Allocution de Son Excellence Monsieur AZALI Assoumani Président de l’Union des Comores, A l’occasion de la nouvelle année 2017
UNION DES COMORES
Unité – Solidarité - Développement
Allocution
de Son Excellence Monsieur AZALI Assoumani
Président de l’Union des Comores,
A l’occasion de la nouvelle année 2017
Comoriennes, Comoriens,
Mes chers compatriotes,
Nous tournerons la page de 2016, une année qui aura été riche en événements pour notre pays et durant laquelle, notre jeune démocratie et ses institutions, ont été mises à rudes épreuve et ont subi un test grandeur nature.
En effet ce pays considéré par bien des constitutionnalistes dans le monde comme un cas d’école, a été encore une fois un laboratoire de la vie démocratique, dans le monde d’aujourd’hui.
Pour la première fois dans l’histoire de la planète, un pays a organisé 3 tours de scrutins pour une élection au suffrage universel direct.
Cette voie aventureuse, dans laquelle a été mis notre pays, était dangereuse et a failli nous faire plonger dans ces crises institutionnelles que nous croyions avoir laissées derrière nous depuis plus de 16 ans.
Fort heureusement, nos institutions ont résisté et ont fait la preuve de leur solidité et le peuple comorien, en décidant de prendre en main son destin et de sauver notre pays d’un chaos certain, a opté pour la consolidation de la paix et de la stabilité retrouvées.
Je forme le vœu, pour que l’expérience réussie et la page tournée de l’instabilité, saluées un peu partout dans le monde, se pérennise, dans l’intérêt supérieur de la Nation comorienne.
Le peuple Comorien m’a, à cette occasion, fait l’honneur de me porter, pour la deuxième fois, à la tête de ce pays, sur la base d’un contrat moral et politique, que j’ai défendu durant toute la campagne électorale.
Ainsi, dès le lendemain de notre arrivée au pouvoir, nous avons lancé la mise en œuvre du programme longuement réfléchi et planifié, que nous avons promis aux comoriennes et aux comoriens.
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Je sais que vos attentes sont immenses et compréhensibles, que vos exigences sont d’autant plus légitimes et justifiés, que le désespoir était palpable ces dix dernières années.
Mais je sais aussi que je vous savez faire preuve d’objectivité sur les réalités de notre pays et du monde. Je sais donc que vous faites la différence entre l’inaction et l’immobilisme du passé et notre volonté affirmée de changer ce pays et de le mettre, comme nous l’avons dit, sur les rails d’un pays émergent.
C’est pourquoi, à peine installés, nous nous sommes mis au travail pour faire ce que nous avions promis.
C’est ainsi, que depuis 7 mois, nous avons assuré le paiement régulier des salaires des Agents de l’Etat, sans artifice, ni aide financière extérieure.
Les premières mesures que nous avons prises également, avaient pour objectif d’alléger les charges des familles comoriennes, notamment les plus modestes et les plus vulnérables.
Dans ce pays où, étonnamment, le prix du carburant à la pompe est resté le même ces 10 dernières années, malgré les extraordinaires variations de prix du baril de pétrole sur le marché, nous avons décidé de baisser les prix des produits pétroliers et par la même occasion les prix du transport en commun.
Nous avions fait du mieux que nous pouvions pour que le Mois Sacré de Ramadan, qui a commencé quelques jours à peine après notre prise de pouvoir, se déroule dans les meilleures conditions possibles, avec la baisse des prix des produits de premières nécessités, dans le cadre d’un dialogue responsable avec le secteur privé comorien dans l’ensemble des 3 îles, à qui je tiens à renouveler mes sincères remerciements.
Nous avons également fait en sorte que le pèlerinage de cette année, sur les Lieux Saints de l’Islam, se déroule dans les meilleurs conditions possibles, pour ces comoriens que le Prophète Ibrahim a appelés comme on dit. De toutes les actions menées ces six derniers mois, c’est celle qui nous touche le plus, car elle englobe à la fois le temporel et le spirituel et les efforts colossaux qui ont été déployés pour ce pèlerinage, seront capitalisés et comptabilisés parmi les bonnes actions de ce bas-monde et dans l’au-delà, pour toutes celles et tous ceux qui se sont investis dans ce projet.
Les Comoriennes et les Comoriens que nous sommes, habitués aux Pèlerinages onéreux, dans des conditions difficiles, devons rendre grâce à Allah, pour les bénédictions qu’Il nous a gratifiées cette année.
Mes chers compatriotes,
Comme je ne cesse de le réitérer, nous voulons faire des Comores un pays émergent. Pour cela il nous faut réunir un certain nombre de conditions.
La première de ces conditions est bien évidemment, c’est l’énergie car, il ne peut y avoir de développement fiable et viable sans une fourniture suffisante d’électricité, d’une façon permanente.
C’est pour cela que nous avons pris une des décisions les plus importantes d’un gouvernement comorien depuis l’indépendance. Il s’agit de la création de la centrale électrique des Comores, avec des fonds propres, équivalents à plus de 2 mois de salaires de l’ensemble des agents de l’Etat, et ce, sans le soutien d’aucun partenaire.
Et il y a dans ce projet, mes chers compatriotes, plusieurs leçons qu’il nous appartient de tirer.
La première est que la politique de l’assistanat et de la mendicité est terminée. Nous devons et nous pouvons montrer au monde, et sans doute à nous-mêmes et aux jeunes générations de notre pays, que nous sommes capables de construire notre destin avec nos propres moyens, d’une manière fondamentale. Sur des besoins estimés à 18 mégawatts, nous nous sommes ainsi portés acquéreur de 25 mégawatts qui doivent stabiliser le courant de l’ensemble des 3 iles pour longtemps, après une dizaine d’années d’obscurité, aux conséquences gravissimes pour le quotidien des comoriens et pour notre économie.
La seconde est que nous pouvons alors et désormais, nous focaliser plus sérieusement et dans la sérénité, sur notre politique énergétique à moyen et long terme, en accélérant le mouvement pour que le projet de fuel lourd en cours, la géothermie à Ngazidja, l’Hydraulique à Anjouan et le solaire ou éolienne à Mwali, puissent être les énergies de l’avenir dans notre pays.
Nous avons relancé le grand chantier de construction et de réhabilitation des réseaux routiers, notamment à Anjouan et en Grande-Comore. Les projets d’adaptation aux changements climatiques, nous ont permis d’inaugurer tout récemment à Mohéli, l’adduction d’eau de Hoani-Mbatsé, pour une population de 5.400 habitants.
Des réformes en profondeur, ont été mises en œuvre, pour mettre notre l’Aéroport International Moroni Prince SAID IBRAHIM, aux normes internationales de l’OACI, notamment en le dotant d’une centrale électrique autonome, le sauvant ainsi, d’une mise aux bans et une fermeture inévitables.
Mesdames et Messieurs,
Nombreux étaient ceux qui doutaient de l’idée d’une Université des Comores et qui trouvaient mon idée irréaliste, lors de mon premier mandat. Et pourtant, et contre l’avis de presque tous, nous avons ouvert l’Université des Comores.
Je suis peiné de voir dans quel état se trouve l’UDC aujourd’hui. L’enseignement qui y était dispensé a été considérablement réduit. On n’y reçoit que des certificats au lieu des diplômes et le coût d’inscription y était jusqu’à cette rentrée, particulièrement élevé.
Notre mission première pour cette université fut donc de la rendre accessible pour tous les enfants comoriens. Aussi, dès la rentrée universitaire 2016, ai-je demandé au gouvernement, au Ministre de l’Education Nationale et au Président de l’Université de faire en sorte que le cout d’inscription soit réduit de 40%, le Gouvernement ayant pris l’engagement d’assumer la charge du manque-à-gagner pour l’Université des Comores.
La deuxième mission est de faire en sorte que notre Université ait sa place dans la famille universitaire de la région et du continent. Nous avons les moyens de le faire car nous sommes l’un des rares pays au monde à avoir ouvert une université sans avoir recours à des universitaires étrangers. Avec les extensions de l’UDC, sur différents sites, à Anjouan et Mohéli, hier, la remise prochaine des diplômes à la place des certificats et demain l’ouverture de cycle de formations professionnelles, nous avons donc acquis l’expertise nécessaire pour faire de notre université une référence africaine.
Mesdames et Messieurs,
Les Députés viennent de voter la loi de finance la plus audacieuse de notre pays, depuis son indépendance. Une loi de finance qui impose l’orthodoxie et la maitrise des dépenses d’une manière draconienne avec une baisse de 40%. Une loi de finance qui prévoit des investissements publics sur fonds propres. Une loi de finance qui soutient d’une manière forte, les communes qui sont les relais du développement et de la démocratie dans nos localités.
Je tiens à saluer, de la manière la plus solennelle, les Représentants de la Nation qui, malgré les aléas, ont montré un sens élevé des intérêts supérieurs de la Nation. Le vote à l’unanimité des élus du Palais du Peuple, est un message clair, auquel je suis très sensible. Il témoigne de leur volonté, similaire à la mienne, de nous rassembler autour de l’essentiel, pour construire un pays enviable, où il fait bon vivre.
Mes chers compatriotes,
A l’aube d’une année nouvelle, porteuse d’espérance et riche en bonnes perspectives pour les Comores, je vous demande, Comoriennes et Comoriens, comme vous le faites depuis le début de notre mandat, de croire en notre capacité à changer le devenir de notre pays.
Je demande à notre jeunesse qui a été dupée, à qui on a vendu des illusions, à qui on a offert de faux emplois, de contrats au rabais, de garder l’espoir.
En effet, mon combat premier est de lutter contre le chômage et j’en ai pris l’engagement devant vous et devant Allah : un Jeune, Un Emploi, j’y crois. Avec l’aide d’Allah et de vos invocations, je tiendrai ma promesse. Toutefois, je ne vous donnerai pas l’illusion de créer des emplois, qui ne seraient que fictifs ; je ne vous offrirai pas des emplois à ne rien faire. Je veux que ce pays vous offre des emplois valorisants et des emplois dans lesquels vous vous sentirez utiles à votre pays aujourd’hui et demain.
A cet effet, les signes sont prometteurs. J’en veux comme première preuve, un taux de croissance qui est passé d’à peine 1% à plus 2% en 7 mois, selon des chiffres du FMI ainsi que notre appel à l’investissement privé étranger qui a été entendu. Cela vient en appui à la politique de l’emploi que nous mettons en œuvre, pour lutter contre le chômage devenu structurel aux Comores.
Je réitère mon appel à nos frères et sœurs de la diaspora pour qu’ils participent d’une manière plus forte et plus visible à notre développement économique. Je leur demande de participer à la création d’entreprises et de micro-entreprises, notamment dans les nouvelles technologies et dans la micro-industrie.
Je sais que certains parmi nos compatriotes installés à l’étranger, ont déjà pris les devant et ont fait le pari du retour. Qu’ils sachent que tout sera fait par l’Etat, pour que leurs initiatives ne soient pas vaines et pour qu’ils puissent, demain, en être fiers et s’en féliciter.
Ceci est d’autant plus pertinent aujourd’hui, que nous sommes entrain de résoudre, durablement, un des problèmes cruciaux de notre diaspora : l’enclavement aérien de notre pays, avec l’arrivée dans le ciel comorien, d’une grande compagnie africaine et, bientôt d’autres compagnies, de droit comorien et étranger.
Mes chers compatriotes,
Nous avons opté pour une diplomatie active, basée sur le développement économique, avec des pays qui doivent être des modèles des Comores, y compris parmi nos voisins et nos partenaires traditionnels. Ainsi, le dialogue et la concertation, restent les mots-clés, du partenariat gagnant-gagnant, utile, efficace, qui répond aux nombreuses attentes de la population comorienne et que nous appelons de tous nos vœux.
L’heure de la mobilisation de tous est arrivée. Nul ne peut prétendre, pouvoir construire seul ce pays. L’alliance de la victoire qui a été salutaire au moment où notre pays risquait de basculer dans le chaos, doit évidemment se mobiliser encore plus fortement.
L’union des Comores est notre pays à tous. Chacun de nous y est investi d’une mission.
À l’aube de cette année nouvelle, j’appelle à la mobilisation générale pour que nous puissions, de manière concrète, capitaliser toutes les ressources et forces vives dont dispose ce pays, dans une dynamique de pays émergent.
Je vous demande de la manière la plus humble et la plus sincère d’accepter de soutenir l’action que nous menons pour le développement dont notre pays a besoin et accompagner les mesures et les réformes engagées au niveau de l’Administration Publique, pour sa compétitivité et son efficacité, notamment au niveau des douanes comoriennes, des services des impôts, de l’Education Nationale, de la Justice, entre autres réformes.
J’ai l’intime conviction, que nous sommes à l’aube d’une révolution de la modernité, d’une révolution des mœurs et des mentalités. Pour que nous soyons un pays moderne, il n’y a pas mille chemins. Nous devons sortir des archaïsmes du passé sans pour autant violer notre identité et ce qui fait notre fierté d’être comorien !
Comoriennes, comoriens, ici dans le pays et partout où vous vous trouvez dans le monde, je vous souhaite une bonne et heureuse année 2017 et je vous adresse mes meilleurs vœux, de santé, de bonheur, de réussite et de prospérité, pour vous-mêmes personnellement, dans vos foyers et sur vos lieux de travail !
Que l’année nouvelle soit porteuse d’espérance pour l’intégrité de notre territoire, l’unité nationale et le développement social et économique de notre pays.
Que 2017, soit propice à la paix et à la sécurité dans notre pays et dans le monde entier.
Vive la République
Vive l’Union des Comores dans la paix, la stabilité et le développement,
Je vous remercie
©Beit Salam