Finalement il n'y a pas eu de coup de tonnerre: François Hollande et Nicolas Sarkozy se retrouveront, au second tour, dans un face à fa...
Finalement il n'y a pas eu de coup de tonnerre: François Hollande et Nicolas Sarkozy se retrouveront, au second tour, dans un face à face, prévu, de longue date, par les sondeurs. En revanche, deux surprises: le formidable taux de participation et le score obtenu par Marine Le Pen, m'invitent à deux réflexions.
Primo, Nicolas Sarkozy, en deuxième place, devient, malgré ses 26,1%, l'un des présidents sortants les plus impopulaires. Malgré les déclarations et les pédalages rhétoriques des membres de son équipe, il est évident que le candidat UMP vient d'essuyer un sérieux revers. Près de trois électeurs sur quatre, la chose est évidente, n'adhèrent pas à son projet et sanctionnent son bilan. Il perd autour de cinq points par rapport aux résultats du premier tour de 2007 avec un taux de participation quasiment identique. Ce qui est énorme! Et le second tour pourrait fort bien se transformer en un référendum.
Nicolas Sarkozy, de son côté, fera tout ce qui est dans son pouvoir langagier pour que le dit référendum puisse, non pas le sanctionner, mais mettre en danger son adversaire direct: François Hollande.
Le candidat de l'UMP, il faudra s'y attendre, va faire de l'immigration, de l'islamisme, de la sécurité, des frontières, des sujets centraux tout en essayant de disqualifier le représentant du Parti socialiste en jouant cette caricature présentant une "gauche laxiste", incapable, entre autres, d'assurer la sécurité des Français. Il va tenter d'apporter des "réponses" à ces questions par le discours xénophobe, afin de flatter ceux qui ont choisi, au premier tour, la candidate du Front National et par la harangue ceux que le discours "musclé" rassure. Cette approche le poussera, entre les deux tours, à assurer probablement le service minimum sur les questions sociales et économiques, principaux sujets de préoccupations des Français.
Or, que ce soit sur l'immigration ou sur les questions liées à l'islam, il est évident que l'approche sarkozyste est la plus contreproductive et la plus inefficace. Ayant mené une politique communautariste tout en mettant à mal la laïcité, Nicolas Sarkozy, à ne pas s'y méprendre, est le meilleur allié de l'islam politique. Il s'accommode de toutes les bigoteries qui ne mettent pas en danger la sécurité nationale. En d'autres termes, le président sortant fait illusion en pensant qu'il faille opposer exclusivement une approche policière à la question relative à la montée de l'islam politique en France.
Secundo, le score glané par Marine Le Pen, la candidate du Front National, autour de 17%, est un résultat qui confirme certaines réalités. D'abord, il va sans dire qu'il est obtenu grâce à une dédiabolisation non pas du FN seulement, mais du discours frontiste. Résultat obtenu grâce à dix années de sarkozyme. Et ce n'est guère une surprise si les sarkozystes n'ont aucun mal, quelques heures après l'annonce des résultats du premier tour, à additionner les voix obtenues par leur préféré et celles de la chef de file du parti d'extrême droite. La confusion entretenue sciemment, durant ces cinq dernières années, en tout cas dans le discours et parfois aussi dans la politique, par le pouvoir sortant entre, d'une part, ce qu'il représente, une droite extrême, décomplexée et, d'autre part, ce qu'il n'a jamais combattu idéologiquement, une extrême droite, dédiabolisée, a fini par enterrer la droite gaulliste et républicaine au profit de cette droite sarkozyste décidemment bien particulière, mais aussi, par valider certaines des idées nauséeuses du Front National.
Évidemment, si les 45% de l'UMP-FN ne doivent pas être appréciés uniquement à travers une adhésion au discours xénophobe, il est clair néanmoins que certaines attitudes adoptées par des responsables de l'UMP, qui ont banalisé l'art de faire de la politique via le "bouc émissaire", a permis d'accorder une "respectabilité" aux idées du parti d'extrême droite.
Par conséquent, à mes yeux, oui il faudra, d'une certaine manière, accepter, au second tour, l'idée du référendum. Il s'agira désormais de choisir entre un discours d'une droite extrême, représentée, non pas par Marine Le Pen, mais par Nicolas Sarkozy, et celui d'un candidat socialiste qui se reconnaît totalement dans les valeurs de la République, qui propose une France apaisée et un discours rassembleur autour des principes essentiels. C'est aussi ce choix que les électeurs devront faire le 6 mai prochain.
Source : huffingtonpost.fr
Dernier ouvrage de Mohamed Sifaoui, paru aux Éditions Nouveau Monde,L'histoire secrète de l'Algérie indépendante. Son blog:www.mohamed-sifaoui.com
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