Aux Comores, nous avons la fâcheuse habitude de croire que les solutions aux mots dont souffrent notre pays incombent exclusivement à ceux ...
Aux Comores, nous avons la fâcheuse habitude de croire que les solutions aux mots dont souffrent notre pays incombent exclusivement à ceux qui nous dirigent. Il ne s'agit pas de les dédouaner mais de nous remettre en cause et de transformer notre perception.en effet,nous sommes à des degrés différents certes, pourvoyeurs de pistes de réflexion. Ou du moins essayons d'appliquer les mesures de correction de ceux là même qu'on désigné pour diriger le pays.
Je parlerai de la corruption. Nous sommes enclins à dénoncer les hommes supposés coupables d'actes de corruption mais en même temps dans nos machouhoulis, ils sont accueillis en grande pompe par les notables et sont installés au premier rang. Lorsque par "inadvertance" la justice les rattrape nous formons des délégations pour aller plaider la cause de l'enfant du village auprès du président.A sa libération les femmes chantent des "boras" à sa gloire et on observe une foule immense se ruer chez lui pour exprimer sa joie à la famille.
Photo d'archives. Ikililou reçoit une forte délégation du Hamahamet-Mboinkou ©hzk |
Nous mangeons tous le fruit de la corruption. Lorsque dans nos contrées ,un employé des"douanes " ou de" Comorestelecom" célèbre son mariage de façon ostentatoire , les villageois ne se posent pas la question de savoir où est ce qu'il obtenu tout cet argent alors qu'il n'est qu'un "petit" agent qui gagne à peine 75 000 FC/mois. Nous participons avec allégresse aux festivités et partageons cet argent acquis par le biais de la corruption.
Qui n'a jamais les réflexions telles que: toi tu n'arrivera à rien dans la vie. Ton voisin qui travaille depuis seulement deux mois a pu envoyer sa mère à la Mecque, faire de son oncle un "mrumdzima" et assume les frais de scolarité de ses neveux et nièces dans une école privée, sa femme fait des allers et retours incessants à Dubai. Toi tu es incapable de me donner 10 000 FC pour le mtsango wa mraya!! ces mots là sortent de la bouche de nos parents.
Des mosquées sont financées par des gens que l'on sait corrompus, mais on ne dit rien, et on veut que l'autorité publique seule endigue le fléau de la corruption par des actions judiciaires. Cela ne suffira pas. il faut une véritable prise de conscience collective et que notre société transforme son mode de fonctionnement sans renier les valeurs culturelles qui la caractérisent et intègre la tolérance zéro pour les actes de corruption.
Pourquoi ne pas imaginer exclure (lapva) les coupables d'actes de corruption de toute activité sociale et culturelle? refuser qu'ils puissent donner de l'argent pour des œuvres collectives ? Nous ne ferons que nous conformer aux préceptes de notre religion qui honnit l'injustice et la corruption.
Pourquoi ne pas organiser une large réflexion autour de la réforme du "anda" sans pour autant le supprimer afin d'atténuer les risque de corruption qui l'entourent. Une telle initiative doit émaner de la société civile et requiert l'appui des autorités.
La corruption existe parce qu'il y a des corrompus et des corrupteurs. Et la société comorienne abrité ces deux composantes. La lutte doit concerner simultanément ces deux composantes.