Il existe un classement mondial dans lequel Les Comores ne sont pas en queue de peloton. C'est celui de Reporters Sans Frontières sur l...
Il existe un classement mondial dans lequel Les Comores ne sont pas en queue de peloton. C'est celui de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse. Nous y occupons une honorable 50ème place, et devançons des grands pays du G8 tels que L'Italie et Le Japon. Numéro 1 de notre région, notre archipel endosse le rôle du bon élève et surpasse tous ses voisins de l'océan Indien et de l'Afrique de l'Est.
Mais cette liberté dont jouit la presse comorienne est de plus en plus menacée par le gouvernement actuel.
Les autorités adoptent des postures inquiétantes à l'égard des médias. Nous assistons à ce qui s'apparente à des tentatives de museler la presse et faire taire toute voix dissonante, qui n'encense pas l'action gouvernementale. Les apparatchiks du pouvoir semblent allergiques à la critique.
Il y a quelques mois, Razida un membre de l'opposition, à écopé d'une peine de prison ferme pour « injures » du jamais vu aux Comores. Le directeur et un journaliste de la radio Hayba-FM étaient dans le viseur de la gendarmerie. Récemment, Les journalistes d'Al Watwan et La Gazette, Abdallah Mzembaba et Mohamed Youssouf ont été convoqués et mis en garde à vue, pour avoir osé écrire un article sur un contrat liant l'État à la société MONEO.
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Même les personnalités médiatiques les plus populaires ne sont pas épargnées par cette nouvelle censure qui ne dit pas son nom. Dernière victime en date, le célèbre Abdallah Agwa, l'équivalent de Jean-Jacques Bourdin à Ngazidja, vient de jeter l'éponge et fermer sa radio, lassé par le harcèlement répétitif dont il est victime de la part des autorités.
La fragile démocratie comorienne est en péril. Il ne suffit pas d'organiser des élections tous les 5 ans pour se targuer d'être une démocratie. Le célèbre journaliste et intellectuel américain Fareed Zakaria a développé le concept de "démocratie illibérale" pour désigner ces pays dont les dirigeants sont élus démocratiquement mais refusent tout contre-pouvoir.
Les Comoriens ne veulent pas d'une démocratie illibérale à la Erdogan. Nous nous sommes battu pour avoir un pays libre et démocratique. Pour cela nous avons besoin d'une presse indépendante qui fait la lumière sur les politiques menées par ceux qui nous gouvernement. Cet éclairage est vital à la survie de notre démocratie naissante, car comme le dit le slogan du Washington Post, « Democracy dies in darkness », (la démocratie meurt dans l'obscurité).
En plus de s'attaquer la liberté d'expression, le gouvernement veut tuer également l'État de droit. Pour les théoriciens, on parle d'État de droit, que lorsque dans un pays, les pouvoirs publics acceptent de se soumettre aux règles de droit. C'est-à-dire que personne n'est au-dessus de la loi, pas même l'État.
Chaque jour nous vivons le contraire. Notre gouvernement se croit tout permis. Quasiment aucune administration ne se donne la peine de respecter le cadre légal de passation des marchés publics. Les ministères et les entreprises publiques signent des contrats en toute illégalité, au mépris des régulations en vigueur, sans que cela ne dérange personne.
Chaque manifestation est réprimée de façon brutale, par des gendarmes coutumiers des bavures et de l'usage disproportionné de la force.
Où est l'État de droit, quand la justice autorise la radio Labaraka-fm à reprendre du service, et qu'un simple préfet refuse et ordonne la fermeture de la station ? Ou quand, à Mirontsi, le ministère de l'intérieur a violé le droit à la propriété privée en s'accaparant d'une mosquée Ahmadiyya sans aucune décision de justice .
Quel signal le gouvernement pense-t-il envoyer aux investisseurs étrangers, en agissant en état-voyou?Est-ce rassurant de venir investir dans un pays dans lequel, l'État ne respecte ni ses propres lois, ni ses propres citoyens?
Pour devenir un État de droit et une démocratie véritable, les Comores ont besoin d'un état légal, d'une assemblée nationale exemplaire, d'une justice indépendante, d'une presse libre, de forces de l'ordre mieux formés, d'un secteur privé dynamique et d'une société civile consciente, active et engagée.
Par Comores Developpement
HabarizaComores.com (Habari Za Comores)| أخبار من جزر القمر