De tous les faits qui fondent la Footballogie, les chiffres sont, de loin, les plus têtus. Concernant Karim Benzema, les chiffres en devi...
On parlera bien sûr du "Benz" joueur de l'équipe de France. Incontournable. Emblématique. Problématique. Pas le jeune homme à la maturité, la conscience relatives. Pas le citoyen rétif à donner de la voix lors des hymnes (personnellement, ça m'est égal).
Non: le "Benz" qui n'a pas marqué depuis quatorze matches internationaux, depuis le 5 juin 2012 exactement. Au rythme où vit le football, c'est long. Intolérablement long. Le "Benz" qui s'est un jour inopportunément emparé du numéro 10 alors qu'on lui demande d'être un 9: gagner en efficacité ce qu'il perdrait en égo.
Ce n'est pas toujours le cas, mais au sujet de Benzema, les chiffres et le public disent la même chose: c'est trop long, et ça suffit. Passons à autre chose. A quelqu'un d'autre. Personne ne s'impose? Peu importe. Tout sauf Benzema dont le nom même commence par un B, comme plan B, et finit par un A, comme plan A.
C'est cruel mais je vois quatre bonnes raisons d'écarter, au moins provisoirement, l'ancien meilleur buteur de L1 (20 buts avec l'OL en 2007-08) de la destinée des Bleus.
1/Benzema est un petit buteur. 15 buts en 59 sélections (0,254 bpm), soit un tous les quatre matches: un ratio famélique pour un attaquant de pointe. La comparaison avec ceux de ses grands prédécesseurs fait pitié, qu'ils se nomment Papin (0,556) ou Trezeguet (0,479). Plus terrible encore, le rappel du ratio international de Zidane: 0,287...
2/Benzema est un petit buteur de petits matches. Le vrai problème, c'est contre qui il marque. Ou pas. L'examen de sa scoring list internationale est de fait édifiante: sur ses quinze buts, huit (53,3%) ont été marqués contre des figurants du football européen: les Îles Féroé (trois), l'Autriche (deux), l'Estonie (deux) et le Luxembourg (un).
3/Benzema est un petit buteur de petits matches amicaux. Plus de la moitié de ses buts (huit, soit 53,3%) ont été inscrit lors de vingt-huit matches amicaux (47,5% du total de ses sélections). L'attaquant du Real a marqué ses sept autres buts (46,7% de son total) en vingt-cinq rencontres de qualification au Mondial ou à l'Euro (42,4% de ses capes). Le dernier? Le 2 septembre 2011 vs l'Albanie, à Tirana. Inutile, enfin, de chercher la trace d'un but de Benzema en six matches de phase finale (10,2% de ses sélections): il n'y en a pas.
4/Seuls de gros matches attendent désormais les Bleus sur la route du Mondial 2014 au Brésil. En Géorgie puis en Biélorussie les 6 et 10 septembre, à Saint-Denis contre la Finlande le 15 octobre. Sans compter de possibles barrages contre un adversaire à choisir entre Belgique, Croatie, Portugal, Russie, Angleterre, Suisse, Bosnie ou Grèce, probablement.
Il y a urgence. Depuis la prise de fonction de Didier Deschamps à la tête de l'Equipe de France, les Bleus n'ont remporté que 33,3% de leurs matches (quatre sur douze). A comparer aux 59,3% de son prédécesseur Laurent Blanc, pourtant si décrié sur la fin. Dans le même temps, ces mêmes Bleus n'ont marqué que onze buts, soit moins d'un par match!
De son troupeau malade, quelle tête le berger Didier Deschamps doit-il désormais couper? Grand méchant loup, bouc-émissaire, agneau sacrificiel: toutes les pistes mènent à Karim Benzema. Y compris celle d'une sanction avant possible rédemption.
L'heure n'est plus aux blanc-seings, aux rentes de situation, aux options publicitaires. Si Deschamps refuse de trancher, c'est lui même qui, bientôt, sera jugé. Lu sur blogteam.sport24.com