200 personnes avaient assisté à son enterrement le 20 octobre 2007 à Grayan-et-L'Hôpital AFP Le mercenaire, né à Bordeaux, résidait...
200 personnes avaient assisté à son enterrement le 20 octobre 2007 à Grayan-et-L'Hôpital AFP |
Le mercenaire, né à Bordeaux, résidait les derniers temps de sa vie à Grayan-et-L’Hôpital dans le Médoc. Il est décédé le 12 octobre 2007.
Le mercenaire Bob Denard, né à Bordeaux et vivant dans le Médoc, est mort à l’âge de 78 ans, le 12 octobre 2007. Pendant quarante ans, il a multiplié les actions en Afrique. Nous republions un article de "Sud Ouest" publié le 15 octobre 2007.
"Atteint de la maladie d’Alzheimer, Bob Denard résidait, les derniers temps de sa vie, au coeur de sa région d’origine, dans son village natal de Grayan-et-l’Hôpital (33), oú habite aussi sa soeur. « Je vous confirme qu’il est décédé », a déclaré cette dernière, sans toutefois préciser oú et quand était survenu le décès.
Né le 7 avril 1929 à Bordeaux, Bob Denard, dont le véritable nom est Gilbert Bourgeaud, et qui a été surnommé le « chien de guerre », a d’abord été quartier-maître dans les commandos de la Marine nationale en Indochine et en Algérie jusqu’en 1952, date à laquelle il quitte l’armée et devient policier au Maroc.
En 1961, il abandonne un emploi de démonstrateur dans une société parisienne d’électroménager et entre dans le monde trouble des mercenaires en partant pour l’ex-Congo belge (aujourd’hui République démocratique du Congo), oú il se met au service des rebelles du Katanga. Avant de renoncer aux armes au milieu des années 1990, l’homme a été un familier des tentatives de déstabilisation et des missions clandestines en Afrique.
Les Comores, son pré carré
Mais son nom restera indissolublement lié à l’archipel des Comores, colonie française devenue indépendante en 1975. Bob Denard, placé à la tête de la « garde présidentielle », y était devenu une sorte de vice-roi à la faveur d’un premier coup d’État, en 1975, oú son groupe avait renversé Ahmed Abdallah de la présidence pour installer à sa place son opposant Ali Soïlih. En 1978, le mercenaire réalise l’opération inverse, tuant Ali Soïlih et réinstallant son prédécesseur.
Bob Denard développe alors des liens entre les Comores et le régime d’apartheid en Afrique du Sud. En mars 1988, Dulcie September, une proche de Nelson Mandela, représentante de l’ANC à Paris, est assassinée à Paris. Après la chute de l’apartheid, des représentants de l’ancien régime accuseront Jean-Paul Guerrier, bras droit de Bob Denard, d’avoir commis cet assassinat pour Pretoria. Aucune suite ne sera donnée en France.
Le premier passage de Bob Denard aux Comores s’achève en 1989 par l’assassinat du président Ahmed Abdallah. Jugé pour ce crime avec deux de ses hommes, dont Jean-Paul Guerrier, Bob Denard est acquitté au bénéfice du doute à Paris en 1999.
Dans l’intervalle, il mène avec ses hommes de main, surnommés « les affreux », de nombreux coups de main au Biafra, en Angola, au Bénin. Il sera condamné une première fois à Paris à cinq ans de prison avec sursis en 1993 pour l’opération du Bénin.
Avec les services secrets ?
Retiré en France, Bob Denard effectue avec ses hommes, le 28 septembre 1995, un retour surprise aux Comores, au cours duquel il dépose le président Mohamed Djohar et place le pouvoir entre les mains des opposants Mohamed Taki et Saïd-Ali Kemal. Le 4 octobre, l’armée française intervient et capture les mercenaires mais maintient les opposants au pouvoir, scénario qui accrédite l’idée que Bob Denard agissait, comme il l’affirme, avec l’accord tacite de Paris.
À cause de sa maladie, il avait été dispensé de comparaître aux procès au cours desquels, en 2006 et en 2007, avaient été examinées les circonstances de la tentative de ce dernier coup d’État. Il avait été condamné en juillet à une peine de quatre ans de prison dont trois avec sursis.
Dans son autobiographie, intitulée « Le Corsaire de la République », il assure avoir opéré la plupart du temps en collusion plus ou moins étroite avec les services secrets français. « À plusieurs reprises, je n’avais pas vraiment un feu vert des autorités françaises, mais je passais à l’orange », plaidera-t-il. "
200 personnes à ses obsèques à Grayan-et-L’Hôpital
Notre papier du 21 octobre 2007 paru dans "Sud Ouest" Dimanche sur le dernier hommage à Bob Denard à Grayan-et-L’Hôpital.
"Posé devant l’autel, le cercueil est recouvert du drapeau tricolore. Deux photos à l’effigie de l’Ancien font face à la nef de l’église de Grayan-et-l’Hôpital, oú sont massées environ 200 personnes. Toutes viennent rendre un dernier hommage à Bob Denard, décédé le 13 octobre dernier, à l’âge de 78 ans, dans un hôpital parisien. Au premier rang, la famille entoure Georgette, 83 ans, sa sur aînée, digne dans la douleur. Six de ses neuf enfants sont présents. Au milieu de la foule se trouvent des habitants du village, dont le maire, Serge Laporte ; son homologue de Saint-Vivien, Jeanne Baudray, et des amis médocains. Mais aussi d’anciens fusiliers commandos et quelques compagnons de route du mercenaire, arborant lunettes noires et cravate verte barrée de l’insigne et de la devise Orbs patria nostra (Le monde est notre patrie).
Une fidélité saluée dans son homélie par le père Jérôme Grondona. Ami de la famille depuis dix ans, l’abbé se félicite de voir autant de monde accompagner le colonel Denard jusqu’à sa dernière demeure. Lui, l’enfant du pays, qui avait à peine 15 jours lorsque ses parents ont débarqué à Grayan. Et de citer un passage du livre Le Corsaire de la République, dans lequel Denard espère que la clé du paradis lui sera offerte par un de ses hommes .
Marc Robyn, dit Le Belge, se souvient : Je l’ai connu au début des années 60. On a fait ensemble le Katanga, le Yémen et le Congo, oú j’ai participé au coup d’État du 5 juillet 1967. Ce n’était pas un officier qui commandait en base iarrière. Il était toujours en première ligne, avec ses hommes. C’était un meneur. Déplorant les critiques à son encontre, il préfère retenir ses actes de bravoure. Comme ce jour oú, en 1965, il sauva 23 religieuses flamandes retenues en otages depuis huit mois par une faction rebelle au Zaïre. On les a recherchées pendant 26 jours dans la brousse, alors que les ordres portaient la priorité ailleurs, ajoute-t-il. Kaina, une de ses filles, âgée de 25 ans, évoque l’image d’un père généreux, attentionné. On oublie souvent le côté philanthrope de mon père. D’après les échos du ministre comorien de la Défense, beaucoup de gens là-bas sont en deuil, affirme-t-elle. Ironie du sort, Bob Denard, qui s’était converti à l’islam, s’est éteint le jour de l’Aïd, qui fête la fin du ramadan.
Crâne rasé et physique de deuxième ligne de rugby, Joël a accompagné la dépouille de son patron jusqu’au bout. De leurs aventures communes, il ne dira mot. Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. Et si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une seconde. Je l’aurais suivi jusqu’en enferà
Le cercueil de Bob Denard a été salué une dernière fois par ses anciens compagnons au cimetière, non loin du caveau oú repose son père, Léonce, jadis garde-champêtre du village."
Olivier Delhoumeau ©sudouest.fr