L’immigré comorien de France
De la côte –est africaine au cours du XIX è siècle, à Madagascar vers le début du XX è siècle, les Comoriens, à bord des boutres, effectuaient la traversée de l’océan Indien à la recherche du bonheur pour les uns, aux sciences islamiques pour les autres et ces derniers étaient peu nombreux d’ailleurs.
Jeunes et adultes quittent leur pays pour tenter leur vie au –delà des océans. Ce qui fait qu’aujourd’hui, bon nombre de familles comoriennes se trouvent soit à Zanzibar soit à Madagascar et cela depuis des siècles. L’immigration pour le Comorien est considérée comme un devoir d’homme pour secourir à la famille qui a tant besoin de beaucoup d’argents pour construire la maison familiale ou pour accomplir le Anda na Mila, c’est-à-dire aux coutumes ancestrales notamment le grand mariage. Et après la Grande guerre, l’immigrant comorien change de cap et son boussole lui indique le nord, la France plus particulièrement. Installé tout d’abord dans les grandes villes portuaires comme Dunkerque, il se dirigea par la suite vers la citée Phocéenne, une ville cosmopolite où un cocktail de race y vit, black, blanc et beur.
Fidel à ses coutumes et us, le travailleur comorien œuvra comme éboueur, boy ou boucher pendant la journée, il danse et chante son Toirab (musique traditionnelle importée de Zanzibar) ou bien fait la lecture du Maoulide (cérémonie religieuse qui consiste à chanter les louanges du prophète Mohamed) dans son minuscule studio pendant la nuit pour oublier les dures épreuves de sa journée.
Aujourd’hui, les temps ont changé et suivent la cadence et le rythme imposé par de la mondialisation. Mais, toujours fidèles à ses origines îliennes, vieux et jeunes immigrés cherchent à tout prix et avec tous les moyens inculquer à leurs descendants les idéologies ancestrales fondées à la quête perpétuelle de « l’honneur » (le shewo), en s’engouffrant dans la saga andanesque. Diplômés ou pas, les jeunes générations se trouvent piégés entre traditions ancestrales et modernisme. la majeur partie des ces premiers s’emmêle dans cette imbroglio et suivent les préceptes infondés de leurs parents oubliant qu’ en Europe et en France en particulier, le mérite sinon le prestige d’une personne repose exclusivement sur la carrière professionnelle ou intellectuelle et non sur le nombre de bœufs égorgés au cours d’une cérémonie de mariage ou sur quelques pièces d’or thésaurisés au dessus du matelas de papa et maman.
Quel rôle et quelle place occupe l’immigré comorien dans la société française d’aujourd’hui ? Quel avenir bâtissez-vous au courant de ce troisième millénaire ? Telles sont les problématiques que la diaspora comorienne devrait se poser pour essayer de s’aligner dans le concert des autres petits enfants d’immergés de France qui laissent leurs marques de fabrique dans la vie sociale, professionnelle et surtout politique à l’exemple de Rama Yade, Djamel Debouz, Zidane… etc.
Et maintenant qu’apparait la question d’un islam made in France, d’un islam républicain c’est-à-dire un islam se pliant aux règles de la république, quelle sera votre contribution pour rassurer à vos amis non-musulmans que vos prières sur les places publiques parisiennes ou marseillaises, ne constituent pas une « occupation » comme le dit le leader de l’extrême droite, Marine Le Pen. Exploiter vos richesses et vos savoirs faire à bon escient en élaborant des projets fiables, non utopistes et montrer à cette France et au reste du monde ô combien vous êtes capable de mieux faire. Ne vous appauvrissez pas par les pratiques surannées, des idées moyenâgeuses que vous avez reçues de vos parents car l’honneur(le shewo) ne s’achète pas comme une baguette de pain, mais il se mérite. Je vous dis récitant les mots de Miller A.J. qu’ « Il aura autre chose à dire aux générations qui viennent que ce mot fastidieux de « tradition.»
SOILIHI Ahamada Mlatamou