Un supermarché à Mamoudzou © AFP/SOPHIE LAUTIER Montrés du doigt par l'intersyndicale comme les grands responsables de la vie chère, les...
Un supermarché à Mamoudzou © AFP/SOPHIE LAUTIERMontrés du doigt par l'intersyndicale comme les grands responsables de la vie chère, les dirigeants de la grande distribution ont tenu à s'expliquer et rappeler leur attachement à Mayotte et à ses habitants. Ils rendent aussi certains coups reçus injustement.
Lors de la grève générale qui a paralysé le 101ème département français pendant quarante-quatre jours à l'automne, on a tout entendu à leur sujet. Accusés tour à tour de se venger des pillages qui ont eu lieu, d'organiser la pénurie de riz à des fins spéculative, ou de dégager des marges indécentes, les responsables de la grande distribution ont fini par signer un accord assez contraignant, dans le but de ramener la paix civile. Vincent Lietar, le secrétaire général de la Sodifram tient à mettre les pendules à l'heure : "Nous ne sommes pas une société philanthropique. Nous vivons des marges que nous dégageons, ce qui est devenu très difficile". Depuis la signature des accords qui fixent le prix des produits de première nécessité, les supermarchés affirment vendre leur riz à perte. Une situation cocasse qui n'amuse pas Ibrahim Abdoul, le responsable financier des supermarchés Somaco : "En principe, il est interdit de vendre à perte. Là, l'Etat nous l'impose, mais ça ne pourra pas durer".
Multinationales
Malversations
C'est peut-être cette origine extra-mahoraise qui différencie les supermarchés Jumbo. A l'automne, alors que le prix des ailes de poulets était fixé par paquets de 10 kilos, ces emballages ont mystérieusement disparus des rayons, opportunément remplacés par des paquets de 5 kilos vendus au prix fort. L'affaire avait fait grand bruit et durablement entamé l'image de la grande distribution. Pour prouver son innocence, la Somaco souligne qu'elle n'a pas d'agrément de conditionnement et "met au défi quiconque d'apporter une preuve que la Somaco ait pu se rendre coupable de telles malversations".
Concurrence
Revendeurs
Le Collectif des Citoyens perdus, à la pointe de la contestation cet automne trouve que finalement, la grande distribution a fait preuve "d'humanité" pendant les dernières négociations. Pour Ansoir Abdou, le président de l'association de consommateurs, "Ils ont fait des concessions importantes". Selon lui, ceux qui ont échappé au contrôle des prix sont les revendeurs qui "achètent le riz par containers entiers et le revendent à des prix abusifs". Les responsables des supermarchés sont soulagés de voir les Citoyens perdus dénoncer à leur place les revendeurs, qui restent pour eux d'importants clients. Et Ansoir Abdou d'insister : "La convention aurait du s'appliquer à tous, car dans les villages reculés, les prix de certains produits s'envolent sans aucune forme de contrôle". Il en profite aussi pour différencier la situation de GDM/Jumbo de ses deux concurrents : "C'est une multinationale qui n'a rien a craindre et peut décider de partir si elle estime qu'elle ne gagne pas suffisamment".
Production locale
Malgré la situation, le groupe Sodifram, qui emploie 500 personnes, prévoie de doubler ce chiffre en deux ans : "Nous consultons actuellement les autorités locales avec qui nous réfléchissons à nos futurs sites d'implantation". La société rappelle qu'elle loue ses emplacements à des propriétaires mahorais, et qu'elle s'efforce d'embaucher dans son environnement immédiat car, selon M. Lietar : "un salaire qui tombe, c'est six ou sept personnes qui en bénéficient". Pour améliorer son image, la marque aide également certaines équipes sportives, et finance une partie des travaux de quelques associations ou médersas. Des initiatives qui sortent de ses prérogatives, mais qui touchent Ansoir Abdou pour qui "Tout soutien au sport et à la culture reste le bienvenu dans un département où 65% des habitants sont des jeunes. Il serait également souhaitable qu'ils finissent enfin par soutenir la production agricole locale".Mayotte 1ère