Hahaya, notre gnangnan, devenu une simple aérogare de province pour les vols internes Le mauvais a toujours engendré le pire, et on ne m...
Hahaya, notre gnangnan, devenu une simple aérogare de province pour les vols internes
Le mauvais a toujours engendré le pire, et on ne mettra jamais du poisson dans la marmite pour servir de la viande à table. C’est une réalité que les autorités comoriennes ne veulent toujours pas admettre, mais, nous dit le Khalife bien guidé Ali Ibn Abî Talîb, «celui qui lutte contre la vérité est rapidement terrassé par elle» (cité par Roger Pasquier:Découverte de l’Islam, Institut islamique de Genève et Éditions des Trois Continents, Genève (année?), p. 168.). Pour autant, au-delà de la fierté nationale qui anime les uns et les autres, il est temps de reconnaître une amère réalité, celle d’une île de Mayotte devenue le principal centre de transit de l’extérieur vers les autres îles de l’Archipel des Comores, et des Comores vers l’extérieur.
Autrement dit, à un moment où Mayotte est en passe de devenir le grenier des Comores, elle abrite déjà le seul Aéroport international de l’Archipel des Comores digne de ce nom. De fait, les Comoriens de la partie dite «indépendante» du pays délaissent ostensiblement et de plus en plus l’Aéroport international de Hahaya pour celui de Dzaoudzi-Pamandzi, à Mayotte (Photo). Les Comoriens sont fatigués d’être traités en bêtes de somme à Hahaya, et préfèrent l’Aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi, où ils sont considérés comme des êtres humains. Bientôt, il n’y aura que le Président Ikililou Dhoinine et ses ministres qui passeront par l’Aéroport de Hahaya, et cela, par simple orgueil national et par peur d’être traités de «traîtres», parce que cette espèce de chose est devenue insupportable et invivable.
Les Comoriens n’en peuvent plus. Ils sont à bout. En effet, aujourd’hui, l’Aéroport de Hahaya est devenu une simple aérogare de campagne, puisque le seul et véritable Aéroport international des Comores est désormais celui de Dzaoudzi-Pamandzi. Pourtant, des millions de francs comoriens ont été injectés sur la réfection de la chose, mais rien n’y fait. En mars 2011, à l’époque de «la diplomatie du tambour et du tamtam» d’Ahmed Sambi, on a même entendu un diplomate comorien qualifier le salon VIP de l’Aéroport de Hahaya de «Voyageurs internationaux parqués» (VIP) comme des vaches. Ce n’est pas glorieux. Pourtant, cet Aéroport international de Hahaya méritait mieux, ne serait-ce que parce que le Député Hassane Ali Tabibou, «Président de la Commission des Finances», y a commencé sa carrière de truand professionnel, à l’époque où il y sévissait comme bagagiste.
En réalité, l’Aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi a fait l’objet de travaux qui lui ont permis de disposer de 7 comptoirs d’enregistrement, contre 1 à Hahaya, et de 3 tapis contre 1 à Hahaya. Pourtant, les deux Aéroports ont bénéficié de fonds pour les rendre plus conformes aux normes internationales admises en la matière. Les résultats de ces financements sont très visibles à Dzaoudzi-Pamandzi et invisibles à Hahaya. Aujourd’hui, le Mohélien et l’Anjouanais qui doivent transiter par Hahaya font le voyage avec la joie de quelqu’un qui est forcé à absorber du poison de type arsenic, ciguë ou cyanure.Les Comoriens préfèrent et de très loin passer par Mayotte. Au cours des vacances de l’été 2015, la tendance sera beaucoup plus amplifiée parce que la redécouverte de l’Aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi est encore très récente et n’a pas encore atteint sa «vitesse de croisière». On assiste à un véritable isolement international de l’Aéroport de Hahaya, et bientôt, il n’y aura que les avions-poubelles de la moribonde compagnie Yemenia qui y seront vus, et même cette dernière finira par passer par Mayotte pour son fret. Il s’agit d’une question de réalisme commercial, parce que même le traitement des aéronefs à Mayotte est beaucoup plus performant que celui de Hahaya. Dès lors, les pouvoirs publics comoriens devront faire des choix pour savoir ce qu’ils veulent, et surtout pour savoir s’ils veulent ou non que la chose de Hahaya soit maintenue en activité ou simplement fermée, en attendant des jours meilleurs.
Par ARM © lemohelien – Samedi 8 novembre 2014.