Il ne suffit pas de s’aimer pour se marier entre comoriens de France surtout si l’un des conjoints a la nationalité française. Le mari d...
Il ne suffit pas de s’aimer pour se marier entre comoriens de France
surtout si l’un des conjoints a la nationalité française. Le
mari doit débourser des sommes colossales d’abord.
On s’en doutait que l’immigration allait changer les mœurs et les
règles de la nature. La situation qui entoure les mariages dans la
communauté comorienne de France est un parfait exemple. La recherche des
papiers français pour nos compatriotes installés dans ce pays est venue mettre en cause les principes même de l’amour.
Désormais pour se marier avec une fille comorienne mais de nationalité
française, la dote passe du simple au triple. « Une sorte de vente aux
enchères s’installe lorsque le mari n’est pas titulaire du fameux
passeport rouge de l’Union Union Européenne. Les parents exigent les
yeux de la tête avant de donner leurs accords », regrette un observateur
qui vit dans la région parisienne.
Djamil, un jeune immigré vivant à Paris peut témoigner pour avoir
vécu dans cette situation. « Le père a demandé de faire des festivités
comme au pays. Des festivités qui ont coûté une fortune pour une
personne qui n’avait aucune situation et ni travail », raconte-t-il avec
un goût amer. Le coût du mariage est inestimable. La célébration a duré
4 jours à Paris dans des salles louées à plus de 1000 euros la journée.
L’or utilisé dans cette circonstance
avoisinant les 7 000 euros et les repas pour 500 personnes sont à la
charge du jeune marié pour qui ces journées sont restées au travers de
la gorge.
Ce trentenaire qui vouait un parfait amour à sa fiancée, tous deux
originaires de la région de Hamahamet, ajoute que « le mariage avait
perdu son sens. Il n’y avait en aucun moment de la joie car les dépenses
et les dettes qui s’en suivent hantaient l’esprit tout au long des
festivités ». Le problème est que ce genre d’union célébré en France
n’entre pas dans le système du Grand-mariage coutumier aux Comores.
Ce cas est loin d’être isolé. Dans certaines relations, le père fixe
purement et simplement « un prix pour sa marchandise ». « J’ai assisté à
une vraie vente. Le beau-père a demandé 10 000 euros pour la main de sa
fille. J’ai dû négocier jusqu’à 7 000 pour pouvoir organiser enfin le
mariage en salle et à la mairie. Pourtant, avec la fille il n’y avait
aucun doute sur la sincérité de notre amour », soutient Faissoil de
Moroni qui fait des études en France mais qui a voulu changer de statut
en mettant fin à son célibat.
Comme Faissoil, Djanffar traverse aussi l’océan. Après avoir
abandonné l’université, son cœur est lié avec celui de Djamila, une
ravissante jeune adolescente d'une ville du sud de la Grande Comore. Mais c’est sans compter les
exigences de la belle-famille. « On me demande 7 000 euros sans les
autres frais comme la salle et la réception, mais je ne crois pas être
capable de faire ce mariage. Je risque d’abandonner la piste. Je vais
chercher une blanche », rétorque Djanffar qui est entre l’enclume et le
marteau.
Comme la cerise sur le gâteau, une fois le mariage célébré, le mari
n’est jamais considéré comme le chef de famille. La belle-famille est
toujours à coté pour guider et s’ingérer dans le nouveau couple. «
Chaque fois qu’il y a problème dans le ménage, on rappelle au gendre
d’où il vient », poursuit notre observateur. Dans ce cas, Faissoil
reconnait que « dans les moments de crise au sein du couple, la femme
n’hésite pas à brandir l’arme de la nationalité. La fille déclare
qu’elle va stopper la procédure pour l’obtention de la carte de résident
». Ces couples unis dans le seul intérêt de l’argent et des papiers ont
comme conséquence l’infidélité et les séparations.
Reportage en France par A.A. M.