Azhar Ahmed est devenu depuis quelques jours l’un des hommes à abattre aux Comores. Principale raison ? Il a dirigé l’ONICOR sous Azali qu...
Azhar Ahmed est devenu depuis quelques jours l’un des hommes à abattre aux Comores. Principale raison ? Il a dirigé l’ONICOR sous Azali qui lui a confié à nouveau la direction de cette prestigieuse maison depuis deux semaines. Ainsi depuis sa nomination, son honneur est livré gratuitement aux chiens par des prétendus journalistes qui ne sont que des vendeurs d’insultes et de rumeurs : on le traite de corrompu, de voleur, de bagnard et de fuyard…
Un rappel : la démocratie, c’est le droit d’informer mais c’est aussi le devoir de vérifier l’information avant de la livrer aux citoyens.
Les faits d’abord. En 1999, le Conseil d’Etat ordonne la fermeture de l’ONICOR à cause de ses difficultés financières quasi-insurmontables. En 2000, Charif Said Hachim prend la tête de l’entreprise et Azhar Ahmed sa direction commerciale. C’est seulement en 2002 qu’Azhar Ahmed devient le Directeur Général de la société. Quand il quitte sa direction en 2005 pour devenir Inspecteur Général aux Hydrocarbures, il a laissé derrière lui une entreprise de 12 salariés, des finances au vert, un kilo de riz à 250 Fc et une taxe de 50 Fc finançant l’Université des Comores qui est peut-être l’une des plus grandes réussites des Comores post-indépendance.
Onze ans se sont écoulés depuis ! Et l’entreprise a connu quatre directeurs : Abdérémane Cheikh (2005-2006), Mlipva (2006-2007), Mouslim Ben Moussa (2007-2008) et Aladine Daroumi (2008-2016). Depuis la création de cette entreprise, c’est Daroumi qui, après Mkandzilé, a connu la plus grande longévité à la tête de sa direction.
La politique ensuite. Sambi arrive au pouvoir en 2006 et procède à des arrestations politiques : presque toute l’équipe d’Azali a été arrêtée, humiliée, mise en prison et libérée quelques mois plus tard sans le moindre procès (une véritable chasse à l’homme) !
Azhar Ahmed a été arrêté sous prétexte de détournements des fonds publics. Mais l’accusation n’ayant jamais été prouvée, il a été libéré. Et contrairement à ce qui a été récemment avancé, il est parti à l’étranger de Hahaya, sur autorisation de la Cour Constitutionnelle qui n’avait rien à lui reprocher. Azhar Ahmed avait d’ailleurs alors comme avocat Fahami Said Ibrahim. Il a travaillé jusqu’en 2013 au Cambodge comme directeur d’une société d’exploitation de riz, date à laquelle il est rentré au pays pour aider ses compagnons de la CRC à reconquérir le pouvoir.
Qu’il soit appelé par Azali à diriger une nouvelle fois l’ONICOR n’est surprenant qu’à moitié. Car on l’attendait honnêtement à la tête d’une autre société ou pourquoi pas d’un ministère. Mais peut-être qu’Azali avait besoin de mettre à la tête de cette société très sensible un profil comme le sien : grand connaisseur de la maison et armé d’une expérience nationale et internationale.
Aladine Daroumi se gargarise d’avoir offert à l’ONICOR des bureaux, des voitures et d’avoir réduit le chômage dans le pays (112 agents aujourd’hui). Tout cela est vrai. Et en huit ans consécutifs de direction d’une si grande société, c’est honnêtement très insuffisant. Mais ce qu’il a omis de dire, c’est que s’il a laissé 700 millions dans les caisses de l’entreprise, il a aussi laissé des engagements nationaux et internationaux de près de 800 millions : il a donc laissé en réalité un déficit de 100 millions de Fc ! Il n’a pas dit que ses recrutements étaient plus politiques qu’économiques. Il n’a pas dit non plus dans quel état économique il a laissé l’entreprise.
Qu’on se rassure : les prochains audits qui seront conduits par des cabinets étrangers nous éclaireront. C’est seulement à ce moment-là qu’on fera la part des choses et qu’on connaîtra réellement le vrai bilan de Daroumi et des autres sociétés et institutions.
Nassurdine Ali Mhoumadi