Au lendemain de la proclamation des résultats des présidentielles par la CENI les commentaires vont bon train et chacun y va de sa langue c...
Au lendemain de la proclamation des résultats des présidentielles par la CENI les commentaires vont bon train et chacun y va de sa langue comme de sa plume ! Certains, acquis à la cause, s’en réjouissent ; d’aucuns, soucieux du respect de la légalité, s’en inquiètent.
Rappelons déjà que ces résultats pour l’heure n’ont qu’un caractère provisoire (et même partiel) ainsi que le stipule le code électoral. Seul l’organe suprême, la cours constitutionnelle, dont une des missions est de veiller à la régularité du scrutin, est habilité à lui donner le caractère définitif. C’est dire, qu’au delà des sentiments des uns et des autres, il s’agit bien d’une question juridique qui est posée, sur laquelle seuls les garants de notre constitution peuvent nous éclairer.
La CENI, quoi qu’on en dise, en procédant comme elle l’a fait hier, a commis un vice de procédure. En mettant à l’écart les parties prenantes du processus électoral, la CENI a-t-elle agit conformément à la loi électorale, a-t-elle été téléguidée, a-t-elle suffisamment analysé la portée à la fois politique et sociale d’une telle décision ? En tous les cas, il est prévu dans ce type d’événement d’y associer le Ministère de l’intérieur en charge des élections et la communauté internationale. Ce qui n’a pas été le cas. C’est donc à la cour constitutionnelle de dire si ce vice est de nature à entacher la procédure de proclamation des résultats.
Par ailleurs, il n’est pas sans rappeler que le 2ème tour est un scrutin au suffrage universel qui se déroule sur le territoire de l’ensemble des îles. Nulle portion du territoire ne peut en êtreprivée, à moins que celle-là ne n’en fasse pas partie. Or, une quinzaine de bureaux de vote, voire plus, sur l’île d’Anjouan sont retirés du décompte global des résultats proclamés le 16 avril par la CENI, et ce, sans préjudice des cas graves de vandalisme dont certaines caisses de bulletins furent l’objet dans la même île. D’où la réaction légitime de Mr Mohamed Ali Soilihi, qualifiant ces résultats « d’illégaux ».
Loin de la légèreté de certains propos distillés et relayés ici et là, il est fort à parier que nos juges des élections aura bien du pain sur planche : trancher sur une question de forme et de fonds.
La tâche est ardue ! Ça l'est davantage avec les chiffres publiés par la CENI. Des chiffres qui comportent une différence manifestement frauduleuse de plus de 1597 voix en surplus par rapport au nombre de votants. À qui profiterait le crime ?
Au delà de la question relative à un formalisme sur le respect ou non de la procédure de proclamation des résultats, nos sages doivent aussi statuer sur l'essentiel même du scrutin. A ce niveau les choses semblent plus tenues que ne le croient ceux qui se sont laissés aller à l'ivresse d'une victoire pour le moins hypothétique et aux lendemains incertains.
Dan le cas d’espèce, pour la question de fonds trois hypothèses sont envisageables. La cours peut valider les résultats tels que rendus public par la CENI, si elle trouve qu’il n’y a pas d’anomalie. Elle peut, par ailleurs, annuler le scrutin ou même reformer la décision de la CENI en modifiant partiellement les résultats. La dernière hypothèse est celle qui peut conduire tout bonnement à l’annulation du scrutin. Celle – ci ne prévaudrait, en revanche,que si la cours constate que les réclames formulées sont fondées et aboutissent à en conclure que le scrutin a été entaché d’irrégularités manifestes ou simplement sa sincérité mise en cause.
En tout état de cause, il n’est ni responsable ni sérieux, et à plus forte raison dans un contexte extrêmement périlleux pour l’avenir de notre pays, de crier tambours battants à une victoire définitive qui n’en est pas une. Il est plutôt dans l’intérêt de tous de croire et faire confiance en nos instituions, en l’occurrence celles compétentes en la matière de dire le droit. Ce qui suppose aussi notre capacité à accepter les décisions qui en découleront.
La stabilité et l’unité du pays nous l’imposent. Toute victoire mal acquise, ferait certes la joie d’un camp pour un temps, mais n’est que le lit des haines, des rancunes et des divisions. Mon amour du pays m’inspire donc le devoir d’en appeler à la vigilance et au sens du patriotisme de chacun et au strict respect de nos institutions.
Osons souhaiter au candidat, que nos institutions déclareront vainqueur, une belle victoire, celle qui serait à même de nous réconcilier, nous garantir la cohésion nationale et nous éviter des dérives pouvant mettre en péril des vies humaines et nous entraîner dans un interminable cycle de violences. Mon pays, Les Comores, que Dieu te protège, amen !!!