L'Ambassade des Comores en France, une simple affaire de famille. Qui est qui et qui fait quoi dans cette Ambassade stratégique, ma...
L'Ambassade des Comores en France, une simple affaire de famille.
Qui est qui et qui fait quoi dans cette Ambassade stratégique, mais dévoyée ?
Vivre la vie des autres par procuration. À défaut de pouvoir le faire chez eux, les Comoriens sont condamnés à savourer éternellement par procuration les décisions qui ont été prises grâce à l'intelligence, la cohérence et la sagesse des autres. Alors qu'on leur demande de mâcher des cailloux en acceptant cette espèce de chose qu'est le gouvernement du 13 juillet 2013, ils sont obligés d'apprendre que l'immense juriste qu'est Sidiki Kaba est nommé ministre de la Justice au Sénégal, que l'immense juriste qu'est Mohamed Aly Bathily est nommé ministre de la Justice au Mali et que l'immense diplomate Ramtane Lamamra est nommé ministre des Affaires étrangères en Algérie, et que toutes ces nominations ont été effectuées en l'espace d'une semaine.
Du coup, les Comoriens se demandent pourquoi chez eux on ne peut pas procéder à des nominations aussi intelligentes et aussi cohérentes, notamment dans les fonctions ministérielles et diplomatiques, à un moment où ces fonctions connaissent une dégradation sans précédent, alors que l'Ambassade des Comores à Paris vit des jours de deuil et de tristesse, du fait des agissements de certains individus.
En effet, pendant que les Comoriens apprennent avec envie et gourmandise ce qui se passe ailleurs, ils doivent supporter une bien troublante dérive au sein de l'appareil diplomatique en ce moment de doute: le harcèlement sur l'Ambassadeur des Comores à Paris, bien obligé de supporter l'avertissement d'un fonctionnaire de l'Ambassade, dont le borborygme se résume par: «Je vais me plaindre auprès de Madame», «Je vais appeler Madame à Moroni et lui en parler», «Je vais le signaler derechef à Madame», «Je vais téléphoner à Madame», «Je vais avertir Madame», «De ce pas, je vais téléphoner à Madame», etc. Ce «Coran mohélien» ou «tarte à la crème» casse prodigieusement les pieds, fatigue, énerve, excède et a cessé d'amuser.
Quand on a bénéficié d'un parachutage, on adopte un profil bas, on fait dans la discrétion et on ne bouscule pas un diplomate de formation et de carrière qui a près de trois décennies de métier. D'ailleurs, même si, sur le plan politique, nous avons de profonds désaccords, de sanglantes périodes de méfiance et de rupture, et des tiraillements avec l'Ambassadeur des Comores à Paris, il faut tout de même avoir l'honnêteté de reconnaître qu'il est le seul diplomate mohélien nommé par Ikililou Dhoinine à un poste correspondant parfaitement à son profil, expertise et compétence, le seul qui ne soit pas membre de la famille du chef de l'État, alors que la nomination de tous les autres Mohéliens relève de la logique d'appartenance à la «République de Kalakuta, la République de quartier et de la famille».
Les observateurs sont unanimes pour reconnaître que l'Ambassadeur des Comores à Paris n'a pas de chance, lui qui doit supporter une autre calamité, celle représentée par «Monsieur Cousin», le fameux, célèbre et illustre cousin du chef de l'État, le «consultant international» (il faudra bien qu'un jour il nous dise le type de dossiers sur lesquels la communauté internationale a l'honneur de le consulter), l'Ambassadeur-Dieu, Son Excellence Monsieur Ali Saïd Mdahoma, Ambassadeur auprès de l'Union européenne, Belgique, Pays-Bas, France en tant que Co-ambassadeur, Consul généralissime à Montreuil et Bagnolet, pour ce qu'on sait, et qui squatte la chancellerie de Paris dans l'injure, l'insulte et la menace. Qu'est-ce qu'elle pétille et rayonne, la brillante diplomatie de la tournante mohélienne!
Et comme si cela ne suffisait pas, voilà cette Ambassade stratégique asphyxiée par les mouchards. Les Marocains ont un mot très poétique pour mouchard: «Bargag». Les Comores ont donc une diplomatie de «Bargag». Voir cette Ambassade stratégique être transformée en nid de mouchards a quelque chose de poignant. Exister par la seule fonction de mouchard est tout simplement significatif de la descente aux enfers d'un métier stratégique, dont le coefficient d'efficacité est toujours tributaire de la qualité de ses acteurs, certes, mais aussi de l'idée qu'ils se font de cette fonction étatique de très haute importance.
Au risque de fâcher les chantres bénis de la bien-pensance, il faudra signaler que le métier de diplomate fait un ménage désastreux avec l'activité des mouchards, des spécialistes du harcèlement permanent sur Ambassadeur et de l'invasion du bureau de l'Ambassadeur par des cousins gagnés par le désœuvrement, toutes personnes qui savent que le 26 mai 2016, ils auront de sérieux soucis professionnels à se faire.
Si, aujourd'hui, le Président de la République ne sort pas du sommeil provoqué par son mépris envers les gens et les institutions et par son indifférence, ceux qui se proclament et agissent en son nom vont complètement laminer ce qui reste de la pathétique diplomatie des Comores, après des nominations de complaisance népotique qui ne font pas l'unanimité et qui sont devenues un immense sujet d'une immense polémique.
Par ARM
© www.lemohelien.com Jeudi 12 septembre 2013.