Azali, Mamadou ou Mouigni ? L’impossible pronostic - Suite Mouigni , bien qu’il soit trop gourmand et avide de pouvoir, reste un candidat...
Azali, Mamadou ou Mouigni ? L’impossible pronostic - Suite
Mouigni, bien qu’il soit trop gourmand et avide de pouvoir, reste un candidat redoutable : son parti était arrivé premier dans sept circonscriptions de Ngazidja aux dernières législatives, il a beaucoup d’argent qu’il a réuni depuis au moins trois ans qu’il se prépare à cette échéance. Mais il a tout de même perdu quelques soutiens et son parti n’a pas échappé aux démons de la division symbolisée par les candidatures de Djaé Ahamada Chanfi et Youssouf Madi au poste de gouverneur de l’île de Ngazidja.
Mouigni, bien qu’il soit trop gourmand et avide de pouvoir, reste un candidat redoutable : son parti était arrivé premier dans sept circonscriptions de Ngazidja aux dernières législatives, il a beaucoup d’argent qu’il a réuni depuis au moins trois ans qu’il se prépare à cette échéance. Mais il a tout de même perdu quelques soutiens et son parti n’a pas échappé aux démons de la division symbolisée par les candidatures de Djaé Ahamada Chanfi et Youssouf Madi au poste de gouverneur de l’île de Ngazidja.
Azali, bien qu’il ait pris un très grand risque en se présentant à ces élections (un ancien président qui redescend dans l’arène politique !), dispose d’un large électorat réparti dans les quatre coins du pays (il a gouverné le pays : il a donc distribué postes et prébendes à plusieurs personnes et régions et peut en plus se faire prévaloir d’un bilan). Un rappel : la CRC fut au second tour dans quatre circonscriptions lors des dernières législatives, éliminé de peu dans le Bambao et s’en est sorti avec deux députés. Il est par ailleurs tout à fait envisageable qu’Azali dispose d’un budget de campagne conséquent. Plusieurs épines demeurent tout de même dans ses pieds : le choix modérément judicieux de ses candidats, la candidature dissidente de Maoulana Charif, un problème patent d’alliances, les trois candidatures concurrentes qu’il doit affronter dans sa région qui ne compte d’ailleurs qu’un peu plus de 12000 électeurs et le fait que la CRC a toujours mis la main à la poche beaucoup trop tard dans les élections auxquelles elle s’est présentée et qu’elle a d’ailleurs toutes perdues. N’y a-t-il pas au demeurant un lien de cause à effet ?
J’ai cependant toute la peine du monde à croire que Fafamy puisse être parmi le trio de tête. Car ce candidat, seul rescapé de l’ancienne assemblée nationale, dispose d’un vrai électorat dans sa région. Mais cette fois-ci, il est vraiment concurrencé par plusieurs candidats : Mouigni, Salim Sandi, Dia, Said Hamidou Allaoui et Djanfar Ahmed Said. Il compte sur l’électorat de Sambi situé majoritairement à Moroni. Mais la capitale présente trois candidats : Kiki, Charif et Elback. Un autre rappel : Sambi n’a pas pu faire élire son candidat à Ngazidja même quand il était au sommet du pouvoir et de sa popularité. Comment oublier que Djanfar, candidat de Sambi au poste de gouverneur de Ngazidja en 2011, et actuel vice-président de Fahamy, fut sèchement battu et relégué, si mes souvenirs sont bons, à la huitième place ? Comment croire que les électeurs de Ngazidja pourraient se laisser encore une fois manipuler par Sambi après les contre-performances d’Ikililou Dhoinine qu’il a fait élire ? Mais il y a une évidence qui persiste : Sambi reste faiseur de roi à Anjouan.
Alors ? Qui récupérera les clés de Beit Salam au soir du 26 mai prochain ? Impossible pronostic et charme des élections ! Azali, Mamadou ou Mouigni ? Azali semble le plus populaire à Anjouan en dehors de Sambi (beaucoup d’anjouanais se souviennent encore qu’il a interrompu une guerre civile dont ils auraient été les premières victimes et qu’il a également beaucoup œuvré contre le séparatisme) ; Mouigni pourrait bénéficier de l’appui de Sambi au second tour pour barrer la route à Mamadou et à Azali ; et Mamadou, s’il arrive à se positionner premier des trois qualifiés, avec les moyens considérables dont il dispose, avec le soutien d’Ikililou Dhoinine, avec la tentation grégaire de l’électorat comorien (suivre le candidat qui pourrait gagner), pourrait créer un large rassemblement et une forte dynamique difficile à interrompre : le pays pourrait ainsi être gouverné par l’homme le plus impopulaire de la classe politique comorienne.
J’ose espérer que l’armée nationale, composée aujourd’hui de personnes de plus en plus qualifiées, ne se laissera pas instrumentaliser par qui que ce soit car si jamais le choix des Comoriens, même suicidaire, n’était pas respecté, elle porterait entièrement la responsabilité de la crise post-électorale qui pourrait s’en suivre. Car à Ngazidja, personne n’admettra des élections truquées.
Nassurdine Ali Mhoumadi, docteur ès Lettres, essayiste, fondateur et premier directeur du groupe scolaire Léopold Sédar Senghor (Nioumadzaha Bambao), ancien enseignant à l’Université des Comores, ancien chroniqueur à Albilad, est professeur de Lettres modernes dans la région lyonnaise.