Comoriens à Maurice : La CAP dénonce des cas allégués d’exploitation
20 euros pour un trajet de Vacoas à Floréal ; 150 euros auprès d’une agence de voyages juste pour avancer la date de son départ ; des frais médicaux quatre fois plus chers ; Rs 8 000 pour les services d’une kinésithérapeute ou encore se voir prescrire des médicaments « inappropriés » dans une clinique privée. Tels sont entre autres les abus dont seraient victimes des Comoriens venant se faire soigner à Maurice et que dénonce la Consumer Advocacy Platform (CAP). Pour rappel, un accord existe entre les gouvernements comorien et mauricien permettant aux premiers de bénéficier de traitements gratuits dans les hôpitaux à Maurice.
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Se basant sur les prescriptions reçues par cette Comorienne de 29 ans, la CAP fait état de ce qu’elle considère relever d’une exploitation. La patiente étrangère « a eu recours à un médecin d’une clinique huppée des hautes Plaines Wilhems et s’est vu prescrire des produits indiqués pour la ménopause. La jeune femme, qui ressentait toujours des douleurs aux seins, a consulté un oncologue qui devait lui exprimer son étonnement que des médicaments pour la ménopause lui aient été prescrits ».
À la clinique en question, la jeune femme aurait été invitée à passer une échographie. Le prix de cet examen lui a coûté Rs 4 000 alors que selon la CAP, « ce même service est facturé Rs 1 000 dans les autres centres privés ». De plus, « la généraliste lui a prescrit quatre boîtes de 30 comprimés de Panacea Phytofemina/Menopause au coût de Rs 1 258. On lui informe ensuite que l’échographie n’a rien décelé d’anormal ». La Comorienne est alors référée par la CAP à un spécialiste pour un autre avis sur son état de santé. « Le spécialiste a trouvé insensée la prescription d’un supplément indiqué pour la ménopause alors que la jeune femme n’a que 29 ans. De plus, selon le spécialiste, il est inacceptable que l’on n’ait pas remis à la patiente le rapport de l’échographie ».
La CAP dit suivre ce cas de près. Si les soins sont gratuits pour les Comoriens dans nos hôpitaux suivant un accord entre les deux gouvernements, certains, ne pouvant attendre le long délai dans les hôpitaux, se tournent vers les cliniques privées. Et, selon la CAP, les pensions de famille hébergeant ces Comoriens auraient trouvé là le bon filon « en les dirigeant vers cette clinique des Plaines Wilhems ».
La CAP dit avoir l’intention de rapporter l’affaire aux autorités concernées. S’agissant de la « surprescription », elle déposera une plainte auprès du Medical Council. Pour l’organisation de la défense des consommateurs, il s’agit là d’un « cas de surprescription pour exploiter une patiente inquiète et seule en terre étrangère ». La CAP dit avoir en vain essayé d’entrer en contact avec le Consul des Comores à Maurice « pour voir s’il compte prendre des actions pour améliorer le sort des Comoriens qui viennent se faire soigner à Maurice ». L’ONG n’écarte par ailleurs pas la possibilité d’avoir recours à la Commission de l’océan Indien en ce sens.
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Article paru dans LE MAURICIEN | 29 DÉCEMBRE 2016