Les Comoriens de France constituent une des plus importantes diasporas malgré leur faible implication sur la scène sociale et politique. ...
Les Comoriens de France constituent une des plus importantes diasporas malgré leur faible implication sur la scène sociale et politique. Remontant des années 1940-1950, à l’instar des migrations africaines, le rythme s’est largement accentué à la fin du siècle dernier par la diversification des projets et des profils migratoires. Ce phénomène a rendu de plus en plus visibles les Comoriens de France à travers les pratiques coutumières et cultuelles mais aussi et surtout par un dynamisme associatif et une entrée en politique d’une jeunesse diplômée.
Ainsi, depuis les premières élections démocratiques en 1990 à aujourd’hui où la fameuse « tournante » fait florès, l’élite politique issue de l’immigration a toujours eu son mot à dire dans les pratiques électorales en se faisant directement ou indirectement représenter dans les partis politiques. Si, en 2010, dans une communication portant sur la sociologie électorale et partis politiques aux Comores, A. Boina montre que les partis politiques aux Comores sont un phénomène nouveau et que l’inexistence de partis cadres ou partis de masse selon l’approche de Duverger, est très significative, les partis personnifiés sur l’image d’un leader ou les partis régionalistes s’effritent et sont appelés à disparaître. L’engagement populaire et les pratiques politiques des années 1980-1990 ont laissé la place à un « militantisme à la carte » où chacun s’engage selon ses affinités affectives ou matérielles. Se manifeste alors auprès des Comoriens en France un fort engagement véhiculé par l’usage d’internet et des réseaux sociaux.
Alors que les campagnes des présidentielles tournent à l’enjeu national sur la presse internationale et la plate forme numérique, l’usage des réseaux sociaux permet-il l’émergence de nouveaux acteurs porteurs d’idées innovantes pour les Comores et proche du terrain électoral ? L’usage du numérique est-il l’expression d’une expérimentation démocratique fondée sur une culture contestataire ou provocante ? Dans leurs stratégies de campagne, les candidats, les partis et surtout les militants ont bien intégré l’usage de Facebook et des blogs. Il n’est pas un candidat qui ne présente pas sa parole sur Internet, dans le cadre de dispositifs combinant de multiples médias. Dans cette longue période électorale, les tendances observées montrent une évolution des usages numériques par les prétendants à la magistrature suprême. Si en France, les sites internet et Twitter restent efficaces pour les candidats aux municipales, les Comoriens font recours à Facebook, réseau social le plus accessible et le plus utilisé par des électeurs sensiblement jeunes et qualifiés.
Facebook et usage numérique : nouvelle forme de socialisation politique
Dans la fièvre de cette campagne électorale, l’usage du numérique a joué un rôle essentiel, incontournable pour se rapprocher des électeurs. Tous les candidats, du plus populaire au moins célèbre en passant par les novices presqu’inconnus, ont privilégié la communication électronique pour tenter de convaincre des citoyens sans droit de vote d’une part et sans véritable accès à Internet, d’autre part. Les premiers, en terre d’immigration, ont vu s’interrompre subitement leur rêve d’accomplir un tel devoir civique par le projet de vote de la diaspora.
Les seconds, citoyens de seconde zone, sont inscrits sur les listes électorales et ont un accès très limité à Internet, à cause des difficultés relatives à son usage vulgarisé aux Comores. Pratique sociale généralisée auprès de toutes les couches sociales en France, hantise d’une nouvelle génération d’élite universitaire et politique, vecteur d’identification d’une jeunesse en quête de repères, Facebook s’est largement distingué en véritable place publique où se combinent vidéos et images de meetings, programmes de campagne, mais aussi anathèmes, invectives et brutalité du discours et du langage politique. LIRE LA SUITE DU TEXTE