L'ombre du Général Salimou Mohamed Amiri a plané sur la conférence. Le Général Salimou Mohamed Amiri est sur ses terres à Dzahadjou...
L'ombre du Général Salimou Mohamed Amiri a plané sur la conférence.
Le Général Salimou Mohamed Amiri est sur ses terres à Dzahadjou, mais son ombre a bien plané sur la conférence organisée à la Fondation Jean-Jaurès par l'Institut Nelson-Mandela et dont les intervenants ont été Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président chargé de Défense, et MmeMaliza Saïd Soilihi, Conseillère municipale déléguée auprès de l'Adjointe aux Relations internationales et européennes chargée des Crédits européens et du Site Internet de la Ville de Marseille. À un moment donné, au cours de la conférence, on a failli en venir aux mains, et quelques injures, somme toute injustifiables et injustifiées, avaient commencé à fuser de la part d'un doctorant en Anthropologie, qu'il avait fallu faire évacuer de la salle. Si on ne l'avait pas évacué, il est certain qu'il se serait jeté sur Hamada Madi Boléro, à qui j'ai lancé un «Tu souffres, mon frère» et auquel il répondit, fataliste, stoïque et dans un soupir: «J'en ai l'habitude». Nous avons ri. Le clash était tout simplement inévitable parce que dès que le Docteur Paul Kananura, Président de l'Institut Nelson-Mandela et modérateur de la conférence, a commencé à donner la parole à l'assistance, s'attribuant abruptement la parole, deux Comoriens sont revenus régulièrement sur le dossier du Général Salimou Mohamed Amiri, estimant que c'est Hamada Madi Boléro qui le bloque. Le premier des intervenants est originaire de Singani, dans le Hambou, comme Dzahadjou, la ville natale du Général Salimou Mohamed Amiri. Le second se dit doctorant en Anthropologie à l'Université d'Aix-en-Provence. Les deux hommes se sont signalés par l'accaparement de la parole, en se l'attribuant et en la monopolisant maladroitement, alors que dans l'assistance, dans laquelle il y avait plus d'étrangers que des Comoriens, des dizaines de personnes voulaient s'exprimer.
Présentons une synthèse des échanges entre Hamada Madi Boléro et ses deux accusateurs.
Intervenant originaire de Singani:Je ne suis pas partisan du Général Salimou Mohamed Amiri. Pourtant, je dois constater qu'il est le libérateur des Comores. On l'a complètement marginalisé, au point d'inviter tous les anciens chefs d'État-major de l'Armée nationale de Développement (AND) aux cérémonies de la Fête nationale du 6-Juillet sauf lui. Comment peut-on faire ça? Comment en est-on arrivé à une situation où il a fallu priver l'AND de son seul Général, faisant de l'Armée comorienne la seule structure militaire au monde sans Général? Le Général Salimou Mohamed Amiri a été acquitté par la Justice comorienne, une Justice comorienne dont vous connaissez les dérives et les dysfonctionnements, puisque vous en avez été l'une des victimes innocentes, pour des futilités sans fondement. Après l'acquittement du Général, l'ancien Président Ahmed Sambi a dit qu'il savait qui était le vrai meurtrier du Colonel Combo Ayouba et pour quelle raison il avait été tué pour que l'accusation de l'assassinat soit jetée sur l'innocent Général Salimou Mohamed Amiri. Pourquoi aucun Juge n'a interrogé l'ancien Président Ahmed Sambi?
Doctorant en Anthropologie:Comment pouvez-vous empêcher la réintégration du Général Salimou Mohamed Amiri au sein de l'AND alors qu'il a été acquitté par le Tribunal de Moroni? Vous oubliez qu'il y a quelques mois, vous n'étiez rien, vous étiez au chômage. Comment pouvez-vous priver l'AND de son seul Général? C'est vous le responsable. De toute façon, maintenant, il va se présenter aux élections présidentielles de 2016. (En ce moment-là, le doctorant en Anthropologie se leva, se montra menaçant envers Hamada Madi Boléro, essaya de s'avancer vers lui, commença à tenir des propos incohérents et complètement décousus. Mohamed Lihoma et d'autres Comoriens l'évacuèrent de la salle, qui retrouva son calme).
Hamada Madi Boléro: Quand le Général Salimou Mohamed Amiri a été libéré le 2 novembre 2012, j'étais déjà en poste depuis le 12 octobre 2012. Mais, ce n'est pas moi qui l'ai libéré. C'est le Tribunal qui dispose de ce pouvoir, que même le chef de l'État n'a pas. Que s'est-il passé? Le Tribunal a considéré qu'il y avait un vice de procédure dans l'arrestation et dans le placement du Général Salimou Mohamed en résidence surveillée. Il a donc fallu le relâcher sans juger l'affaire sur le fond. Vous qui vivez en France, vous avez l'habitude de voir des procès s'étaler sur 20 ans. Pourquoi voulez-vous qu'une affaire aussi grave soit jugée en quelques mois? Il y a des analyses balistiques à effectuer et qui n'ont pas encore été effectuées. C'est une affaire très grave, et la Justice travaille toujours sur ce dossier sensible. «Le Général Salimou Mohamed Amiri a été séquestré et libéré». Mais, auparavant, et sans jugement, dans la précipitation, l'ancien Président Ahmed Sambi l'avait dégradé et l'avait arbitrairement radié de l'AND, sans lui donner la possibilité de prouver son innocence. Or, avant le jugement et tant que sa culpabilité n'était pas prouvée, il bénéficiait de la présomption d'innocence. Là, je raisonne en juriste. Même aujourd'hui, le Juge Rachadi Mchangama continue à s'acharner méchamment sur le Général Salimou Mohamed Amiri. C'est quand même grave.
Pour revenir aux cérémonies du 6-Juillet, le seul ancien chef d'État-major qui était sur la tribune officielle est le Colonel Gamil Abdallah, mais ce dernier n'y était pas en tant qu'ancien chef de l'AND, mais en tant que militaire encore en activité. «Sur le Général Salimou Mohamed Amiri, il y a eu de graves erreurs qu'il faut réparer afin de lui rendre justice. Il faut qu'il soit rétabli dans ses droits. Il doit être réintégré dans ses droits». Vous dites que le Général Salimou Mohamed Amiri n'a pas été réintégré au sein de l'AND. D'accord. Mais, en a-t-il fait la demande? Avez-vous vu la demande par laquelle il sollicite sa réintégration au sein de l'AND? Il aurait dû commencer par là. Il ne l'a pas fait. Quand Ahmed Sambi a signé le décret dégradant le Général Salimou Mohamed Amiri et le radiant de l'Armée, il a bien indiqué sur ledit décret que «Le Directeur de Cabinet chargé de la Défense est chargé de l'application du présent décret». Au nom de la continuité de l'État, je reste fidèle à cette décision présidentielle et je ne peux pas prendre un paquet de décrets en disant: «J'applique celui-ci parce que ça me plaît, et je n'applique pas celui-là parce que ça ne me plaît pas». Si tout de suite, le Président Ikililou Dhoinine signe un décret réintégrant le Général dans son rang et dans ses fonctions, je l'applique immédiatement et j'en prends les mesures d'accompagnement.
Pour ce qui est de l'engagement du Général Salimou Mohamed Amiri dans une carrière politique devant le conduire à déposer sa candidature à une élection présidentielle, il faudra savoir que la Loi comorienne exige des officiers généraux leur démission de l'Armée 5 ans avant de se porter candidats à une élection présidentielle. Or, non seulement il n'a pas demandé sa réintégration de l'Armée, mais en plus, il n'a pas démissionné de celle-ci.
ARM: Il y a un problème de contexte qui n'a pas été soulevé, et il s'agit d'un problème de contexte politique. En effet, le Lieutenant-colonel Combo Ayouba a été assassiné le 13 juin 2010, alors qu'Ahmed Sambi aurait dû avoir quitté le pouvoir le 26 mai 2010. À l'époque, il jouait les prolongations, et Hamada Madi Boléro, alors dans l'opposition, le poussait par les fesses vers la sortie. Je suis un des fervents défenseurs des droits du Général Salimou Mohamed Amiri. Puis-je donc me satisfaire d'un possible procès qui l'acquittera et permettra de lui rendre sa personne, sa dignité, son rang et ses fonctions? J'attends avec impatience ce grand moment. Mais, il faudra qu'il arrive.
Néanmoins, à ma grande honte, sur le coup, j'ai oublié de signaler à Hamada Madi Boléro une grande contradiction dans son discours: comment demander au Général Salimou Mohamed Amiri de démissionner de l'Armée alors que l'ancien satrape Ahmed Sambi l'y a radié, alors que l'officier le plus gradé de l'Armée ne touche pas un centime de cette AND, qui est toute sa vie? Comment démissionner donc d'une Armée de laquelle on a été radié?
Affaire à suivre…
Par ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 18 juillet 2014.