Vers le deuxième quart du XVIIIème siècle, le penseur d'origine irlandaise, EDMUND Burke disait que "la seule chose qui permet au ...
Vers le deuxième quart du XVIIIème siècle, le penseur d'origine irlandaise, EDMUND Burke disait que "la seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien".
Le spectacle intitulé les "Barbuffes" écrit par SAST et interprété à l'Alliance française de Moroni le 27 Février dernier par moi-même, papa Kais, Sitty Thouraya, Said Mahamoud et Hadji Ibrahim Saifillah a suscité un débat houleux dans nos rues, mosquées et places publiques.
En effet, le sujet parle des groupuscules des personnes qui agissent au nom de l'islam et selon eux reçoivent des directives venant directement de l'ange Djibril et interprète le coran à leur guise. Voyant cette dérive, l'artiste se doit comme le Fundi Wa Dini ou autre esprit éclairé de prouver son engagement.
Il y a eu une très grande confusion à propos de l'interprétation du spectacle. Alors plusieurs questions traversent ma tête. Est-ce que l'islam est celui prônait par Boko Haram ? Cet islam qui consiste à enlever des centaines des jeunes filles et les épouser par la force ?
L'Islam est celui qui consiste à faire exploser des bombes dans des mosquées pendant les heures de prières et puis recueillir les fidèles échappant à l'explosion à coup de rafales des kalachinkoffs ? Donneriez-vous raison à ces chefs de groupes qui réclament incessamment la mise en place des Etats islamiques partout dans le monde sans tenir compte des preceptes de l'islam ? Certes cela ne se passe pas chez nous comme le proclamait un Fundi de la place. Ce Fundi oublie qu'aujourd'hui, nous vivons dans un village planétaire.
Faut-il lui rappeler que "le passage de l'espace géographique au cyberespace, du capitalisme industriel au capitalisme culturel et de la logique de la propriété de l'objet à celle de l'accès au service, nous oblige à reconsidérer intégralement la notion géographique de "CHEZ NOUS ?" Ce passage nous permet de revoir aussi la nature du contrat et du discours social bien établi par la religion musulmane. C'est donc dire des rapports sociaux entre humains de même religionظنوا بالمؤمنين خيرا... littéralement cela veut dire "pensez du bien aux croyants
L’on ne réalise rien de grandiose tout seul. Les exploits les plus retentissants se font en impliquant les uns et les autres, en suscitant une adhésion fondée sur des convictions.
A mon avis c'est sur cette base que les Imams et Hatubs de nos mosquées de vendredi prêchent leur Hutba afin de gagner l'adhésion massive du peuple comorien à leur cause. Je suis convaincu que je suis un musulman fervent. Je ne dénigre pas cette religion qui m'a élevé et instruit. Et mes semblables non plus. Je me pose seulement ces questions par rapport aux pratiques que certains véhiculent. Ces questions trouvent l'adhésion de bons nombres des personnes qui réfléchissent comme moi. Cela dit, je voudrai témoigner ici avec le plus grand respect que je dois à Monsieur Abou Amar Al-Kamar de Bangwa lacuste et Al-Oustadh, Al- Imam, Al- Hatub Ibrahim salim.
Le premier nous a qualifié de mécréant parce que nous avons interprété les "Barbuffes". Tandis que le second trouve normal qu'un musulman fasse des pêchés à profusion sans être inquiéter. Je voudrai les rappeler ici que le prophète Muhhammad Soil Allahou Anlahi Wasalama disait dans un hadith "من رأى منكم منكرا فليغيره... إلى آخر الحديث …." Quiconque parmi vous constate un abus, qui le dénonce…etc.
C'est en partance de ce hadith et de la pensée citée en paragraphe 1 que nous avons interprété les Barbuffes. Cette pièce de théâtre n'a rien d'insultant à l' égard de l'islam, du coran, du prophète ni encore moins à une méconnaissance de ses préceptes. Ce n'est rien d'autre qu'un engagement artistique ; une fiction.... C'est un Dars ; une leçon sur une scène théâtrale comme un tout autre Dars à la mosquée. Je vous invite à lire avec méditation l'extrait de l'ouvrage "De l'instruction du peuple" disponible aux EDITIONS DJAHAZI.
" Le théâtre peut, ainsi, être un miroir révélateur qui brise l’unité́ affichée et montre tout ce qu’elle a de factice. Il ouvre les deux yeux des spectateurs et favorise le dédoublement autocritique.
Les autorités monomaniaques le redoutent et le marginalisent. D’ailleurs, ils détestent le chiffre deux (de la dialectique) et le diable, cet animal au pied fendu (dia = deux). Champions de la pensée unique, ils ne veulent voir qu’une seule tête et même qu’une seule jambe... Mais les artistes, plus lucides, utilisent ce miroir pour montrer les vérités dérangeantes. Car ils vont au-delà̀ du paraître et touchent au fond de l’être qu’ils interrogent. Alors, le peuple spectateur peut voir et observer les défauts et les ridicules : puissants tyranniques, faibles serviles, corrompus et corrupteurs, vieillards libidineux, jeunes vaniteux, femmes calomnieuses...
Le théâtre et la mosquée sont deux outils politiques qui renvoient à l’art de gouverner. Le premier est révélateur et réformateur, le second est foncièrement conservateur. L’Arabie saoudite finance la construction des grandes mosquées mais jamais celle des théâtres. Car il faut surtout engourdir les peuples-sujets ou les acheter, mais non pas les éveiller..."
Mohamed Mboreha Selemane