La compagnie de La Réunion lance une filiale à Mayotte qui lui permettra de mettre un pied au Mozambique. Passée à deux doigts de la failli...
La compagnie de La Réunion lance une filiale à Mayotte qui lui permettra de mettre un pied au Mozambique.Passée à deux doigts de la faillite il y a un an, Air Austral a repris de l’altitude sous la conduite de Marie-Joseph Malé
. Parachuté en avril 2012 aux commandes de la compagnie réunionaise en
pleine crise, cet ancien d’Air France a mené tambour battant une
recapitalisation de 63,5 millions d’euros, la renégociation de la dette
et la restructuration du réseau, marquée par la fermeture des dessertes
de Lyon, Bordeaux, Nantes et Toulouse, ainsi que des lignes de Sydney et
Nouméa. Un an plus tard, l’objectif d’un retour à l’équilibre, après
les 86 millions de pertes de l’an dernier, semble à portée, malgré un
contexte économique dégradé à La Réunion comme ailleurs.
« Nous maintenons notre perspective de retour à l’équilibre sur l’exercice 2013-2014 », confirme Marie-Joseph Malé, de passage à Paris pour le Salon du tourisme. Il
faudra toutefois attendre la fin de l’exercice et probablement
l’exercice suivant pour considérer le redressement comme achevé », ajoute-t-il.
Numéro un sur la desserte de la métropole
Malgré
la fermeture des dessertes de province, Air Austral est parvenu à
maintenir sa place de numéro un sur la desserte de la métropole, affirme
son PDG,
avec de 39% à 40% de parts de marché, contre environ 37% pour Air
France et 21% pour Corsair. Et la compagnie a également conforté son
leadership sur l’Océan indien, avec la création de la première compagnie
aérienne à Mayotte, Ewa Air.
Un investissement relativement modeste pour Air Austral (2,3 millions d’euros sous forme d’apport de fonds de commerce
pour 51% du capital), mais néanmoins très stratégique. Cette petite
compagnie, qui démarrera ses vols le 29 octobre avec un ATR 72-500 d’Air
Austral, permettra non seulement de bénéficier des investissements
français et européens à Mayotte, mais aussi de mettre un pied au
Mozambique, considéré comme le nouvel Eldorado de l’Océan Indien. «
Mayotte est situé au centre du canal du Mozambique, qui va connaître un
développement économique considérable après la découverte d’énormes
gisements de gaz », explique Marie-Joseph Malé.
La commande d’A380 toujours en discussion
Seule ombre au tableau : la question des deux A380 commandés par la précédente direction , n’est toujours pas réglée. Si Air Austral a clairement renoncé au projet d’exploiter ces deux appareils, qui devaient être les premiers A380 configurés sur la capacité maximale de 816 sièges, la compagnie n’est pas encore parvenue à un accord avec Airbus pour annuler ou transformer sa commande. Or sa livraison est toujours prévue en 2014. On voit mal comment Air Austral pourrait trouver les centaines de millions d’euros payables à la livraison. Mais une annulation pure et simple lui ferait perdre les 30 millions d’euros de déposit. « Les négociations avec Airbus se poursuivent ; toutes les options restent ouvertes », répète Marie-Joseph Malé, sans plus de précision.
Par
ailleurs, Air Austral reste toujours sous la menace d’une invalidation
de l’augmentation de capital qui a fait l’objet d’un recours en justice
par son concurrent Corsair. La Région et le Conseil régional n’avaient
pas demandé le feu vert de la Commission européenne, pour ce qui
pourrait s’apparenter à une aide publique et une distorsion de
concurrence. Toutefois, la procédure s’annonce longue. Ce qui devrait
laisser le temps à Air Austral de conforter son redressement et de se
trouver de nouveaux actionnaires privés.
Écrit par Bruno TREVIDIC
Journaliste
btrevidic@lesechos.fr
Écrit par Bruno TREVIDIC
Journaliste
btrevidic@lesechos.fr