Par Marc DAOU - Le 11 février 2011, Hosni Moubarak était chassé du pouvoir après 18 jours de manifestations. Mais un an après, l'Égypte...
Le 11 février 2011, Hosni Moubarak était chassé du pouvoir après 18 jours de manifestations. Mais un an après, l'Égypte est toujours au bord du gouffre. Insécurité, corruption et répression des manifestations : rien n'a réellement changé.
Il y un an jour pour jour, le 11 février 2011, le vice-président égyptien Omar Souleimane annonçait dans un bref message télévisé la démission du président Hosni Moubarak. Après 18 jours de manifestations sans précédant dans le pays, notamment au Caire sur la désormais célèbre place Tahrir, trente ans de règne de l'inamovible raïs prenaient ainsi fin.
Pourtant, un an après la Révolution du Nil, l'Egypte est toujours en crise. Insécurité, crise économique, corruption et répression des manifestations : rien n'a réellement changé pour une majorité d'Egyptiens. "Malgré la chute de Moubarak, cette révolution me laisse un goût amer, car aucun des objectifs des manifestants n'a été atteint", regrette Basma Awad, une activiste égyptienne membre du Mouvement du 6-avril, l'un des groupes pro-démocratie qui avaient lancé la révolte en janvier 2011. Interrogée par FRANCE 24, elle estime que les revendications de la place Tahrir sont toujours d'actualité : "Liberté, dignité et pain".
Au centre des critiques : l'armée, chargée d'assurer l'intérim dans l'Égypte post-révolution. Les manifestants qui ont obtenu le départ de Moubarak réclament désormais la tête du chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le maréchal Hussein Tantaoui. Accueillis en héros il y a un an, les militaires sont désormais très critiqués par le camp laïc - libéral ou de gauche - pour leur gestion de la transition politique. Pire, de nombreux mouvements et personnalités estiment que l'armée s'accroche au pouvoir en ralentissant le processus de démocratisation afin de consolider son influence. "Le chaos existe en Égypte depuis un an et c'est le CSFA qui l'a laissé s'installer dans le pays. C'est une façon de montrer que les militaires sont indispensables", expliquait récemment à FRANCE 24 Myra Mahdy, auteure et chercheuse égyptienne.
Appels à la grève et à la désobéissance civile
Pour commémorer le jour anniversaire de la chute d'Hosni Moubarak, des organisations d'étudiants et de jeunes militants pro-démocratie ont lancé pour le 11 février des mots d'ordre identiques à ceux de 2011 : appels à la grève et à la désobéissance civile. En réponse, l'armée a annoncé qu'elle se déploierait à travers le pays pour assurer la sécurité.
"Je commence à désespérer de l'avenir du pays et je suis triste pour tous les martyrs de la révolution, car si la situation chaotique perdure ils seront morts pour rien", confie à FRANCE 24 Ola, une enseignante cairote âgée de 40 ans qui avait participé aux manifestations sur la place Tahrir il y a un an. Elle s'inquiète surtout pour l'avenir politique du pays, et notamment du partage du pouvoir qui s'annonce entre l'armée et les courants islamistes qui sont sortis largement vainqueurs des dernières législatives. "Je suis anxieuse car nous ne sommes pas encore sur la bonne voie pour sortir le pays de l'instabilité, mais je ne suis pas désespérée au point de regretter Hosni Moubarak", tient-elle à préciser.
Détenu à 83 ans dans un hôpital militaire, l'ex-président est poursuivi en justice en tant que responsable de la mort de manifestants durant la révolte de 2011. A chacune de ses comparutions, il s'est présenté devant la justice allongé sur une civière, aux côtés de ses deux fils Alaa et Gamal. Il risque la peine capitale en cas de condamnation. "Je suis très étonné de le voir toujours en vie. A sa place, je me serais suicidée pour échapper aux remords qui doivent le ronger", estime Ola. "Avant la révolution, son image était omniprésente, ses portraits emplissaient les rues, les unes des quotidiens et la télévision, aujourd'hui il ne représente plus rien", conclut-elle. France24
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