«L’Onicor traîne une ardoise de près de 800 millions auprès de ses fournisseurs»
Environ deux mois après sa nomination, le nouveau patron de l’Office d’importation et de commercialisation du riz (Onicor) revient sur la polémique suscitée par sa nomination, sur le bilan de sa gestion passée à la tête de la société, la situation actuelle de l’établissement public et les perspectives d’avenir.
M. le Directeur général, votre nomination suscite divers commentaires. Comprenez-vous que votre retour à l’Onicor puisse soulever tant de polémique ?
Je n’aurais pas été surpris si ces commentaires s’appuyaient sur des faits réels ; malheureusement, ce n’est pas le cas. En continuant à assener des contrevérités sur ma gestion passée à la tête de l’Onicor, ces journaleux ont perdu toute crédibilité.
Dois-je vous dire qu’après mon remplacement en 2005, quatre directeurs généraux sont passés à l’Onicor. M. Aladine Daroumi, nommé en 2008, n’a été que le quatrième de cette longue liste. Pourtant, à écouter et à lire certains commentaires, on a la fausse impression que la société n’a jamais connu, par le passé, un autre directeur que moi.
Je comprends d’autant moins cet acharnement que si ces gens prenaient la peine de s’informer sur mon premier passage à l’Onicor, ils apprendraient qu’il n’y a strictement rien à me reprocher. J’ai la conscience tranquille et je défie quiconque de trouver la moindre malversation durant mes trois ans à l’Onicor. Ceux qui véhiculent ces ragots travaillent pour des officines politiques dont je préfère taire le nom.
Vous accusez certains de déformer la réalité de votre bilan entre 2002 et 2005 à la tête de l’Onicor. Qu’en a-t-il été exactement ?
Quand j’ai été nommé à l’Onicor, l’office était en faillite. Le Conseil d’Etat qui faisait office d’Assemblée de l’époque l’avait cadenassé. Il y avait trois mois d’arriérés de salaires et des dettes énormes. L’Onicor n’était pas en mesure de commander du riz. Ce qui était sa mission première. Dans un premier temps, nous avons restauré la confiance auprès de nos partenaires. Puis, nous avons entamé un travail de redressement. Ce travail a été mené avec succès. Lorsque je quittais l’office, appelé à d’autres fonctions, j’ai laissé une situation assainie.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Nous avons payé la dette de l’Onicor qui s’élevait à 274 662 843 fc ( des dettes envers l’Etat, la Bic, les fournisseurs étrangers et locaux). Nous avons contribué au budget de l’Etat à hauteur de plus de 6 milliards de fc et contribué à la construction de l’université ( un investissement public) à hauteur de 1,2 milliards de fc. J’ai laissé à mon successeur Abdourahmane Cheihkl Ali une trésorerie de 243 119 762 FC, des dettes de 18 442 958 et des créances mobilisables de 30 705 439 de fc. Tout cela en trois ans. Toutes ces données sont consultables aux archives de l’Onicor. Voyez-vous, on raconte tout et n’importe quoi. Comme cette autre rumeur selon laquelle je serais parti en 2008 des Comores vêtu d’un tissu noir et couvert de la tête aux pieds. Je laisse cette question aux autorités de l’époque, notamment celles qui assuraient la sécurité de l’aéroport répondre à cette question. J’avais toutes les autorisations, n’ayant rien à me reprocher.
Certains ne cessent célébrer le bilan de votre prédécesseur. D’autres disent plutôt qu’il a laissé une ardoise de plusieurs centaines de millions auprès des fournisseurs de la société. Pourriez-vous nous faire un état des lieux de l’Onicor ?
Le jour de la passation, j’ai hérité d’une trésorerie de 700 millions et des dettes envers les fournisseurs étrangers et locaux de près de 800 millions ainsi qu’un important parc automobile dont les voitures ont un moyen d’âge de plus de 5 ans. Il y a aussi des investissements de constructions pour le siège à Moroni et les bureaux régionaux à hauteur de 280 millions. Le portefeuille de créances clients est de plus de 1milliard, dont plus de 800 millions datent de plus de quatre ans et qui n’ont pas fait l’objet de réclamations. Un important travail vient d’être lancé avec l’appui des autorités pour recouvrer des montants abyssaux dont l’Etat et l’Onicor ont bien besoin. Avec cet argent, nous aurions une capacité de financement propre qui nous permettrait de financer nos achats sans faire appel à un crédit fournisseur ni à un financement bancaire qui, vous le savez, n’est pas gratuit.
Après votre départ des Comores, vous avez travaillé dans le secteur du riz, notamment au Cambodge. On attend donc que l’Onicor bénéficie de cette riche expérience à l’international. Quels sont exactement vos principaux projets pour renforcer la position actuelle de l’Onicor ?
Il est vrai que j’ai travaillé durant quatre ans au Cambodge où j’ai dirigé une société de traitement, calibrage et blanchissement de riz. Nous étions trois expatriés. Au Cambodge, on achetait le riz chez les fermiers, on transportait à notre usine de traitement situé au port de Sihanoukville au Cambodge. Et là on le décortiquait, le calibrait, le blanchissait pour être vendu et exporté principalement en Europe. C’était une usine d’une capacité de production de 400 tonnes par jour. Cette unité de production est l’une de plus importantes au Cambodge. Nous avions des clients en Afrique et même aux Comores. Quand à mes projets pour renforcer la position de l’Onicor comme vous dites, j’entends les dévoiler très prochainement après qu’ils auront été validés par mes supérieurs hiérarchiques.
Vous venez d’effectuer des visites de prise de contact à Anjouan et Mohéli. A Anjouan, la société locale de riz échapperait toujours au contrôle de Moroni et ce, depuis longtemps. Comment allez-vous pouvoir travailler ensemble ?
L’Onicor est présent dans les trois îles. Depuis cinq ans, la société à Anjouan est sous notre contrôle. Il est vrai qu’il y a des problèmes de ressources humaines dans ces directions régionales. Nous allons redéployer du personnel de la direction générale dans les îles, notamment à Anjouan. Je dois dire que Anjouan consomme à lui seul 50 à 55% de nos importations.
Propos recueillis par MI
N° 2978 du lundi 1er Août 2016 - Alwatwan