Le colonel Azali Assoumani, sauf coup de théâtre, devrait être le prochain président de la République des Comores. Ce sera, on le sait, con...
Le colonel Azali Assoumani, sauf coup de théâtre, devrait être le prochain président de la République des Comores. Ce sera, on le sait, contre la ferme volonté du président, Ikililou Dhoinine, qui soutient, comme tout le monde sait, le candidat, Mohamed Ali Soilihi dit « Mamadou », qui est son actuel vice-président. Mamadou est à l'origine de cet inexplicable troisième tour, parce qu'il espère qu'il lui portera bonheur grâce à des manœuvres diverses.
Un rappel, cependant, pour montrer qu'il s'agit d'un enjeu somme toute très limité : en tout et pour tout, 6.305 électeurs sont appelés à voter dans 13 bureaux de votes, pour départager les trois candidats admis à concourir pour ce troisième tour.
Le candidat Azali Assoumani dispose, déjà, d'une nette avance de 2.144 voix car il était sorti premier, à l'issue du deuxième tour, avec 40,98% des suffrages. Il est suivi par Mamadou (le candidat du pouvoir) qui n'avait obtenu que 39,87%, et de Mouigni Baraka (19,15%).
2.144 voix sur les 6.305 électeurs appelés à voter, donnent une solide réserve de voix au candidat Azali Assoumani. Mais, malgré cette avance consistante, ce dernier ne s'est pas reposé. Il a battu campagne, comme jamais, jour et nuit, demandant et obtenant des soutiens des personnalités, parmi les plus influentes du pays, comme l'ancien président, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi (2006-2010), ou encore, l'actuel maire de Moroni, Mohamed «Kiki » Daouda. Azali n'a rien négligé. Il a mis toutes les chances de son côté.
Sentant la fraude venir à grands pas, la présidente de la Commission de l'Union africaine, Xhosazana Dlamini-Zuma, a dépêché comme représentant personnel devant superviser ce scrutin partiel, Me Barthélémy Kéré. Président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) du Burkina Faso, Me Kéré avait permis une organisation parfaite de l'élection présidentielle du Burkina Faso, l'année dernière, au moment où beaucoup de menaces pesaient sur le processus. Il est venu aux Comores avec une vingtaine d'experts de l'Union africaine et a entrepris, depuis, lundi, 9 mai, de rencontrer ses partenaires en vue de la bonne tenue de cette élection partielle. Autant dire que la fraude ne passera pas.
Dans le camp de Mamadou, c'est l'opération de la dernière chance. Un véritable sauve qui peut ! Alors qu'il est candidat au même titre que les deux autres prétendants au poste de président de la République, Mouigni Baraka, toute honte bue, a appelé à voter pour Mamadou, le candidat du pouvoir. C'est la première fois qu'on assiste à une élection présidentielle où le candidat dit à ses électeurs : « Je me présente mais ne votez pas pour moi. Votez pour mon adversaire ! ». A quel prix s'élève ce curieux marchandage qui ne fait pas honneur au candidat Mouigni Baraka ?
Dans le cas Azali, on est très confiant : les manœuvres du pouvoir (qui ont suscité ce troisième tour) ne feront pas changer la victoire de camp. La victoire a déjà élu domicile dans le camp d'Azali. Elle y restera.
Mme Zuma et Ban Ki-moon (qui avait eu à féliciter la CENI et Azali le vainqueur avant que la Cour constitutionnelle ne décide de cette partielle) accompagnent, rigoureusement, le processus, en évitant que le pouvoir d'Ikililou Dhoinine ne fasse basculer les Comores dans une nouvelle crise dont personne n'a besoin, ni à l'Union africaine, ni aux Nations-Unies.
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