Transport aérien: Kenya Airways sur les traces du Yemenia !! L'Airbus 5Y - KQF de la flotte Kenya airways, ralliant Nairobi-Mo...
Transport aérien: Kenya Airways sur les traces du Yemenia !!
L'Airbus 5Y - KQF de la flotte Kenya airways, ralliant Nairobi-Moroni par vol KQ 452 du jeudi 13 juin 2013, a eu son réacteur gauche avarié en pleine manœuvre de vol au milieu de la piste de décollage de l'aéroport international du Kenya.
A 10H20mn, l'appareil s'immobilise subitement. Décollage compromis par des soucis techniques, selon les termes de l'équipage. Panique à bord. Les 150 passagers essentiellement comoriens et quelques européens, cherchent maladroitement et tapageusement à gagner les issues de secours...
A 7H du matin les agents de sûreté de la porte N°3 de l'aéroport international Djomo Kenyatta font passer encore une fois au contrôle du portique laser, les passagers et leurs bagages en main, en transit vers les Comores. Un contrôle de trop quand chaque passager venait forcément d'un aéroport international et, est resté en zone internationale de transit pour le prochain vol.
La petite salle d'attente attenante à cette porte d'embarquement, bondait de monde, comme d'autres passagers vers Mogadiscio partageaient le même espace vétuste , meublé de moins d'une cinquantaine de sièges. Le brouhaha et la promiscuité des voyageurs debout et assis par terre pendant une longue heure d'attente, enlevaient tout loisirs aux vols attendus et les font virer plutôt à une situation d'internement. Certains d'entre les passagers qui n'étaient pas pris en charge la veille par la compagnie aérienne kényane, n'ont rien mangé et ont dormi à même le sol dans le hangar, depuis 20H du mercredi pour attendre ce vol matinal du lendemain. Ils sont donc très marqués par tous ces traitements dégradants.
Malgré la détérioration de la qualité des services du Kenya Airways, Nairobi reste tout de même un hub aérien stratégique et très prisé, pour les comoriens allant et venant de toutes les destinations mondiales.
Dans l'avion plein à craquer, les uns commencent déjà à dormir, alors que le commandant de bord débute les manœuvres de décollage à partir de 8H50mn. Pendant plus d'une heure l'appareil pavanait sur la piste avec des petits arrêts fortuits, à faire croire à un respect des indications d'aiguillage de la tour de contrôle. Quand soudain l'avion s'arrêta net en pleine piste, tout feu et tout moteur coupés, les passagers n'ont pas attendus les consignes de l'équipage pour chercher à sauver chacun sa peau en dehors de la carlingue. Panique à bord! Pendant que les passagers débarquent à la sauvette, ils perçoivent les mécaniciens «urgentistes» de la compagnie qui interviennent illico sur le moteur altéré. Les Bus qui amènent ces passagers hors de la zone de danger, croisent nécessairement et à distance raisonnable, des avions en atterrissage ou en décollage.
Dans une autre salle d'attente, les langues des passagers excédés, commencent à se délier: «moi je ne reprendrai pas le même avion réparé, c'est une psychose logique et j'ai peur pour ma vie» dira le jeune Ibouroi de Foumbouni qui venait de Marseille. Cette appréciation est partagée par une bonne partie de voyageurs qui ne le cachent même pas. Mariama, elle, avec sa fille de 3 ans sur sa hanche, se déclare réaliste: «nous ne connaissons même pas quand est ce que et où ils réparent leurs avions en panne. Cette fois que le Bon Dieu nous a épargné de la mort imminente en indiquant au Commandant de bord de ne pas forcer le décollage, je trouve qu'il serait sage de reprendre le même appareil s'il est réparé. De toute façon il n'y aura pas que nous seuls dedans; l'équipage et l'appareil sont de Kenya Airways et je ne crois pas qu'ilsaccepteraient d'aller se suicider eux-mêmes»
Richard, un européen qui a l'habitude de cette ligne aérienne et qui se dit donc connaître les combines de la compagnie kényane, se demande le pourquoi Kenya airways affrète toujours un grand appareil neuf et à moitié vide de Paris à Nairobi, pour ensuite octroyer des vielles petites carcasses pleines comme un œuf, pour le tronçon Nairobi-Moroni; avant d'ajouter: «puisque nous avons fait plus de 4 heures de retard au sol de 8H à 12Hpassées, nous avons le droit d'être remboursés de la totalité de notre billet d'avion». Ce qui activa la compagnie à parachever très rapidement l'appareillage. A 13H, l'appel à embarquer est fait. La fusion entre ceux qui sont pour le même appareil et ceux qui sont contre l'appareil réparé s'est matérialisée par une bousculade, à pouvoir chacun récupérer sa place dans cet avion. Le remboursement des billets n'est même pas à escompter comme tout le monde sait que cela ne s'appliquera jamais en Afrique.
C'est pourquoi, Hassane de la région de Washili à Ngazidja, qui a fait 5 années d'affilées d'études au Sénégal, avant de réunir ses affaires et suivre le tohu-bohu, avec tout le sérieux d'un vivant qui aspire à le rester, s'adressa à l'agent de Kenya Airways qui servait de médiateur; «vous avez intérêt à mieux réparer cet avion et assurer notre trajet sans encombres, car l'envie de voir mon pays après une longue absence me pousse à prendre n'importe laquelle des chosesvolantes pour m'y rendre. Mais sachez que si je meurs sans y parvenir, je reviendrai vous hanter éternellement».
Tout le monde s'est enfin installé, la peur au ventre. Une prière collective est faite avec la «Fatha» lue par les passagers en guise de protection divine. Le même avion réparé a décollé de Nairobi à 13H25 pour arriver à 18H05au lieu de midi prévu à Moroni, avec escale à Dzaoudzi.
Après les applaudissements mérités au Commandant de bord pour l'atterrissage réussi, chaque passager a poussé un ouf de soulagement et de reconnaissance divine. Puisque nous sommes arrivés à bon port, il n' y a plus rien d'autre de grave. «pvo rawadi koza minyiha»!
Un Passager du 5Y-KQF
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