Le Procureur présente un sévère réquisitoire contre la BDC avant de devenir son avocat Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Président du Parti de l’En...
Le Procureur présente un sévère réquisitoire contre la BDC avant de devenir son avocat
Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Président du Parti de l’Entente comorienne (PEC) et candidat à l’élection présidentielle comorienne de 2016, est un homme heureux, et nous devons lui présenter nos sincères félicitations parce qu’il a été capable de triompher des obstacles ignobles du Gouverneur Mouigni Baraka de la Grande-Comore, qui n’avait eu de cesse de lui glisser des peaux de banane au cours des dernières élections législatives, puisque l’enjeu principal de scrutin était la conquête du leadership dans la région d’origine des deux acteurs politiques antagoniques précités, la région d’Itsandra.
Seulement, au moment où nous présentons ces sincères félicitations à Maître Fahmi Saïd Ibrahim, il a tout de même fallu revoir la vidéo de la présentation solennelle de sa candidature à la députation sur Facebook. Nous retrouvons cette vidéo sur Youtube (youtube.com), où elle a été postée le 22 novembre 2014. Dans cette vidéo, on voit le Président du PEC se livrer à une attaque en règle contre le gouvernement actuel, en raison de sa gouvernance, qu’il dit condamner. Il a évoqué de nombreux sujets sur lesquels il est en désaccord total avec le régime politique actuel: utilisation de l’argent de «citoyenneté économique» et des pavillons de complaisance, restriction des libertés publiques, système de santé défaillant et malade, etc.
Tout ça est bien dit, et nous l’en félicitons une fois de plus, surtout quand il dit que le peuple a le droit de critiquer les dirigeants, sans que cela ne soit considéré comme des injures. Seulement, il y a un grand problème et un décalage très grave entre le discours du Président du PEC et sa pratique politique et professionnelle elles-mêmes. En effet, dans sa déclaration solennelle de candidature à la députation, Maître Fahmi Saïd Ibrahim s’est livré à une charge très sévère contre Marc Athiel, Directeur général de la Banque de Développement des Comores, qu’il évite soigneusement de citer nommément, et contre la Banque elle-même. Il parle même de «conflit d’intérêts» et de «délit d’initié», des notions très graves dans la bouche d’un avocat. Et voilà que les Comoriens se lèvent le matin et découvrent que Maître Fahmi Saïd Ibrahim est devenu l’avocat de cette même Banque, qu’il accuse de «conflit d’intérêts» et de «délit d’initié».
Il y a manifestement une incohérence dans cette affaire parce qu’un avocat qui accuse une Banque de choses aussi horribles et inacceptables, en prenant l’engagement «devant Dieu et devant les Comoriens de défendre les intérêts des Comores», cela n’est pas clair et fait désordre. Quand on veut devenir avocat, dès le premier jour, on reçoit l’assurance suivante de la part de ses formateurs: un avocat ne peut pas défendre une cause qui heurte sa sensibilité et ses convictions, et a toute latitude pour choisir et rejeter les dossiers qu’on lui présente. Il n’est pas un médecin ou un pharmacien, qui doit mettre sa compétence au service de tout patient, sans distinction. En France, il prête le serment suivant: «Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité». Il n’a donc aucune obligation à défendre qui il ne veut pas. C’est clair, non?
Mais, que dit Maître Fahmi Saïd Ibrahim au cours de sa déclaration solennelle de candidature? Voici ce qu’il dit au sujet de la Banque de Développement des Comores, et il s’agit d’une traduction intégrale en français de son discours en comorien: «Il y au aussi la Banque de Développement des Comores, qui a été vendue, qui a été donnée aussi dans une voie, en réalité, il faut que nous nous demandions comment. Aujourd’hui, la Banque de Développement a été donnée à une société. Mais, nous devons nous demander comment. Aujourd’hui, la Banque de Développement des Comores a été donnée à une société, mais ce qui dérange un peu, c’est que l’homme qui dirige la Banque de Développement, c’est un Français qui est là, c’est l’homme qui faisait lui-même les appels d’offres, qui préparait les appels d’offres restreints qui étaient faits, et qui a donné aux étrangers à qui a été donné la société. Sur cette société, je veux rappeler une chose: la société qui a pris la Banque de Développement aujourd’hui, le chef, son propriétaire aujourd’hui, était le dirigeant de l’AFD [Agence française de Développement] hier, quand on prêtait l’argent à la Banque de Développement. Vous voyez qu’il y a un conflit d’intérêts.
Mais, il y a également un délit d’initié parce que l’homme qui était là, à la Banque de Développement, au cours des 5, 6, 7 ans qui précèdent, qui préparait les appels d’offres et qui l’a donné à cette nouvelle société, c’est lui qui a été nommé chef, le Directeur général de la Banque de Développement, parce qu’elle est privatisée aujourd’hui. Vous voyez que ce n’est pas légal et cela prouve que les choses ne se sont pas passées comme il fallait. Vous voyez que c’est pourquoi nous qui faisons de la politique, nous avons le devoir d’expliquer que ce n’est pas bien parce qu’il y a une mauvaise gestion, mais il y a des questions difficiles qui frappent notre pays aujourd’hui au sujet de la Santé publique. […]. Je prends l’engagement devant Dieu et devant vous que, ce que nous ferons, mais pour défendre l’intérêt des Comores, ce que nous ferons, ça sera pour que nous défendions les intérêts des Comores, ce que nous ferons, ça sera pour que les Comores soient, s’il-plaît à Dieu, parmi les pays qu’on respecte dans le monde. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’être candidat et pourquoi je m’engage devant vous pour dire que si je suis élu, je défendrais les idées fondamentales que j’ai présentées ici».
Une fois de plus, tout ceci est bien dit. Cependant, si on comprend bien, Maître Fahmi Saïd Ibrahim estime que les conditions de privatisation de la Banque de Développement des Comores n’ont pas été régulières, et si elles n’ont pas été régulières, cela suppose que les «intérêts des Comores» n’ont pas été respectés et défendus. Le mot qu’il emploie pour parler du changement de propriétaire de la Banque est «donné». Pour lui, cette Banque n’a même pas été vendue, mais «donnée». Alors, pourquoi un avocat qui fustige une situation juridique donnée vole au secours de celle-ci? Normalement, à partir du moment où Maître Fahmi Saïd Ibrahim s’est engagé à «défendre les intérêts des Comores» et qu’il est tombé sur le dossier de la Banque de Développement des Comores, il aurait dû dire uniquement au Directeur général de cette institution que les conditions de «donation» de la Banque heurtait sérieusement sa sensibilité et ses convictions philosophiques, politiques et civiques. Les Comoriens, un peuple à la recherche de nouveaux dirigeants, plus honnêtes, en l’apprenant, auraient applaudi et auraient vu en lui un grand leader.
Mais, là, il y a manifestement un problème, et Maître Fahmi Saïd Ibrahim, qui connaît bien la valeur des médias, puisqu’il avait choisi Facebook pour la déclaration solennelle de sa candidature, gagnerait à s’expliquer sur cette incohérence grave et manifeste. Personne ne l’oblige à le faire, mais s’il le faisait, cela pourrait rassurer le peuple comorien, à la recherche de nouveaux leaders. S’il ne le fait pas, et c’est son droit, ça sera un mauvais signal qu’il enverra aux Comoriens. Dans cette triste affaire, Maître Fahmi Saïd Ibrahim a, dans un premier temps, joué le rôle d’un Procureur qui a lancé une charge très sévère contre un accusé, avant de devenir l’avocat de ce même accusé. C’est du jamais vu dans les annales judiciaires, et en toute souveraineté, le peuple souverain des Comores, seul juge en la matière, jugera. C’est lui et lui seul qui dira si Maître Fahmi Saïd Ibrahim est cohérent avec lui-même sur ce dossier.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 10 mars 2015.
Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Président du Parti de l’Entente comorienne (PEC) et candidat à l’élection présidentielle comorienne de 2016, est un homme heureux, et nous devons lui présenter nos sincères félicitations parce qu’il a été capable de triompher des obstacles ignobles du Gouverneur Mouigni Baraka de la Grande-Comore, qui n’avait eu de cesse de lui glisser des peaux de banane au cours des dernières élections législatives, puisque l’enjeu principal de scrutin était la conquête du leadership dans la région d’origine des deux acteurs politiques antagoniques précités, la région d’Itsandra.
Seulement, au moment où nous présentons ces sincères félicitations à Maître Fahmi Saïd Ibrahim, il a tout de même fallu revoir la vidéo de la présentation solennelle de sa candidature à la députation sur Facebook. Nous retrouvons cette vidéo sur Youtube (youtube.com), où elle a été postée le 22 novembre 2014. Dans cette vidéo, on voit le Président du PEC se livrer à une attaque en règle contre le gouvernement actuel, en raison de sa gouvernance, qu’il dit condamner. Il a évoqué de nombreux sujets sur lesquels il est en désaccord total avec le régime politique actuel: utilisation de l’argent de «citoyenneté économique» et des pavillons de complaisance, restriction des libertés publiques, système de santé défaillant et malade, etc.
Tout ça est bien dit, et nous l’en félicitons une fois de plus, surtout quand il dit que le peuple a le droit de critiquer les dirigeants, sans que cela ne soit considéré comme des injures. Seulement, il y a un grand problème et un décalage très grave entre le discours du Président du PEC et sa pratique politique et professionnelle elles-mêmes. En effet, dans sa déclaration solennelle de candidature à la députation, Maître Fahmi Saïd Ibrahim s’est livré à une charge très sévère contre Marc Athiel, Directeur général de la Banque de Développement des Comores, qu’il évite soigneusement de citer nommément, et contre la Banque elle-même. Il parle même de «conflit d’intérêts» et de «délit d’initié», des notions très graves dans la bouche d’un avocat. Et voilà que les Comoriens se lèvent le matin et découvrent que Maître Fahmi Saïd Ibrahim est devenu l’avocat de cette même Banque, qu’il accuse de «conflit d’intérêts» et de «délit d’initié».
Il y a manifestement une incohérence dans cette affaire parce qu’un avocat qui accuse une Banque de choses aussi horribles et inacceptables, en prenant l’engagement «devant Dieu et devant les Comoriens de défendre les intérêts des Comores», cela n’est pas clair et fait désordre. Quand on veut devenir avocat, dès le premier jour, on reçoit l’assurance suivante de la part de ses formateurs: un avocat ne peut pas défendre une cause qui heurte sa sensibilité et ses convictions, et a toute latitude pour choisir et rejeter les dossiers qu’on lui présente. Il n’est pas un médecin ou un pharmacien, qui doit mettre sa compétence au service de tout patient, sans distinction. En France, il prête le serment suivant: «Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité». Il n’a donc aucune obligation à défendre qui il ne veut pas. C’est clair, non?
Mais, que dit Maître Fahmi Saïd Ibrahim au cours de sa déclaration solennelle de candidature? Voici ce qu’il dit au sujet de la Banque de Développement des Comores, et il s’agit d’une traduction intégrale en français de son discours en comorien: «Il y au aussi la Banque de Développement des Comores, qui a été vendue, qui a été donnée aussi dans une voie, en réalité, il faut que nous nous demandions comment. Aujourd’hui, la Banque de Développement a été donnée à une société. Mais, nous devons nous demander comment. Aujourd’hui, la Banque de Développement des Comores a été donnée à une société, mais ce qui dérange un peu, c’est que l’homme qui dirige la Banque de Développement, c’est un Français qui est là, c’est l’homme qui faisait lui-même les appels d’offres, qui préparait les appels d’offres restreints qui étaient faits, et qui a donné aux étrangers à qui a été donné la société. Sur cette société, je veux rappeler une chose: la société qui a pris la Banque de Développement aujourd’hui, le chef, son propriétaire aujourd’hui, était le dirigeant de l’AFD [Agence française de Développement] hier, quand on prêtait l’argent à la Banque de Développement. Vous voyez qu’il y a un conflit d’intérêts.
Mais, il y a également un délit d’initié parce que l’homme qui était là, à la Banque de Développement, au cours des 5, 6, 7 ans qui précèdent, qui préparait les appels d’offres et qui l’a donné à cette nouvelle société, c’est lui qui a été nommé chef, le Directeur général de la Banque de Développement, parce qu’elle est privatisée aujourd’hui. Vous voyez que ce n’est pas légal et cela prouve que les choses ne se sont pas passées comme il fallait. Vous voyez que c’est pourquoi nous qui faisons de la politique, nous avons le devoir d’expliquer que ce n’est pas bien parce qu’il y a une mauvaise gestion, mais il y a des questions difficiles qui frappent notre pays aujourd’hui au sujet de la Santé publique. […]. Je prends l’engagement devant Dieu et devant vous que, ce que nous ferons, mais pour défendre l’intérêt des Comores, ce que nous ferons, ça sera pour que nous défendions les intérêts des Comores, ce que nous ferons, ça sera pour que les Comores soient, s’il-plaît à Dieu, parmi les pays qu’on respecte dans le monde. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’être candidat et pourquoi je m’engage devant vous pour dire que si je suis élu, je défendrais les idées fondamentales que j’ai présentées ici».
Une fois de plus, tout ceci est bien dit. Cependant, si on comprend bien, Maître Fahmi Saïd Ibrahim estime que les conditions de privatisation de la Banque de Développement des Comores n’ont pas été régulières, et si elles n’ont pas été régulières, cela suppose que les «intérêts des Comores» n’ont pas été respectés et défendus. Le mot qu’il emploie pour parler du changement de propriétaire de la Banque est «donné». Pour lui, cette Banque n’a même pas été vendue, mais «donnée». Alors, pourquoi un avocat qui fustige une situation juridique donnée vole au secours de celle-ci? Normalement, à partir du moment où Maître Fahmi Saïd Ibrahim s’est engagé à «défendre les intérêts des Comores» et qu’il est tombé sur le dossier de la Banque de Développement des Comores, il aurait dû dire uniquement au Directeur général de cette institution que les conditions de «donation» de la Banque heurtait sérieusement sa sensibilité et ses convictions philosophiques, politiques et civiques. Les Comoriens, un peuple à la recherche de nouveaux dirigeants, plus honnêtes, en l’apprenant, auraient applaudi et auraient vu en lui un grand leader.
Mais, là, il y a manifestement un problème, et Maître Fahmi Saïd Ibrahim, qui connaît bien la valeur des médias, puisqu’il avait choisi Facebook pour la déclaration solennelle de sa candidature, gagnerait à s’expliquer sur cette incohérence grave et manifeste. Personne ne l’oblige à le faire, mais s’il le faisait, cela pourrait rassurer le peuple comorien, à la recherche de nouveaux leaders. S’il ne le fait pas, et c’est son droit, ça sera un mauvais signal qu’il enverra aux Comoriens. Dans cette triste affaire, Maître Fahmi Saïd Ibrahim a, dans un premier temps, joué le rôle d’un Procureur qui a lancé une charge très sévère contre un accusé, avant de devenir l’avocat de ce même accusé. C’est du jamais vu dans les annales judiciaires, et en toute souveraineté, le peuple souverain des Comores, seul juge en la matière, jugera. C’est lui et lui seul qui dira si Maître Fahmi Saïd Ibrahim est cohérent avec lui-même sur ce dossier.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 10 mars 2015.