Des violences urbaines ont éclaté dans la nuit de lundi à mardi à Mamoudzou, en marge de la grève générale lancée depuis plus de deux semai...
Des violences urbaines ont éclaté dans la nuit de lundi à mardi à Mamoudzou, en marge de la grève générale lancée depuis plus de deux semaines par une intersyndicale. Le Figaro fait le point sur la situation dans l'île.
Mayotte paralysée. Depuis le 30 mars, le 101e département français dans l'Archipel des Comores, situé à plus de 8000 km de la métropole, est touché par une grève générale de grande ampleur. Alors que des violences ont éclaté dans la nuit de lundi à mardi, un appel au calme et à la patience a été lancé par la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin. Le point sur la situation:
• Un souhait: l'égalité réelle avec l'Hexagone
Un conflit social oppose depuis deux semaines les autorités mahoraises et plusieurs syndicats revendiquant «l'égalité réelle» entre la métropole et le département d'outre-mer. Les grévistes réclament par exemple l'alignement des allocations familiales et des autres prestations sociales au même niveau qu'en métropole, la lutte contre l'insécurité qui dégrade les conditions de vie à Mayotte, la construction des nouvelles infrastructures scolaires, mais aussi l'application du code du Travail national et l'abandon du projet de loi El Khomri le réformant.
«Chaque jour qui passe est un jour où la situation de Mayotte se dégrade tant en matière d'insécurité, d'instruction, d'accès aux soins,… (…) Nous ne pouvons plus accepter, Monsieur le président, de voir ces milliers d'enfants errer dans nos rues, dans nos villages visitant les poubelles afin de pouvoir se nourrir et pour d'autres participer à des actes de délinquances quotidiens très certainement pour les mêmes fins», pouvait-on ainsi lire dans une pétition signée par plus de 12.000 personnes fin février, soit près de 10% de la population de cette île devenue un département français en 2011.
Ces revendications ne datent pas d'hier. Dès novembre dernier, et la venue de la ministre des Outre-mer sur l'île, une première grève, émaillée de débordements, avait eu lieu. Un mouvement stoppé par la proclamation de l'Etat d'urgence, à la suite des attentats du 13 novembre.
• Des violences en marge des manifestations
Des violences ont éclaté dans la nuit de lundi à mardi à Mamoudzou, chef-lieu du département, en marge de la grève. De jeunes personnes cagoulées ont notamment caillassé des habitations et saccagé de nombreuses voitures. «On est sorti pour constater les dégâts, notamment des gros cailloux lancés sur les véhicules, et certains d'entre nous n'avaient que leurs yeux pour pleurer, c'est l'impuissance de notre part et aussi de la part des forces de l'ordre, on ne sait pas comment sortir de cette situation», a déploré Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire départemental SNUipp-FSU.
La préfecture de Mayotte a précisé qu'il s'agissait d'affrontements entre «bandes rivales», qui ont provoqué des dégâts matériels - 85 véhicules saccagés - et fait au moins un blessé. Un rassemblement d'habitants s'est tenu mardi sur la place centrale de Mamoudzou pour dénoncer les violences ayant eu lieu la veille dans leur quartier.
• Graves perturbations sur l'île
Depuis le lancement de la grève générale, l'île située dans l'Archipel des Comores est confrontée à de graves perturbations, notamment avec le blocage des principales routes. Les activités économiques fonctionnent partiellement ou au ralenti au grand dam de nombreux entrepreneurs qui n'ont pas hésité mardi à s'en prendre verbalement à des leaders syndicaux.
«Est ce que vous êtes contents de la paralysie du département que vous provoquez et du manque à gagner que nous, entrepreneurs, nous subissons? Comment allons-nous pouvoir payer nos salariés à la fin du mois?» a demandé un employeur du secteur privé au bord de la crise de nerfs, au responsable syndical SNUIPP-FSU Rivo Rakotondravelo.
En outre, les premières craintes de pénuries se sont fait ressentir dimanche. De nombreux habitants du sud de l'île ont commencé à faire des provisions en se ruant dans les magasins, révèle la chaine locale Mayotte 1ère. Certaines écoles sont aussi touchées par des fermetures, faute de transports scolaires notamment.
• Un appel à la patience
«Nous avons le plan Mayotte 2025 avec construction d'écoles, mise en place de l'assainissement. Nous avons prévu environ 300 millions pour ce plan. La volonté est là. Mais il faut faire une chose après l'autre. Par exemple concernant le code du travail, il faut l'appliquer à Mayotte aux entreprises telles qu'elles existent. Quasiment tous les quinze jours vous avez une ordonnance du Conseil des ministres qui instaure à Mayotte une partie du code du travail», a lancé mardi la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin sur France O.
«Dans un premier temps il faut qu'il y ait rétablissement de l'ordre. Ensuite on va ajuster en fonction de la situation. Vendredi matin les directeurs de cabinet des ministères concernés vont rencontrer les syndicalistes pour faire le point. Et la semaine prochaine, il y aura un retour à Mayotte de la mission du ministère du Travail qui examine ces questions de rattrapage, de cotisations sociales et de retraites», a-t-elle ajouté.
Par William Plummer - lefigaro.fr
Par William Plummer - lefigaro.fr