Elle est toute jeune certes mais elle a la lourde responsabilité d'enseigner aux mahorais l'histoire de leur île. Aux archives dépa...
Elle est toute jeune certes mais elle a la lourde responsabilité d'enseigner aux mahorais l'histoire de leur île. Aux archives départementales de cette île comorienne sous administration française, Abdallah Ali Latufat inculque aux enseignants, aux étudiants et aux particuliers le passé de Mayotte. Autrefois enseignante d'Histoire, elle a aussi participé à l'alphabétisation de la femme mahoraise.
A 35 ans seulement, Abdallah Ali Latufat est en phase de devenir la mémoire de Mayotte. Pour connaître l'histoire de cette île comorienne sous administration française, pas la peine d'aller plus loin. Il suffit tout simplement de la consulter. Une histoire qu'elle professe tous les jours aux élèves, aux étudiants et même aux enseignants. "Mon travail consiste à : mettre en relation les archives avec les jeunes de Mayotte, mais également à former les enseignants pour inculquer l’histoire de Mayotte et de la région océan Indien occidentale aux élèves et étudiants de l’île, ainsi qu’à sensibiliser les jeunes à la conservation et à la sauvegarde du patrimoine mahorais ", martèle cette femme qui travaille aux Archives départementales de l'île. De ce travail, elle produit des revus et des outils pédagogiques afin que les jeunes de Mayotte s’approprient leur histoire.
Cet enseignement de l'histoire de Mayotte est en réalité une suite logique de ce qu'elle a entrepris depuis son retour de la France après ses études supérieures. Cette native de M'tsapéré a d'abord offert ses services à l'association mahoraise "Les Doigts d’Or" qui militait pour les droits de la femme, notamment en les formant. Elle a participé à l'encadrement des femmes déscolarisées de l'île. "Je faisais de l’alphabétisation pour des personnes à la recherche d’emploi, essentiellement des femmes, et des jeunes déscolarisés, ainsi que des formations professionnalisées", se souvient avec fierté cette femme mariée et fraîchement maman d'une fille. Et par la suite, cette jeune qui tient ses origines de Ngazidja, d'Anjouan, Madagascar et bien sûr Mayotte a enseigné l'histoire au collège.
Mais Abdallah Ali Latufat, c'est aussi l'histoire d'une femme amoureuse de son île. Après des études supérieures en France, alors que d'autres restent pour y travailler, elle était impatiente de rentrer sous les cocotiers pour servir son île. "Je n’ai jamais conçu de vivre ailleurs qu’à Mayotte. Après mes études supérieures en France, la question ne s’est jamais posée de rester travailler là-bas car je savais que Mayotte demeure et demeurera toujours mon chez moi", explique cette médiatrice culturelle, responsable du service éducatif et culturel. "J’ai envie de laisser ma marque sur ce territoire, en travaillant, en outre, à développer la recherche scientifique en Sciences Humaines, surtout en Histoire, et ce par le biais des universités de la région océan Indien occidentale" conclut cette épouse d'un mari grand-comorien.
Salwa Mag