Le 4e sommet de la Commission de l’océan Indien (COI) a été l’occasion d’une nouvelle passe d’armes entre la France et l’Union des Comores ...
Le 4e sommet de la Commission de l’océan Indien (COI) a été l’occasion d’une nouvelle passe d’armes entre la France et l’Union des Comores sur la question de Mayotte. Pour la première fois néanmoins, des élus mahorais ont intégré la délégation française.
Les sommets internationaux sortent rarement d’un cadre policé. Mais Ikililou Dhoinine n’est pas du genre à vouloir rester dans les cadres. Le président de l’Union des Comores se devait, dans la plus grande tradition locale, interpeller la France sur le statut de Mayotte. A deux reprises, dans son discours d’ouverture du 4e sommet de la COI, il a directement pris à parti François Hollande, son homologue français.
«Je voudrais vous ouvrir mon cœur», a-t-il dit sur le ton d’une fausse confidence. «Je voudrais pouvoir mettre fin à un drame humain qui détruit quantité de familles, qui sont les victimes de l’instauration du visa Balladur en 1994 entre Mayotte et les autres îles comoriennes». La salle applaudit à tout rompre. François Hollande reste stoïque.
Le président comorien a, une nouvelle fois, revendiqué Mayotte
Ikililou Dhoinine a ensuite pris à témoin les trois autres chefs d’Etat, des Seychelles, de Madagascar et de Maurice présents à leurs côtés : «Je vous demande, chers collègues, de nous aider, nous et la France, à résoudre ce différend. Entamons le dialogue et nous parviendrons à un dénouement heureux conformément à la résolution des Nations unies, au règlement de ce différend regrettable.»
Le président comorien enfonce le clou en rappelant la visite de François Mitterrand, dernier président français à s’être rendu aux Comores en 1990… en évitant de faire escale à Mayotte. Mais quand on touche à l’héritage de François Mitterrand, son lointain successeur, François Hollande, ne se laisse pas faire. A sa manière, bien plus diplomatique, il va répondre. Poliment pour ne pas froisser, mais le contenu du message est clair. Le président français cite lui aussi François Mitterrand pour souhaiter «faire tomber les barrières qui nous séparent.»
Car pour le président français, pas question de nier ces kwassas qui se renversent ou s’échouent, emportant tant de vies d’hommes, de femmes et d’enfants, «des drames qui appellent des solutions. Nous ne pouvons pas laisser penser que des familles peuvent s’embarquer sur des bateaux de fortune et accéder à la prospérité», a indiqué le président français, une critique à peine voilée du laisser-faire des autorités comoriennes, promptes à critiquer, mais absentes lorsqu’il faut agir.
François Hollande ferme sur la question des visas
Quant au visa, pas question d’y toucher. «Il ne peut y avoir de libéralisation des visas que s’il y a une maîtrise de l’immigration. [...] Je suis à la fois ferme et ouvert vers l’avenir. Cela dépendra de ce que nous avons à bâtir ensemble.»
Des Mahorais dans la délégation
Les choses bougent tout de même un peu. Lors de ce 4e sommet de la COI, pour la première fois, des élus mahorais, le sénateur Thani et le député Aboubacar, étaient intégrés à la délégation française et ont participé à tous les travaux.
Ce sommet de la COI fut donc le théâtre d’un nouvel épisode d’une pièce qui se joue depuis 40 ans. François Hollande la résume d’une formule : «L’Histoire peut nous séparer, la géographie nous rapproche, l’amitié nous unit.» L’amitié mais l’argent aussi. Le président français a rappelé que la France venait d’annuler «encore», 5 millions d’euros de la dette des Comores.
Rémi Rozié
lejournaldemayotte.com
Les sommets internationaux sortent rarement d’un cadre policé. Mais Ikililou Dhoinine n’est pas du genre à vouloir rester dans les cadres. Le président de l’Union des Comores se devait, dans la plus grande tradition locale, interpeller la France sur le statut de Mayotte. A deux reprises, dans son discours d’ouverture du 4e sommet de la COI, il a directement pris à parti François Hollande, son homologue français.
«Je voudrais vous ouvrir mon cœur», a-t-il dit sur le ton d’une fausse confidence. «Je voudrais pouvoir mettre fin à un drame humain qui détruit quantité de familles, qui sont les victimes de l’instauration du visa Balladur en 1994 entre Mayotte et les autres îles comoriennes». La salle applaudit à tout rompre. François Hollande reste stoïque.
L’héritage de François Mitterrand
Le président comorien a, une nouvelle fois, revendiqué Mayotte
Ikililou Dhoinine a ensuite pris à témoin les trois autres chefs d’Etat, des Seychelles, de Madagascar et de Maurice présents à leurs côtés : «Je vous demande, chers collègues, de nous aider, nous et la France, à résoudre ce différend. Entamons le dialogue et nous parviendrons à un dénouement heureux conformément à la résolution des Nations unies, au règlement de ce différend regrettable.»
Le président comorien enfonce le clou en rappelant la visite de François Mitterrand, dernier président français à s’être rendu aux Comores en 1990… en évitant de faire escale à Mayotte. Mais quand on touche à l’héritage de François Mitterrand, son lointain successeur, François Hollande, ne se laisse pas faire. A sa manière, bien plus diplomatique, il va répondre. Poliment pour ne pas froisser, mais le contenu du message est clair. Le président français cite lui aussi François Mitterrand pour souhaiter «faire tomber les barrières qui nous séparent.»
Pas touche au visa
Car pour le président français, pas question de nier ces kwassas qui se renversent ou s’échouent, emportant tant de vies d’hommes, de femmes et d’enfants, «des drames qui appellent des solutions. Nous ne pouvons pas laisser penser que des familles peuvent s’embarquer sur des bateaux de fortune et accéder à la prospérité», a indiqué le président français, une critique à peine voilée du laisser-faire des autorités comoriennes, promptes à critiquer, mais absentes lorsqu’il faut agir.
François Hollande ferme sur la question des visas
Quant au visa, pas question d’y toucher. «Il ne peut y avoir de libéralisation des visas que s’il y a une maîtrise de l’immigration. [...] Je suis à la fois ferme et ouvert vers l’avenir. Cela dépendra de ce que nous avons à bâtir ensemble.»
Des Mahorais dans la délégation
Les choses bougent tout de même un peu. Lors de ce 4e sommet de la COI, pour la première fois, des élus mahorais, le sénateur Thani et le député Aboubacar, étaient intégrés à la délégation française et ont participé à tous les travaux.
Ce sommet de la COI fut donc le théâtre d’un nouvel épisode d’une pièce qui se joue depuis 40 ans. François Hollande la résume d’une formule : «L’Histoire peut nous séparer, la géographie nous rapproche, l’amitié nous unit.» L’amitié mais l’argent aussi. Le président français a rappelé que la France venait d’annuler «encore», 5 millions d’euros de la dette des Comores.
Rémi Rozié
lejournaldemayotte.com