La cécité qui fait office dans les miji du pays, est source de barbarie qui sévit sur les personnes et les biens. Il suffit qu’une petite c...
La cécité qui fait office dans les miji du pays, est source de barbarie qui sévit sur les personnes et les biens. Il suffit qu’une petite cohorte de voyous agités, s’en prenne à notre mieux-vivre ensemble pour que des flemmes, des larmes et parfois du sang gâchent tout ce que nous avons de meilleur, la paix et la solidarité qui nous font vivre. L’irresponsabilité de l’Etat ne peut pas, à elle seule, justifier l’anarchie qui règne dans nos cités.
Quoi de plus grave que de voir une belle activité sportive se transformer en orgie dévastatrice qui casse, en quelques instants, la sérénité de deux midji longtemps immergés dans l’entente, le respect mutuel et la solidarité sociale ? Ces casseurs de bassesse miséreuse sont couverts par une absurde solidarité ya mdji qui empêche la justice de poursuivre des criminels, la loi de protéger les citoyens et la morale de sauvegarder. Voir que ce sont les wafoma mdji, les fundi wa mdji, les wastaarbu wa mdji et tout autre imposteur qui s’entreprennent de justifier des crimes, de soutenir des troubles et de défendre des imbéciles au nom d’une stupide fierté ya mdji, c’est révoltant.
Quoi de plus malsain que de voir un beau twarab finir en corrida qui, en quelques instants, détruit le bonheur supposé d’un mariage, d’une joie partagée ? Ces lâches crâneurs réussissent facilement à opposer des familles, des quartiers et des midji rien que pour exhiber leur impuissance de contribuer au mieux-être. Voir que des personnes sensées s’approprient l’irréparable au nom d’une abrutie familiale, c’est indignant.
Quoi de plus repoussant que de voir une petite plaisanterie entre copains causer toute une razzia inter-communautaire, mobiliser des moyens humains et financiers et en faire un évènement de haute importance ? Ces excitateurs de l’horreur trouvent dans la discorde, la façon de se faire distinguer en forgeant des coups de massue. Voir que la Justice, les services de l’ordre, les structures de médiation, les élus se plaisent de faire le service après-vente et en faire du clientélisme opportun, c’est rebutant.
Les autorités, de la base au sommet de la société et de l’Etat, ne trouvent mieux à faire que des discours éloquents, des mashuhuli majestueux et des alliances de circonstance, des tactiques misérables qui apportent beaucoup plus de problèmes que des solutions. Ils laissent ainsi le soin au destin, par des faiha solennels, de pallier à leur impuissance avérée.
Et pourtant, c’est à la base, une question d’éducation. Il aurait été plus responsable de considérer que c’est un phénomène de société qui pourrait, dans la durée, être éradiqué par un ensemble de dispositifs moins coûteux et plus pragmatiques. Les responsables de l’éducation nationale pourraient nous accorder la nécessité d’introduire, dans les programmes scolaires, les modules de civisme et d’éducation à la citoyenneté et de former les enseignants pour la mise en œuvre.
Les fundi, au lieu de nous rabattre les oreilles avec des histoires insatiables des guerres de croisades et de déni de sexe, pourraient, dans les madjilisi, les hutuba za djumwa et les mihadhwara, nous parler du mieux vivre ensemble, de la grossièreté de l’incivisme et de son danger public. Les médias publics et privés, pourraient bien sûr offrir aux médiateurs sociaux, la possibilité de véhiculer le message sur la paix sociale et de dénoncer les dérives et les délinquances à caractère collectif. La justice pourrait instruire des clauses juridiques et pénales contre les coupables de troubles et faire en sorte que la complicité soit aussi un délit. Les forces de l’ordre pourraient dispenser des initiatives de prévention et de veille sur la paix et sur les conséquences des infractions.
Ainsi, l’on pourrait croire qu’aimer son mdji, ce n’est pas faire de lui une arène vandale mais, un havre de paix et de solidarité. C’est une sorte d’élévation des valeurs impliquant une nécessaire évolution de l’amour impropre de son village vers l’amour naturel pour son pays, une autre question d’éducation, dirait-on.