études, elles auront également un endroit pour se recueillir… ".
J.G. Par - Clicanoo ©JIR
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