L’installation pléthorique et sans agrément de cybercafés en Côte d’Ivoire, en général et Abidjan en particulier, n’est pas ...
L’installation pléthorique et sans agrément de cybercafés en Côte
d’Ivoire, en général et Abidjan en particulier, n’est pas faite pour
faciliter la lutte contre la cybercriminalité. La phase d’identification
des cybercafés prévue après le recensement des abonnés des téléphonies
mobiles est encore au stade de balbutiement. Malgré l’adoption du projet
de loi relatif à la lutte contre la cybercriminalité et la protection
des donnés à caractère personnel, le chemin pour éradiquer ce fléau est
encore long.
Les cybercafés foisonnent à Abidjan comme des champignons et sont pour la plupart du temps fréquentés par des adolescents qui y passent la journée. Le hic, c’est que les gérants de ces établissements ne tiennent pas de fichier d’identification des internautes, comme le prévoit la loi. C’est le cas de K.M, un gérant de cybercafé à Anono extension, dans la commune de Cocody. Pourtant son cyber ne désemplit pas. Certains clients font des recherches pour des raisons professionnelles ou scolaires, d’autres «tchatchent». Ce sont ces derniers qui passent le clair de leur temps à arnaquer d’honnêtes personnes. Arnaques sentimentales où ils font croire à leurs victimes qu’ils sont de belles dames en leur envoyant via internet une belle photo de dames. Arnaques commerciales où, sous la forme d’une grosse affaire, ils se présentent comme des héritiers d’un homme riche décédé.
A.G, un jeune Ivoirien déplacé de guerre, qui s’est retrouvé à Abidjan, témoigne : «En vacances 2004, je me suis fais passer pour le prince Andani du Royaume Sanwi dont le père décédé a laissé une grosse fortune dans un coffre-fort à Paris. J’ai demandé «au pigeon » (Ndlr : la victime) de m’aider à récupérer cet argent. Je lui ai promis qu’il aura la moitié de la somme qui se chiffre en millions de dollars et en pierres précieuses». L’arnaqueur dit avoir soutiré plus de 21 millions FCFA par ce procédé à un riche homme d’affaires de la ville de Morlaix, dans la région de la Bretagne, en France.
Ce, en lui demandant de payer ses frais d’hôtel et billets d’avion, et lui payer en avance le coût du butin. A.G, grâce à son complice qui résidait à Paris, a pu escroquer la victime : le coffre était rempli de journaux et de cailloux. L’imposteur a avoué avoir abandonné l’activité, en août 2004, quand les agents de la police judiciaire ont confisqué argent et téléphones cellulaires des membres de son réseau, au quartier Djè Konan à Koumassi, après les avoir brimés.
Comment prouver un délit de façon numérique ?
Les cybercafés qui sont beaucoup fréquentés par les jeunes - comme ceux de Marcory, ex-cinéma Magic et Hibiscus, à Adjamé Dallas, à la Riviera palmerais, à la Riviera 2, etc., sont les lieux de prédilection des arnaqueurs. «Les arnaqueurs en général passent pratiquement leur journée sur le net. Dans ces conditions, ils empêchent certaines personnes d’occuper les ordinateurs», déplore un internaute.
La cybercriminalité prend de plus en plus de proportion surtout que les arnaqueurs ont investi les réseaux sociaux et forums en vogue pour obtenir facilement des informations sur l’identité des internautes.
Le directeur de l’informatique et des traces technologiques au ministère d’Etat, ministère de l’Intérieur, Stéphane Konan, lors d’une interview qu’il a accordée à une radio, le 17 mai dernier, a conseillé de ne pas diffuser beaucoup d’informations personnelles sur internet ; notamment, sur les réseaux sociaux. Il a révélé qu’il reçoit environ 70 plaintes par semaine de personnes arnaquées. «En 2012, nous avons démantelé 59 réseaux d’escrocs. Ce sont 22 réseaux qui sont démantelés depuis janvier 2013», a-t-il confié. Il reconnait que les escrocs font preuve de créativité. «Et le plus difficile, c’est de pouvoir apporter la preuve numérique d’un délit devant un juge, qu’un délit a été commis et que, sans aucun doute, c’est l’auteur qui est présenté devant la cour.
Aujourd’hui, c’est le gros challenge», a-t-il déclaré.
Les préjudices financiers et moraux causés par les arnaqueurs sont énormes. Leurs techniques sont de plus en plus sophistiquées. La menace guette les particuliers, les entreprises, les organisations et même l’Etat. Selon la plate forme de lutte contre la cybercriminalité (Plcc), en 2012, le préjudice financier causé par les «brouteurs» est estimé à 3,385 milliards FCFA. La Plcc souligne que les types d’arnaques les plus pratiquée par les brouteurs sont, entre autres, les arnaques aux sentiments (270 plaintes), les hameçonnages (128 plaintes) et les arnaques à l’héritage (61plaintes). En 2012, Microsoft de Bill Gates a enregistré une perte de 14 milliards FCFA dans 19 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, à cause du piratage de la suite Office et du système d’exploitation Windows. La Côte d’Ivoire récolte la palme d’or dans ce palmarès avec des préjudices évalués à 8 milliards FCFA.
Pour lutter efficacement contre la cybercriminalité en Côte d’Ivoire, l’Etat a initié un projet dans ce sens. En effet, le gouvernement a adopté un projet de loi relatif à la lutte contre la cybercriminalité et protection des données à caractère personnel, lors du conseil des ministres du jeudi 16 mai dernier. Les sanctions vont des peines d’emprisonnement ferme de 1 an à 20 ans, assorties d’une amende de 500.000 FCFA à 100 millions FCFA. Dans ce cadre, s’ouvre à partir d’aujourd’hui, à Abidjan, le premier salon « Shield Africa » des professionnels africains de la sécurité. Selon Stephan Konan, il s’agira d’apprécier les solutions en vue d’assainir les réseaux dans le but de mieux protéger les droits des citoyens sur internet.
Gomon Edmond
notrevoie
Les cybercafés foisonnent à Abidjan comme des champignons et sont pour la plupart du temps fréquentés par des adolescents qui y passent la journée. Le hic, c’est que les gérants de ces établissements ne tiennent pas de fichier d’identification des internautes, comme le prévoit la loi. C’est le cas de K.M, un gérant de cybercafé à Anono extension, dans la commune de Cocody. Pourtant son cyber ne désemplit pas. Certains clients font des recherches pour des raisons professionnelles ou scolaires, d’autres «tchatchent». Ce sont ces derniers qui passent le clair de leur temps à arnaquer d’honnêtes personnes. Arnaques sentimentales où ils font croire à leurs victimes qu’ils sont de belles dames en leur envoyant via internet une belle photo de dames. Arnaques commerciales où, sous la forme d’une grosse affaire, ils se présentent comme des héritiers d’un homme riche décédé.
A.G, un jeune Ivoirien déplacé de guerre, qui s’est retrouvé à Abidjan, témoigne : «En vacances 2004, je me suis fais passer pour le prince Andani du Royaume Sanwi dont le père décédé a laissé une grosse fortune dans un coffre-fort à Paris. J’ai demandé «au pigeon » (Ndlr : la victime) de m’aider à récupérer cet argent. Je lui ai promis qu’il aura la moitié de la somme qui se chiffre en millions de dollars et en pierres précieuses». L’arnaqueur dit avoir soutiré plus de 21 millions FCFA par ce procédé à un riche homme d’affaires de la ville de Morlaix, dans la région de la Bretagne, en France.
Ce, en lui demandant de payer ses frais d’hôtel et billets d’avion, et lui payer en avance le coût du butin. A.G, grâce à son complice qui résidait à Paris, a pu escroquer la victime : le coffre était rempli de journaux et de cailloux. L’imposteur a avoué avoir abandonné l’activité, en août 2004, quand les agents de la police judiciaire ont confisqué argent et téléphones cellulaires des membres de son réseau, au quartier Djè Konan à Koumassi, après les avoir brimés.
Comment prouver un délit de façon numérique ?
Les cybercafés qui sont beaucoup fréquentés par les jeunes - comme ceux de Marcory, ex-cinéma Magic et Hibiscus, à Adjamé Dallas, à la Riviera palmerais, à la Riviera 2, etc., sont les lieux de prédilection des arnaqueurs. «Les arnaqueurs en général passent pratiquement leur journée sur le net. Dans ces conditions, ils empêchent certaines personnes d’occuper les ordinateurs», déplore un internaute.
La cybercriminalité prend de plus en plus de proportion surtout que les arnaqueurs ont investi les réseaux sociaux et forums en vogue pour obtenir facilement des informations sur l’identité des internautes.
Le directeur de l’informatique et des traces technologiques au ministère d’Etat, ministère de l’Intérieur, Stéphane Konan, lors d’une interview qu’il a accordée à une radio, le 17 mai dernier, a conseillé de ne pas diffuser beaucoup d’informations personnelles sur internet ; notamment, sur les réseaux sociaux. Il a révélé qu’il reçoit environ 70 plaintes par semaine de personnes arnaquées. «En 2012, nous avons démantelé 59 réseaux d’escrocs. Ce sont 22 réseaux qui sont démantelés depuis janvier 2013», a-t-il confié. Il reconnait que les escrocs font preuve de créativité. «Et le plus difficile, c’est de pouvoir apporter la preuve numérique d’un délit devant un juge, qu’un délit a été commis et que, sans aucun doute, c’est l’auteur qui est présenté devant la cour.
Aujourd’hui, c’est le gros challenge», a-t-il déclaré.
Les préjudices financiers et moraux causés par les arnaqueurs sont énormes. Leurs techniques sont de plus en plus sophistiquées. La menace guette les particuliers, les entreprises, les organisations et même l’Etat. Selon la plate forme de lutte contre la cybercriminalité (Plcc), en 2012, le préjudice financier causé par les «brouteurs» est estimé à 3,385 milliards FCFA. La Plcc souligne que les types d’arnaques les plus pratiquée par les brouteurs sont, entre autres, les arnaques aux sentiments (270 plaintes), les hameçonnages (128 plaintes) et les arnaques à l’héritage (61plaintes). En 2012, Microsoft de Bill Gates a enregistré une perte de 14 milliards FCFA dans 19 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, à cause du piratage de la suite Office et du système d’exploitation Windows. La Côte d’Ivoire récolte la palme d’or dans ce palmarès avec des préjudices évalués à 8 milliards FCFA.
Pour lutter efficacement contre la cybercriminalité en Côte d’Ivoire, l’Etat a initié un projet dans ce sens. En effet, le gouvernement a adopté un projet de loi relatif à la lutte contre la cybercriminalité et protection des données à caractère personnel, lors du conseil des ministres du jeudi 16 mai dernier. Les sanctions vont des peines d’emprisonnement ferme de 1 an à 20 ans, assorties d’une amende de 500.000 FCFA à 100 millions FCFA. Dans ce cadre, s’ouvre à partir d’aujourd’hui, à Abidjan, le premier salon « Shield Africa » des professionnels africains de la sécurité. Selon Stephan Konan, il s’agira d’apprécier les solutions en vue d’assainir les réseaux dans le but de mieux protéger les droits des citoyens sur internet.
Gomon Edmond
notrevoie
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