Le choix cornélien des ennemis du Président Ikililou Dhoinine
«La distribution ratée par la Première Dame de sacs de courses, du riz et des boissons aux femmes de Djoiezi accrédite la thèse selon laquelle celle-ci sera candidate à l'élection du Gouverneur de Mohéli en 2016. Ici, nous apprécions l'initiative prise par des frères et sœurs vivant en France pour venir nous aider à la faire échouer, mais on doit nous laisser régler ce petit problème ici. Si on ne nous emprisonne pas tous et si on ne nous prive pas de cartes d'électeurs et d'électrices, on va vraiment rire. Notre slogan est déjà prêt: "10 ans, ça suffit!". En comorien, ça sera encore plus parlant: "Amani Yatrou Yivozi", "Laissez-nous en paix, enfin"», éructe au téléphone ce Mohélien qui est sur le point d'imploser de colère chaque fois qu'on lui parle de la candidature de la Première .
Dame au Gouvernorat de Mohéli en 2016. Un Djoiezien qui vit dans le Val-de-Marne, en France, va plus loin: «Mettez-moi en contact avec une radio comorienne car j'ai trop de choses à dire sur les pratiques, méthodes et manières de ces gens-là. Et quand je me mettrais à parler, et quand j'aurais signalé mes relations avec eux, on sera obligé de m'écouter et de me prendre vraiment au sérieux. Je me vois capable de pleurer à l'antenne pour me rendre plus crédible, et quand je commencerais à donner les détails, on saura que je suis très sérieux».
Notre Djoiezien du Val-de-Marne a pourtant un petit problème, voire un dilemme, un choix cornélien: «Ces gens-là ont fait trop de mal à trop de personnes, ont piétiné la dignité, la sensibilité et la susceptibilité de personnes qui ne leur ont fait aucun mal, ont humilié des gens honnêtes et sérieux, et il faut qu'ils rendent compte à la Justice. Le seul qui ira jusqu'au bout pour les étrangler et les garroter est incontestablement Ahmed Sambi, mais je ne peux pas soutenir cet homme-là, compte tenu de tout le mal qu'il a fait à notre pays. Ma colère est réelle, mais je dois en même temps penser aux Comores et aux Comoriens, pour qu'on ne combatte pas le feu par l'incendie. Évitons la stratégie de la terre brûlée».
C'est grave. L'envie d'en découdre avec Ikililou Dhoinine et consorts après le 26 mai 2016 est palpable chez de nombreux Comoriens, dont certains tiennent à leur égard des propos qu'il vaut mieux éviter de citer. En même temps, les Comoriens savent que celui qui a le plus de haine et de détestation aujourd'hui envers le Président de la République est Ahmed Sambi, qui a fait Président de la République un homme insignifiant, inodore et incolore dans tous les sens du terme, et qui a été trahi par celui-ci, sans courtoisie, ni reconnaissance. Tant mieux quand les loups se dévorent entre eux, quand ceux qui ont mis les Comores à genoux ont cessé d'être amis. Mais, pour de nombreux Comoriens, on ne peut pas sanctionner Ikililou Dhoinine en remettant le pouvoir à l'homme qui l'a imposé aux Comoriens, pour leur plus grand malheur.
Or, la grande manœuvre a déjà commencé, comme on a pu le constater à la lumière du spectaculaire rapprochement entre les deux «ennemis» d'hier qu'étaient Mohamed Saïd Fazul et Ahmed Sambi. Le Vice-président Fouad Mohadji, de Fomboni, n'a jamais caché son amitié pour Ahmed Sambi, dont il devait être le candidat en 2010, si le Djoiezien Soilihi Mohamed, doyen de la classe politique comorienne, n'avait imposé à Ahmed Sambi le Djoiezien Ikililou Dhoinine. Alors Président de l'Île autonome de Mohéli, Mohamed Saïd Fazul avait pour Directeur de Cabinet le Docteur Fouad Mohadji. Même si, au cours du scrutin présidentiel de 2010, les deux hommes faisaient partie de deux tickets opposés, ils sont restés proches et sont unis par les comptes qu'ils voudraient demander au chef de l'État. Et c'est ainsi que Mohamed Larif Oucacha entra en scène. Il est cousin d'Ikililou Dhoinine, mais s'était présenté contre lui en 2010, estimant être plus légitime pour briguer la présidence que le jeune cousin. Des déchirements s'ensuivirent. Mais, Mohamed Larif Oucacha s'est éloigné du chef de l'État, même s'il fait partie de ses conseillers. Récemment, il s'était exilé à Mohéli, pour éviter de croiser la route du chef de l'État. Sa présence, lors du lancement du Parti Soleil de l'Enfer d'Ahmed Sambi a été très remarquée. Cela fait suite à son ralliement, lui aussi très remarqué, au Vice-président Fouad Mohadji, notamment pour protester contre le comportement inique et antirépublicain du Président de la République à l'égard de ce dernier. On dira ce qu'on voudra mais personne ne pourra dire que l'alliance stratégique conclue par Mohamed Saïd Fazul, Fouad Mohadji et Mohamed Larif Oucacha ne peut pas peser au cours des élections à venir. Pourvu qu'elle dure…
Un spécialiste de la cuisine politique mohélienne, vivant à Brie-Comte-Robert, a sa petite idée sur la question: «Le nom d'Ahmed Sambi passe mal chez de nombreux Comoriens. On a donc deux solutions: soit adopter une attitude de stricte neutralité et épargner Ahmed Sambi de toute critique, soit se boucher le nez et participer à sa campagne électorale, afin de le voir punir demain son protégé d'hier».
En tout état de cause, un certain cercle de Beït-Salam, empêtré dans les scandales politiques et financiers et dans l'impopularité, vient d'inaugurer une nouvelle méthode de communication politique et detentative d'intimidation: les injures par SMS, après les appels téléphoniques – avec un numéro caché, mais déjà identifié – qu'on coupe dès que je prends la communication. C'est ainsi que le numéro de téléphone comorien 2693323242 m'a envoyé le message injurieux suivant, mais qui ne me touche pas car je n'ai jamais été homosexuel: «Bora oubaki farantsa be moili kawassitsaha wafiradji», «Mieux vaut que tu restes en France car à Mohéli on ne veut pas d'homosexuels jouant le rôle d'hommes dans le couple». C'est vrai qu'à Mohéli, on n'aime pas les homosexuels. Les voleurs et parvenus arrogants, non plus. Mais, les personnes qui ont envoyé le SMS ont juste oublié un détail très important: ce sont leurs pères – je le jure par Dieu! – qui sont connus pour leur homosexualité. Leurs pères sont les pionniers de l'homosexualité à Mohéli. Le tout-Mohéli le sait. Mais, comme je ne traite que les problèmes touchant l'État comorien et ses institutions, et comme je n'aborde pas des problèmes des choix sexuels des gens, il me faut leur autorisation pour en parler afin que les internautes puissent en juger. J'y ajouterais trois dossiers très sensibles, dont celui d'un sacrifice humain, qui doit être porté à la connaissance des Comoriens pour que chacun sache qui est qui et de quoi sont capables certaines personnes.
Par ARM
© lemohelien – Mardi 5 novembre 2013.