Ces grands sans cœur qui se réclament du Prophète
Ces grands sans cœur qui se réclament du Prophète
Même dans des cimetières de villages chrétiens reculés, il y a des tombes qui témoignent que face à la mort, la rigidité religieuse peut laisser place aux sentiments de solidarité humaine. On y trouve des tombes de musulmans.
Il faut venir à Moroni, vieille ville d'islam, jusqu'ici réputée la plus accueillante des Comores, la plus cosmopolite, pour vivre, le dégoûtant théâtre d'une tombe, creusée la veille de la date d'un enterrement, comblée le lendemain, quelques heures avant la mise en terre du corps. Un notable certifié de Moroni, descendant du prophète (sharif), OK, a fait intervenir la gendarmerie (!) pour remplir donc la fosse et interdire ainsi, le repos éternel de Mme Dédée épouse Ali Toihir dit Monjol, à côté de son père Ali Mohamed Sultan.
Le ridicule étant la vitamine la plus courante dans notre pays, la gendarmerie, sous les ordres, dit-on, du procureur, s'est prêtée à cette mascarade sans demander la moindre preuve du droit de ce Monsieur à manager le cimetière dit des Sharif. Des cimetières, propriétés privées, cela existe dans tous les villages de Ngazidja. Chacun sait plus ou moins où il sera être enterré s'il meurt au village de maman, ou après le débarquement du cercueil de l'avion d'Air Austral. Ce qui arrive parfois est que 2 villages se battent pour s'approprier l'honneur du spectacle de l'ambulance qui ramène la dépouille de l'aéroport Hahaya.
Un refus d'enterrer un-e musulman-e dans une tombe déjà creusée, parce que la personne décédée serait socialement inférieure, en tout cas « différente » des morts du cimetière est une première moronienne sinon mondiale, de bêtise immonde et d'ignorance crasse des principes d'humanité de l'islam. C'est l'expression d'un égo qui n'a d'égal que celui du Grand Grand Dirigeant Nord-coréen, le très grand KIM JONG-UN.
Et d'1 : ce Monsieur ou ces messieurs n'ont rien à voir avec le cimetière. La mémoire collective moronienne veut que la parcelle soit la propriété de la famille Sharif Hamza et peut être aussi du Palais. Le groupe qui préparait l'enterrement, sur les conseils de notables et de religieux, et après avoir consulté les familles de Djumbe Msirintsini, est allé demander à Mma Amina de la famille Sharif Hamza, ho Djumwavumwe, l'autorisation d'enterrer. Autorisation accordée. Haya ewanu wo hindri ?
Et de 2 : en quoi ces messieurs se croient plus proches du prophète, plus nobles aux yeux d'Allah et des hommes que Dédée, fille de Ali Mohamed Sultan, épouse Ali Toihir Monjol ?
Et de 3 : Croient-ils que si Mme Ali Toihir était enterrée à côté de son père, elle leur aurait volé des points pour la note d'entrée au paradis ?
A toute chose malheur est bon : Dédé Ali Mohamed Sultan épouse Ali Toihir Monjol, repose maintenant à côté de son mari. Allah et le prophète aiment l'amour.
Texte© Said Mchangama
Titre ©HabarizaComores.com (Habari Za Comores)| أخبار من جزر القمر