Égalité — L’essayiste allemande Bascha Mika a lancé un débat de société: les femmes peuvent prendre le pouvoir si elles le désirent. Explica...
Égalité — L’essayiste allemande Bascha Mika a lancé un débat de société: les femmes peuvent prendre le pouvoir si elles le désirent. Explications.
Journaliste et essayiste allemande, Bascha Mika a mis les pieds dans
le plat féministe avec son livre «Die Frigheit der Frauen» («La lâcheté
des femmes»), non traduit en français, largement débattu en Allemagne.
Son constat, c’est que, si l’égalité des sexes peine à se concrétiser,
les femmes n’ont qu’à s’en prendre à elles-mêmes!
Longtemps rédactrice en chef du quotidien berlinois Die Tageszeitung
avant de devenir professeure honoraire de l’Université de Berlin, cette
femme de 58 ans a débattu de l’égalité des chances cette semaine à
Zurich, à l’invitation du Bureau cantonal de l’égalité.
– Pensez-vous réellement que les femmes soient des lâches?
C’est
un non-sens! Les femmes sont souvent plus courageuses que les hommes.
Le problème, c’est qu’au moment d’appliquer leurs plans face à leur
entourage – conjoint, famille, amis – elles y renoncent par peur des
conflits et se font toutes petites.
– Vous sentez-vous différente des autres?
Différente
des autres femmes? Pour l’amour du ciel, non! Je reconnais ma propre
lâcheté. C’est pourquoi je ne parle pas des femmes mais de nous les
femmes.
– Est-ce leur faute si elles sont sous-représentées dans l’économie?
Absolument
pas. Contre toute logique économique, les structures de l’industrie
sont toujours dominées par les hommes. Une femme seule ne peut pas
s’imposer face à cette domination, quelles que soient ses compétences et
ses qualifications. Or ces structures seraient faciles à déjouer si les
femmes ne renonçaient pas si souvent à leur profession.
– Les femmes du Parti libéral-radical demandent des quotas dans les entreprises: est-ce la solution?
Non,
mais c’est un remède contre les hommes qui ne veulent pas partager leur
pouvoir avec les femmes. Les quotas doivent s’imposer.
– Suffit-il de demander l’égalité de salaire pour l’obtenir?
Tout dépend si vous êtes un homme ou une femme…
– Ouvrir des crèches publiques, ce serait un progrès?
Plus
il existe de prise en charge des enfants, plus les parents ont la
chance de pouvoir choisir entre une garde à la maison ou à la
maternelle. Ce choix est extrêmement important. Tout est fait pour que
la garde des enfants incombe à la mère. Mais qu’en est-il des pères?
Leur devoir n’est-il pas aussi de prendre soin des enfants?
– Militez-vous pour un congé paternité?
En
Allemagne, les pères et les mères ont le même droit au congé parental,
ce qui devrait être un acquis partout. Mais un quart seulement des pères
assument leurs tâches.
– Que dites-vous aux femmes suisses?
Que
nous avons besoin d’une once de courage au lieu d’une tonne d’excuses.
Sans courage, pas d’autonomie! Et que nous les femmes devons porter un
regard critique non seulement sur les rapports sociaux mais aussi sur
notre propre comportement. C’est un passage obligé pour une vie plus
indépendante.
– La Suisse est-elle en avance ou en retard sur l’égalité?
Elle
se situe dans la moyenne des pays occidentaux, mais ce n’est pas une
raison – pas plus qu’en Allemagne – pour en tirer une fierté.
– De quels pays vient le meilleur exemple?
La Norvège, la Finlande, la Suède.
– Les femmes doivent-elles voter pour des femmes?
Impossible
de faire abstraction du contenu. Que les femmes doivent s’unir
par-dessus les frontières politiques pour mener des stratégies qui leur
sont propres, ça oui. C’est leur seule chance de faire face à la
concentration du pouvoir aux mains des hommes.
– La société idéale est-elle matriarcale?
Non, égalitaire.
– Votre mari fait-il la vaisselle?
Mais bien entendu! (Le Matin)
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