Dans un entretien accordé au quotidien Masiwa, le premier magistrat de l’île autonome d’Anjouan déclare soutenir la position du gouvernemen...
Dans un entretien accordé au quotidien Masiwa, le premier magistrat de l’île autonome d’Anjouan déclare soutenir la position du gouvernement sur la crise à Mayotte. Quant aux échauffourées de Ntsoudjini, Abdou Salami Abdou manifeste sa désolation et remercie les “jeunes patriotes et déterminés” de la ville.
Masiwa : Le pays traverse une période agitée sur la question de Mayotte. Quel regard portez-vous sur la position du gouvernement central qui croise le fer avec la France ?
Abdou Salami Abdou: D’abord je salue la mesure du gouvernement de refuser d’accueillir les reconduites de Mayotte. C’est vraiment louable car on ne peut pas accepter que des Comoriens soient considérés comme clandestins dans leur propre pays. Toutefois, j’aimerais dire que cette question de Mayotte ce n’est pas une affaire du gouvernement. C’est une affaire de toute la nation. Alors que tel que je vois les choses, on penserait le contraire. Le gouvernement traite unilatéralement ce dossier, ce que je regrette sincèrement. Ce dossier doit être traité par tous les comoriens réunis.
Le langage selon lequel « on est derrière le gouvernement » ne doit pas exister, en tout cas pas dans cette situation. On doit plutôt être derrière une idée. J’appelle ainsi le gouvernement à rassembler tous les comoriens pour que chacun donne son idée car oui, c’est de l’intégrité territoriale qu’il s’agit et, de facto, cela concerne tout le monde sans exception. On n’est pas à un stade à se livrer à des querelles byzantines. Il est d’une urgence impérieuse d’organiser ce rassemblement de tous les comoriens, lequel rassemblement seul le gouvernement est plus habilité à organiser. En revanche, on ne peut pas appeler les gens à s’unir et au même moment leur faire du mal. On doit mettre de côté les règlements de compte, les règles sans fondement et le piétinement gratuit des libertés, et c’est la République qui gagnera.
Le langage selon lequel « on est derrière le gouvernement » ne doit pas exister, en tout cas pas dans cette situation. On doit plutôt être derrière une idée. J’appelle ainsi le gouvernement à rassembler tous les comoriens pour que chacun donne son idée car oui, c’est de l’intégrité territoriale qu’il s’agit et, de facto, cela concerne tout le monde sans exception. On n’est pas à un stade à se livrer à des querelles byzantines. Il est d’une urgence impérieuse d’organiser ce rassemblement de tous les comoriens, lequel rassemblement seul le gouvernement est plus habilité à organiser. En revanche, on ne peut pas appeler les gens à s’unir et au même moment leur faire du mal. On doit mettre de côté les règlements de compte, les règles sans fondement et le piétinement gratuit des libertés, et c’est la République qui gagnera.
Masiwa : Vous avez participé à une conférence-débat lundi à Ntsoudjini. Les forces de l’ordre, sur ordre du préfet d’Itsandra, ont empêché cet événement, organisé par des jeunes de cette ville. Quelle est votre réaction ?
Abdou Salami Abdou : Je ne peux dans un premier temps que vous manifester ma désolation face à une telle situation qui n’est d’ailleurs pas nouvelle. Je constate de plus en plus que certaines autorités du pouvoir central cherchent à m’empêcher de m’exprimer devant la population. Ceci est d’autant plus arbitraire et profondément injuste qu’au même moment des hautes autorités de ce même pouvoir organisent de véritables meetings dans différentes localités du pays. Ceux qui se veulent imams prennent même les mosquées en otage pour leur fin. Ils ne prêchent que pour leur paroisse. Le débat démocratique les dérange et surtout la contradiction. Ainsi voudrai-je à l’occasion rappeler aux uns et aux autres que l’armée nationale du développement n’est pas une armée du gouvernement pour la répression et il est donc du devoir de nos forces armées de se ressaisir pour jouer le rôle qui est le leur : celui de la paix et de la sécurité pour tout citoyen.
Masiwa : Ce n’est pas la première fois pour vous. Le 25 mars, les forces de l'ordre étaient intervenues lors d’une cérémonie organisée à Mramani à l’occasion de la journée mondiale de l’eau et vous vous y êtes opposé. « Personne ne pourra m’empêcher de m’exprimer devant le peuple si l’occasion se présente », aviez-vous déclaré. Pourquoi vous avez cédé à Ntsoudjini ?
Abdou Salami Abdou : J’ai été invité à Ntsoudjini et ai répondu présent. A mon arrivée la gendarmerie était là. Je ne voyais aucun problème à leur présence. Moi et les autres nous sommes entrés dans la salle. Aussitôt après elle (la gendarmerie) a bloqué l’accès. Mais nous y étions déjà, quand-même. Deux militaires sont entrés dans la salle et il y a eu une bousculade avec les civils et ils furent ramenés à l’extérieur de la salle. Cela m’a interpellé. Comme j’étais allé échanger cordialement avec les gens sur des sujets d’actualités, je me suis dit que la situation telle qu’elle se présentait je ne pouvais pas continuer car l’événement n’aura pas eu la portée escomptée. En tout cas à Ntsoudjini j’ai vu des jeunes patriotes et déterminés. Ils ont su défendre leur droit notamment celui de se réunir et de s’exprimer. Malgré l’attitude des forces de l’ordre, ces jeunes ont réussi à maîtriser la situation. Et je profite ici pour les remercier de l’accueil qu’ils m’avaient réservé dans leur village.
Propos recueillis par Toufé Maecha