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Sa victoires avec des scores inédits à Mayotte et à la Réunion lors des Européennes donnent des ailes au Rassemblement national. Qui trouve dans le sud-ouest de l'océan Indien des motifs d'indignation pour chauffer à blanc ses électeurs, raviver à bon compte la flamme patriotique et se pavaner dans les habits des défenseurs de la Nation.
Lundi, le parti de Martine Le Pen a sonné le tocsin sur les îles Eparses administrées par la France en se disant “fermement opposé à toute tentative de remise en cause de la souveraineté française” après la rencontre à l'Elysée entre Emmanuel Macron et le président malgache Andry Rajoelina. Depuis 1973, Madagascar revendique quatre des cinq îles situées dans le canal du Mozambique (Juan de Nova, Glorieuses, Bassas da India, Europa) où la France y assure une présence militaire. Ces îles représentent aussi un enjeu économique avec leurs réserves de pêche et de leurs sous-sols contenant du gaz, du pétrole et des nodules métalliques.
À l'issue de leur entretien, les deux chefs d'Etat ont annoncé que les deux pays allaient entamer des “discussions bilatérales” avec la mise en place d'une “commission mixte” en promettant d'aboutir à une “solution consensuelle” d'ici juin 2020 date du 60ème anniversaire de l'indépendance de Madagascar.
Faut-il y voir un risque de restitution des quatre îles à Madagascar ? Assurément non. Certains se plaisent à le penser en agitant le drapeau tricolore. La France ne fait qu'appliquer une résolution des Nations unies incitant les deux pays à se mettre autour d'une table. Le reste ? De la spéculation ! Interrogé par RFI, le ministre des Affaires étrangères malgache, Naina Andriantsitohainan ne parle absolument pas de restitution. “On n’est pas campé sur nos positions”, déclare-t-il en voulant“dépassionner les débats”.
Le ministre évoque une possible “cogestion de la préservation de cet environnement maritime unique” ou “éventuellement à l’encadrement de contrats pétroliers ou gaziers”. On est loin d'une revendication territoriale ou encore d'une rétrocession ! Naina Andriantsitohainan estime d'ailleurs que ce n'est pas raisonnable. “Puisqu’il faut être franc, Madagascar, aujourd’hui, n’a pas les moyens de sécuriser cette zone, explique-t-il à RFI. On a beaucoup d’autres priorités comme l’éducation, la santé… et même si la sécurité maritime est un élément important du programme du président, elle concerne d’abord la sécurisation des 5 000 kilomètres de côtes parce qu’on veut d’abord empêcher que nos côtes et nos ressources naturelles soient pillées”.
Par spéculation politique, le RN a tout intérêt à crier à la trahison et à la remise en cause de la souveraineté nationale. En faisant cela, Marine Le Pen et ses cadres cherchent à accréditer l'idée qu'ils sont les seuls à défendre les intérêts de la Nation et à se soucier des questions de souveraineté. En janvier dernier, la cheffe du RN n'avait pas hésité à dénoncer une mise sous tutelle d'une partie de l'Alsace et le partage du siège français au Conseil de sécurité à l'ONU à la suite du nouveau traité franco-allemand d'Aix-la-Chapelle. Emmanuel Macron avait déploré les “mensonges” relayés par Marine Le Pen.
Car ce qu'a déclaré le chef d'Etat comorien n'a rien de bien étonnant. Voire d'agressif. A Moroni, tant d'autres l'ont proclamé avant lui. Et quand on entre dans la capitale comorienne, un imposant panneau rappelle que “Mayotte est comorienne”. On voit mal le président comorien débuter son mandat en disant l'inverse tant cette question reste sensible dans les trois îles. Le RN peut bien demander au gouvernement français le rappel à Paris de l'ambassadeur de France et gesticuler sur ce thème. La posture de Moroni ne risque pas de changer de sitôt. Et chacun sait que la question du rapatriement des “sans papiers” est un habituel moyen de pression de Moroni pour exiger davantage de crédits dans les actions de coopération.
Aux incantations du chef d'Etat comorien répondent les vaines vitupérations du RN voulant faire croire que la France se fait marcher sur les pieds. Le parti, après sa percée sans précédent à Mayotte avec 46,2% des voix, a tout intérêt à pratiquer la surenchère sur la question comorienne et de l'immigration clandestine qui lui fournissent du carburant électoral. Quant aux autres partis, ils ont tort de rester totalement silencieux sur ces sujets. Pour finalement laisser le champ libre à l'extrême-droite sur ces questions de souveraineté. Avec ses outrances.
jtalpin@jir.fr ©clicanoo.re
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