Les Trois défis du président AZALI
Après dix ans dans l’ opposition AZALI ASSOUMANI est de retour au palais de Béiit-Salam en mai 2016 à l’issue d’une élection aux multiples rebondissements. Son élection est une surprise pour la classe politique comorienne habituée aux tripatouillages et aux fraudes électorales des autorités au pouvoir ; c’est un secret de polichinelle aux Comores et en Afrique le candidat du pouvoir en place ne doit pas subir une Bérézina .
Azali le 05 février à l'inauguration de la centrale de Voidjou ©Dimeco |
Le temps change et les Comoriens ont choisi la rupture plutôt que la continuité. de l’équipe sortante. Le revenant AZALI se fixe trois défis pour relever un pays à l’abandon et sans perspective d’avenir et laisser une trace aux générations montantes à savoir: le redressement des comptes publics pour créer les conditions de l’attractivité du pays , la lutte contre le chômage de masse des jeunes de 18 ans à 25 ans et le dépoussiérage des institutions pour consolider cette démocratie chancelante et prévenir les éventuelles fraudes électorales qui ont émaillé le dernier scrutin.
Le programme est louable mais le réaliser est une autre paire de manche car AZALI va être confronté à d’autres problèmes liés à la complexité des institutions actuelles et aux batailles d’égo des acteurs politiques comoriens qui vont essayer de torpiller son programme, car comme à l’accoutumée ,ils ne pensent à eux-mêmes et s’en moquent du quotidien du comorien lambda. Le nouveau président qui a fait du combat contre la misère et le chômage l’un des slogans de sa campagne doit obtenir des résultats rapidement or il ne peut pas gouverner le pays par décrets, donc tous les textes du gouvernement doivent passer à l’ Assemblée, pour qu’ils soient votés, or depuis les élections législatives de 2015, l’Assemblée est dominée par l’UPDC d’IKILILOU et de MAMADOU et son parti le CRC est peu représenté au palais du peuple.
L’épisode du vote budget 2017 est une illustration de cette cohabitation difficile que le nouveau président va connaitre durant son mandat, sauf si un éventuel remaniement se profile à l’horizon pour faire entrer au gouvernement ses anciens opposants en quête des postes ministériels ou des directions car ils ne peuvent pas tenir longtemps dans l’opposition et que surtout certains d’entre eux commencent à tirer le diable par la queue. Pour ce qui est de l’assainissement des finances publiques, on ne peut pas être crédible auprès des créanciers des Comores, si l’actuel gouvernement ne diminue pas la masse salariale et les autres dépenses inutiles de fonctionnement qui alourdissent le budget de l’ Etat, il faut oser prendre de telles mesures drastiques si réellement AZALI envisage d’orienter les COMORES vers une vision lointaine d’émergence.
IL faut rappeler que le budget de l’année 2016-2017 est toujours en déséquilibre de neuf milliards seulement, mais il y a une nette améliorations des recettes douanières par rapport aux années précédentes; il est temps de gouverner les Comores autrement c’est -à dire avoir une discipline budgétaire et une ligne politique claire de développement pour les cinq prochaines années, et de bannir les habitudes séculaires des équipes gouvernementales d’autrefois qui recrutaient à tout va sans se soucier qu’elles creusent de plus en plus le déficit public et la suite d’une telle politique de gabegie ,ce sont les missionnaires du FMI et de la banque mondiale qui ont faits les allers-retours incessant aux Comores à chaque alternance pour prêcher dans le désert auprès des nouvelles autorités des recommandations qui n’ont pas eu les effets escomptés. Parallèlement , plus de 50% des jeunes Comoriens sont au chômage ; presque la moitié des jeunes comoriens vivent dans l’extrême précarité. Selon le BIT, le PNUD et la FAO ,le taux de chômage chez les moins de 25 ans (44%) est plus élevé que celui des adultes de 30 à 40 ans.
L’Université des Comores continue à former des étudiants voués à devenir des chômeurs de longue durée; si une solution immédiate n’est pas trouvée , ce chômage de masse qui ne cesse de prendre des proportions inquiétantes risquerait à moyen terme devenir un effet de boomerang pour les autorités politiques de cet archipel. Selon le bilan économique du monde de 2016 et le HORS-SERIE de JEUNE AFRIQUE 2017 les prévisions de croissances pour les Comores sont de 2.2% pour 2016 et 3.3% POUR 2017 la traduction concrète une telle croissance est la création d’emplois et une bonne recette fiscale et douanière dans les caisses de l’Etat; à condition que l’Etat a ciblé les secteurs d’investissements créateurs d’emplois et une bonne collecte des impôts des citoyens imposables qui ne vont pas s’exonérer en profitant de la couverture politique du Président AZALI.
Mohamed IBRAHIM MIHIDJAY