Fahmy Thabit
La mediasphere est inondée ces derniers temps d'articles et de posts tantôt sur les licenciements dans l'administration publique, tantôt sur le budget 2017. Plus globalement le terme "émergence" a été au cœur du débat.
Qu'est ce que l'émergence économique ?
C'est tout d'abord des critères, des mesures de la santé économique d'un pays sur une longue durée. C'est ainsi que l'émergence ne peut se décréter, elle se construit par une politique volontariste qui tend à améliorer, in fine, les conditions de vie de la population.
Quelle politique pour atteindre l'émergence?
L'émergence c'est d'abord une vision globale sur le long terme et non une vision à court terme c'est à dire sur la durée d'un mandat électif. Les politiques qui doivent être mises en place mettent du temps à donner des résultats.
Quelle politique pour atteindre l'émergence?
L'émergence c'est d'abord une vision globale sur le long terme et non une vision à court terme c'est à dire sur la durée d'un mandat électif. Les politiques qui doivent être mises en place mettent du temps à donner des résultats.
Quatre leviers principaux fondent l'émergence:
- Une croissance économique: elle doit être supérieure à 5 % sur le long terme pour pouvoir avoir un impact sur la diminution de la pauvreté. Ainsi elle sera basée sur l'amélioration de l'environnement des affaires, la sécurisation des investissements et la stimulation des secteurs identifiés comme porteurs.
- La démographie : la population doit être jeune et éduquée.
- Une économie diversifiée: l’économie ne doit pas être dépendante ni des exportations de matières premières ni des importations de l'ensemble des produits de première nécessité. Des secteurs comme l’agro-industrie et les services sont donc à développés pour une réduction du chômage.
- La stabilité politique: les institutions politiques doivent être stables pour permettre la mise en place de politiques de longue durée (constructions d’infrastructures…) et une continuité des engagements de l'état. Ainsi le pays devra faire preuve de crédibilité pour pouvoir emprunté et construire les grandes infrastructures.
Dans notre société comorienne conservatrice et peu perméable aux changements, le devoir d'explication, de pédagogie, de changement de nos comportements et de nos mentalités est indispensable. De même des efforts considérables doivent être fait par les gouvernants.
On ne peut demander à la masse de faire des efforts et pendant ce temps laisser la minorité gouvernante se permettre des largesses. Des coupes drastiques dans certaines dépenses (indemnités, frais de mission, dotation carburant...) doivent impérativement réalisées.
Cependant abstenons nous de démagogie:
il est nécessaire pour avoir un État "gouvernable" de deflatter. Avec 13 000 fonctionnaires en Mai 2016, il n est plus possible pour l'Etat de continuer sur ce rythme. Il est un temps, où on se doit un langage de vérité, un langage responsable dépourvu d'optimisme béat mais débarrasser aussi d'un comoro-pessimisme primaire et aveugle.
Ne nous mentons pas et osons avoir un langage de vérité. Il va falloir passer d'ici la fin du quinquennat à la moitié de ces effectifs pour pouvoir assurer un minimum de service publique à la population. Nous devons changer de paradigme: passer d'une économie archaïque basée sur l'assistanat (aides budgétaires internationales, transfert de fonds de la diaspora pour la consommation des ménages, dons...) vers une économie moderne. Permuter d'une économie basée sur l'importation, où la seule richesse provient de la douane, vers une économie créatrice de richesses.
Il faut cependant commencer quelque part et poser les bases:
réduction de la masse salariale, coupes du train de vie de l'Etat, restructurer la fonction publique, réformer la justice, améliorer l'environnement des affaires. Ce n'est pas en six mois que ça peut se faire, mais à ce niveau, la volonté des gouvernants doit être ferme.
C'est pour cela qu'une bonne maîtrise des différentes étapes de cette transition est nécessaire ainsi qu'une communication réfléchie et coordonnées. Le gouvernement actuel manque d un coordonnateur en chef de la mise en oeuvre et d'une communication globale.
Fahmy Thabit