Le Président de l’Union des Comores en signant ce 23 novembre 2015, le décret n° 15-184-PR portant convocation, du corps électoral pour l’é...
Le Président de l’Union des Comores en signant ce 23 novembre 2015, le décret n° 15-184-PR portant convocation, du corps électoral pour l’élection du Président de l’Union et celles des Gouverneurs des iles Autonomes a enterré définitivement « la tournante mahoraise ». Après Mohéli, Mayotte ne bénéficiera pas de sa tournante. Ziari Mmadi et Youssouf Moussa, des fervents défenseurs mahorais de l’unité nationale des Comores ont dénoncé la semaine dernière, dans une conférence de presse tenue cette semaine à Moroni « l’absence de débat national sur la tournante devant échoir à l’ile de Mayotte » et l’hypocrisie de la classe politique comorienne sur cette importante question. Ziari Mmadi qui s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2016 a déploré l’absence de réponses de la part des autorités à ses différentes lettres portant sur la tournante de Mayotte.
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Lors de la campagne électorale des élections des représentants de la nation, des conseillers des îles et des conseillers communaux du 25 janvier et 22 février 2015, dans une lettre ouverte signée le 18 janvier 2015, les anciens dignitaires du pays surnommés « les dinosaures » et qui ont milité pour l’indépendance de notre pays (Said Hassane Said Hachim, Abdou Razak Abdoulhamid, Dr Mouhtare Ahmed Charif, Ali Mlahaili, Abdallah Halifa et Ali Mroudjaé) avaient prôné encore une fois, « la tenue des primaires de l’élection présidentielle de 2016 à Mayotte ». Ils avaient déclaré dans cette lettre ouverte que « l'organisation des primaires de 2016 en vue de l'élection présidentielle doit impérativement se dérouler à Mayotte, conformément à la Constitution comorienne, laquelle a institué la TOURNANTE comme mode de désignation du Président de l'Union ».
Les dinosaures avaient appelé au nouveau parlement, issu des élections des mois de janvier et février 2015, d'adopter une résolution ferme autorisant le Président actuel de l'Union d'aller informer la Communauté internationale de la tenue des primaires en 2016 à Mayotte. Le nouveau parlement installé dans la confusion n’a jamais étudié cette question. Le Gouvernement dans son conseil des ministres du 19 aout 2015 avait déjà d’enterré « la tournante mahoraise » en avalisant le calendrier des scrutins des gouverneurs des iles et du Président de l’Union des Comores proposé par la CENI (La Commission Electorale Nationale Indépendante). En violation flagrante de l’article 13 de la constitution et des lois organiques du 4 juin 2005 et 6 septembre 2010, la prochaine tournante du primaire de l’élection présidentielle de l’Union des Comores de 2016 se déroulera à la Grande Comore selon le décret du Chef de l’Etat signé ce 23 novembre 2015.
Nous étions dans ce blog parmi les pionniers du combat de la tournante au profit de Mayotte en réaffirmant dès 2010, la nécessité, de respecter les dispositions de l’article 13 de la constitution comorienne. Cette position nous a valu des insultes, des critiques de certains compatriotes et des attaques notamment de la part des lecteurs mahorais dont certains affirmèrent que ce blog « augmentait » leur haine vis-à-vis des « comoriens ». Et ce billet va sûrement faire plaisir aux défaitistes de tout poil, qui estiment que la question de Mayotte est déjà réglée avec sa départementalisation en 2011.
Pour contourner l’obstacle de l’organisation matérielle des primaires de l’élection présidentielle 2016 à Mayotte, à l’heure des nouvelles technologies de l’information, nous avons avancé dans ce blog l’idée d’organiser les primaires avec un vote électronique (e-voting) au profit de tous les électeurs mahorais disposant d’une carte d’identité comorienne. En effet, ils sont des milliers, les mahorais qui disposent de la carte d’identité comorienne et le Ministère de l’intérieur dispose de ce fichier qui pourra constituer l’ébauche d’une liste électorale. Il appartenait aux pouvoirs exécutif et législatif, de rendre cette option possible pour faciliter la tenue des primaires dans cette ile sous administration française quitte à modifier l’article 44 de la constitution. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Pour rappel cet article 44 de la constitution dispose que « Les institutions de Maoré (Mayotte) seront mises en place dans un délai n’excédant pas six mois à compter du jour où prendra fin la situation qui empêche cette île de rejoindre effectivement l’Union des Comores. La présente Constitution sera révisée afin de tirer les conséquences institutionnelles du retour de Maoré (Mayotte) au sein de l’Union ».
L’idée de la tournante au profit de Mayotte ne fait plus l’objet de débats. Aucun débat national n’a été organisé pour discuter de l’impossibilité d’organiser la primaire de l’élection présidentielle à Mayotte. Nos hommes et femmes politiques comoriens, continuent de revendiquer, les mains sur leurs cœurs, le retour de Mayotte dans son giron naturel, sans pour autant formuler des propositions concrètes pour intéresser les compatriotes mahorais à la vie politique du pays.Si le combat du retour de Mayotte dans son giron naturel était sincère, nos hommes politiques auraient dû réfléchir sérieusement, sur les dispositions juridiques exceptionnelles pouvant faciliter la tenue des élections primaires qui pouvaient avoir lieu soit à Mayotte après la tournante de Mohéli soit dans toute autre partie du territoire national, pour le choix des candidats de l’île de Mayotte qui se porteraient candidats à la magistrature suprême après révision de la constitution. Le Chef de l’Etat a déclaré au mois de septembre dernier, devant l’Assemblée Générale des Nations Unies qui a accueilli le nouvel Etat Comorien composé de 4 iles. le 12 novembre 1975, que la primaire de l’élection présidentielle aura lieu à la Grande Comore.
Ainsi, la tournante mahoraise est bien sacrifié, enterrée bien que le 18 septembre 2010, la cour constitutionnelle ait reconnu à l’île de Mayotte son droit de disposer d’un Vice-président. Les candidats à la prochaine élection présidentielle n’auront pas de Vice-présidents issus de l’île de Mayotte. Et pourtant l’article 1er de la constitution de l’Union dispoque l’Union des Comores est une République, composée des îles autonomes de Mwali (Mohéli), Maoré (Mayotte), Ndzuwani (Anjouan), N’gazidja (Grande Comore). Et avant d’entrer en fonction le Président de l’Union et les Vice-présidents prêtent serment devant la Cour constitutionnelle selon la formule suivante et en comorien: « Je jure devant Allah, le Clément et le très Miséricordieux de fidèlement et honnêtement remplir les devoirs de ma charge, de n’agir que dans l’intérêt général et dans le respect de la Constitution ».
Le 23 novembre 2015 : une journée noire pour les défenseurs de l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores. Mais le combat continue !