L’envers du grand mariage
Des générations passent et le grand mariage reste. Qui sont les victimes de cette pratique socioculturelle ?
De génération en génération, on voit l’Anda qui traverse même les frontières des Comores avec plus d’engouement. Les jeunes qui sont censés le réorienter s’investissent de plus en plus dans le grand mariage. Ils alimentent beaucoup plus cette pratique que les ancêtres.
Depuis de très longues années, les comoriens célèbrent leur mariage avec un système inégalitaire (économique, social et culturel).Ce qui constitue pour certains le seul moyen d’avoir une grande place dans la société. Alors que tout le monde n’est pas bien placé à le faire. D’ailleurs, un formulaire est imposé pour avoir l’autorisation de le faire.Ceci étant dit que le cadet par exemple n’est pas mieux placé pour prendre la main de l’ainée d’une autre famille.
C’est un changement de statut social dont l’homme doit grimper des échelons pour y parvenir. Les concernés doivent être du même village. La loi du grand mariage interdise au cadet de le faire avant son oncle ou avant son grand frère. L’ainé serait pointé de doigt s’il ose le faire avant son oncle. Il risquera de devenir la une du village. Une fois que ces conditions seront remplis, le concerné peut passer au stade supérieur. Autrement dit, faire le grand mariage et de devenir un « mndru mndzima », c’est-à-dire une personne seule. Cette dernière aura un pouvoir suprême qui lui donnera respect et considération dans la société. Par exemple, il peut s’assoir où il veut et il s’adresse aux autres comme bon lui semble. Vider les poches pour avoir ce statut est la monomanie de tout homme comorien.
Lors d’une célébration de mariage, une somme d’argent doit être attribuée aux notables du village. Ce que d’ailleurs crée la manique pour ceux n’ont pas touché leur part.
Celui qui ne l’a pas encore fait se sent en effet stigmatisé et marginalisé. En fait, le grand mariage montre le rang social de la personne qui l’a fait. De ce fait, même si vous êtes en face d’une personne plus âgée que vous et que cette dernière n’a pas fait le Anda, la loi du Anda vous donne malheureusementle droit de s’adresser à elle de la manière qu’elle vous paraisse pas intéressante . « BO Roha yavo bayinou tsiplaceyahoustahiki ». Voila l’ expression jetée très souvent sur les figures de non- notable.
« wowahoupatsa wahouva, bo guzi », est une autre expression jetée souvent sur les vissages qui ont du mal à réaliser ce rêve. Certaines personnes vont jusqu’à vendre des terres pour le faire.
Cependant, l’enfant qui refuse de suivre cette voie risque de déclencher une crise sociale. La fille, particulier, la fille ainée qui décide de se marier avec un homme qui ne correspond pas aux critères cités ci-dessus risque d’être expulser de la famille.
Ali Hassani, étudiant en sociologie à l’université Paris8, St dénis