Histoire : 11 mars 1990, Élection de Said Mohamed Djohar "Papa Djo" à la présidence des Comores

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Le leader du gouvernement provisoire des Comores, Said Mohamed Djohar, remporte l'élection présidentielle en défaisant son plus proch...


Le leader du gouvernement provisoire des Comores, Said Mohamed Djohar, remporte l'élection présidentielle en défaisant son plus proche rival, Mohamed Taki Abdulkarim. Ce vote, qui a lieu le 11 mars 1990, est rendu nécessaire à cause des irrégularités qui ont marqué le précédent scrutin présidentiel, le 18 février 1990.

Le renversement du président Ali Soilih par un commando de mercenaires français, en mai 1978, a permis à l'ancien président Ahmed Abdallah, évincé du pouvoir en 1975, de reprendre la tête du pays. Soutenu par des mercenaires, Abdallah musèle l'opposition et dirige le pays de façon de plus en plus autoritaire entre 1978 et 1988. Un parti unique, l'Union comorienne pour le progrès (UCP), voit le jour. Victime de plusieurs tentatives de coup d'État au cours de la décennie, Abdallah réussit néanmoins à se maintenir au pouvoir. Il fait même réviser la Constitution afin qu'elle lui permette de cumuler les postes de président et de premier ministre. Cette domination de l'appareil politique lui permet d'écarter son rival Ali Mroudjaé. 


Le 26 novembre 1989, le président est assassiné dans des circonstances nébuleuses, en présence des mercenaires. Cet événement provoque le déploiement des forces françaises sur le territoire. Une élection présidentielle   est organisée afin de stabiliser la situation. Le vote, qui a lieu le 18 février 1990, donne vainqueur le leader du gouvernement  provisoire, Said Mohamed Djohar. Mais des irrégularités, dont l'effacement du marquage à l'encre des électeurs s'étant prévalus de leur vote, amènent l'opposition à demander la démission de Djohar. Un second vote, tenu le 11 mars, confirme la victoire de Djohar sur son opposant Mohamed Taki Abdulkarim. Il obtient alors 55,1 % des voix. Des accusations de fraude seront formulées, mais elles seront démenties le 8 avril par une délégation d'observateurs de l'Union africaine qui confirmeront les résultats.

Publié le 12/01/13 et mise à jour le 16/12/13
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Said Mohamed Djohar (né le 22 août 1917et décédé dans la nuit du 22 au 23 février 2005 à son domicile de Mitsamiouli), est un homme politique comorien. Président des Comores de 1992 au 28 septembre 1995.

Né à Majunga (Madagascar), il est nommé instituteur en 1946 dans la ville de Sima et est élu au Conseil général. Il est dès lors un fidèle de Said Mohamed Cheikh et participera à plusieurs gouvernements que présidera ce dernier notamment comme ministre de la fonction publique. Il est réélu en 1952. De juin à octobre 1972, il est président de la Chambre des députés. De 1973 à l'indépendance (1975), il est représentant des Comores à Madagascar et il y reste jusqu'à l'indépendance.. Il ne fait reparler de lui qu'après le retour au pouvoir d'Ahmed Abdallah en 1978 et devient président de la Cour suprême. Il participe aux nombreuses réunions de discussions sur l'avenir institutionnel des Comores, et affirmait que Said Mohamed Cheikh s'est prononcé pour l'indépendance des Comores depuis 1948.
Discret sous le régime de son demi-frère Ali Soilih, il retrouve une certaine importance avec le retour au pouvoir d'Ahmed Abdallah. Il devient ensuite président de la Cour Suprême.
Le 27 novembre 1989, il devient président par intérim après le coup d'État de Bob Denard qui renverse Abdallah. Il est ensuite élu le 11 mars 1990 président dans des élections contestées face à Mohamed Taki Abdulkarim. Il chasse les mercenaires mais est finalement renversé par Denard avec l'appui de la France et exilé de force à La Réunion. Denard a été envoyé la 1ère et la 2ème fois aux Comores - respectivement aux mois de septembre 1975 et mai 1978 - sous la Présidence de Valéry Giscard D'Estaing; puis le 28 septembre 1995, 5 mois après le retour de la droite au pouvoir en France, avec l'arrivée de Jacques Chirac et le retour des "réseaux Foccard" à l'Élysée. 

Une semaine après le débarquement de Bob Denard aux Comores, suite aux vives protestations de la communauté internationale et de certaines autorités comoriennes notamment M. Said Ali Allaoui Ministre de l'intérieur du gouvernement Djohar qui était de passage à Paris, la France - chargée d'assurer la défense extérieure des Comores (cf: accords de défense de 1978 entre les Comores et la France)- lance l'opération militaire "Azalée", et fait Denard et ses mercenaires prisonniers. Mais curieusement, le président Djohar est exilé, "pour sa sécurité", à la Réunion. Les marsouins français s'installent plusieurs mois dans l'ex-hôtel Comotel (Actuel "Le Moroni"), ce qui n'est pas au goût de tout le monde. Il faudra l'intervention sur place puis à Paris, début décembre 1995, d'un Français, Christian Azaïs, pour finalement faire libérer M. Djohar en février 1996. Christian Azaïs convainc les autorités de s'adresser directement au Premier ministre français, Alain Juppé, afin que Djohar soit libéré, la détention, même "de luxe" d'un président régulièrement élu constituant un scandale; il remet lui-même la lettre rédigée à cet effet, dès le lendemain, à son destinataire. L'effet est presque immédiat : Djohar peut rentrer à temps pour les nouvelles élections. C. Azaïs remet alors à l'amiral Lacoste, ancien chef des services français de renseignement militaire, un rapport impliquant la conduite de l'ambassadeur de France aux Comores, Ferrand, lequel a envoyé des rapports entachés de partialité et d'erreurs grossières ; celui-ci sera immédiatement transféré à un autre poste.
La méfiance du président français François Mitterrand envers M. Djohar provenait d'un incident qui s'était produit à l'occasion d'une invitation du Colonel Khadafi à divers dirigeants. À leur descente d'avion, ces dirigeants, dont Mohamed Djohar, avaient été forcés de fouler aux pieds un tapis fait des drapeaux des principales nations occidentales, dont celui de la France ; ceci avait été interprété comme un geste malveillant délibéré. Or, lorsque M. Djohar sera exfiltré par les militaires français en septembre 1995, et alors que le Président est en pyjama, la seule chose qu'il voudra emporter avec lui est la croix de commandeur de la Légion d'Honneur que F.Mitterrand lui avait lui-même remise. Ce fait, rapporté par M. Djohar lui-même, montre assez où allait son amitié, et combien les reproches qu'on lui avait faits étaient maladroits et injustifiés.
La présidence de M. Djohar a toujours été contestée, par exemple en 1991 lorsque le président de la Cour suprême le déclare inapte et cherche à le destituer. Djohar a toujours cherché à faire reposer sa politique sur les jeunes exilés par Abdallah. Son régime a été également marqué par les scandales financiers opérés par son gendre Mohamed Mchangama qui, après le coup d'État de 1995 s'est empressé de divorcer avec la fille du Président Djohar et a rejoint le Président Mohamed Taki Abdoulkarim. Said Mohamed Djohar est toujours surnommé "Papa Djo", le père de la démocratie comorienne, celui qui a organisé avant le Bénin les fameuses Conférences Nationales et celui qui a permis au peuple de participer à la vie politique qui jusque-là était réservée qu'aux notables.
Comme il fut écrit dans un journal comorien au lendemain de sa mort, "Papa Djo" était un homme honnête, intègre, courageux, qui, a toujours combattu la cause des plus démunis. Il a été écrit aussi qu'il était aussi manipulé à son insu par son gendre Mchangama, lequel affichait une fortune insolente et d'acquisition récente et inexpliquée. Avec Wikipédia 

Mémoires du président des Comores, Saïd Mohamed Djohar 09 janvier 2013


L'ouvrage compte trois cent quatre huit pages. L'ancien président de la République relate des événements auxquels il a pris part ou dont il a été le témoin direct. Du parcours du jeune sportif "Joary" à celui d'homme politique en passant par celui d'instituteur ou de diplomate, l'ancien président évoque ses vies: sportif, polygame, bâtisseur, instituteur et acteur politique. Djohar se met en scène avec comme point constant: le nationalisme comorien.

Clins d'oeil à Said Mohamed Cheikh, son maitre spirituel et Ahmed Abdallah Abdérémane, son compagnon, portrait acide de son ancien élève Mohamed Taki Abdoulkarim, crochet belliqueux sur Omar Tamou et vision contrastée et humaine de Ali Soilih, son demi-frère.

"Fils spirituel" et "historien" de Cheikh


Adolescent, il rencontre le docteur Saïd Mohamed Cheikh. De cette rencontre découle une relation d'admiration et d'initiation à l'action publique. Djohar rend hommage à celui qui fut son mentor politique. L'auteur revient sur sa rencontre avec Cheikh, le combat pour l'indépendance et le nationalisme de l'ancien député des Comores à l'assemblée nationale française. Il évoque de Cheikh tantôt le combattant contre le colonialisme qu'il compare à un "esclavagisme déguisé", ou bien celui qui a lutté contre les spoliations des terres par les colons à Ndzuwani.

Portait acide de Mohamed Taki


L'auteur a choisi son camp: celui des Verts, mais Cheikhistes. Comme tous les fervents de l'ancien président du Conseil de gouvernement des Comores, l'affront fait à son maitre par Mohamed Taki reste toujours vivace et impardonnable. La scène se déroule à Mbeni après la nomination de Mohamed Taki au poste de directeur général des travaux publics et de l'énergie, poste occupé autrefois par un Mzungu. La région de Hamahame a organisé une cérémonie de remerciements à laquelle participait, outre le président Cheikh, tous les membres du gouvernement et la notabilité de Ngazidja. Cheikh explique sa politique qui consiste à remplacer les chefs de service français par des Comoriens ayant réussi leurs études supérieures. Taki se leva au son du tam-tam et des cris d'une population euphorique en fustigeant le gouvernement et en attaquant son chef, le président Cheikh. Ce dernier réplique en s'adressant à Taki: "…Si nous n'avions pas cette autonomie interne, tu serais peut-être un simple agent de l'administration comme certains auditeurs ici présents". En 1990, Mohamed Taki était candidat comme Djohar aux présidentielles.

Djohar déclaré vainqueur, le premier a contesté cette victoire se qualifiant président choisi par les Comoriens. Djohar accuse Taki d'avoir intenté des projets criminels visant à l'assassiner. Victime collatéral de ce duel entre deux membres de l'ancien parti Vert, Omar Tamou, ministre de l'Intérieur pendant ladite élection qui avait reconnu sur la place publique Badjanani la victoire de Taki.

Vision contrastée mais humaine de Ali Soilih


Ali Soilih et Saïd Mohamed Djohar sont les fils de Mahmoudat Mzé. Cette mère est, pour l'instant, la seule à avoir donné aux Comores deux présidents. Djohar partage la vision de Ahmed Abdallah sur les pratiques autoritaires et la mise au ban du anda par le nouveau régime soilihiste.

Par contre, sous l'âge d'or de ce régime, l'auteur raconte les tortures morales dont il a subies, notamment après la fuite de son fils adoptif Nassur en Libyie. Son témoignage accablant est plein d'émotion: "[…] un certain soir, je reçus un appel téléphonique: - Dites à la mère de Nassur (dix-sept ans à l'époque) que son fils a été sélectionné pour les jeux sportifs des pays musulmans qui auront lieu en Libye la semaine prochaine. Comme l'avion part ce soir, il ne pourra pas venir vous saluer avant le départ, faute de temps. […] -

On dispose de nos enfants sans même demander notre avis. […]. Un mois plus tard, en 1977, une Peugeot familiale pénétra à toute vitesse dans notre cour. Trois soldats de la révolution "Mbaya ya mwasi" en descendirent vers 11h et nous sommèrent d'y monter. Notre fille Charline avait son premier né, Ryad, dans les bras. - Mais que se passe t-il? leur demandai-je […] - Quoi? Vous ne voyez pas que notre fille a un bébé de quatre mois dans ses bras? - Nous ne voulons rien savoir! Ce sont les ordres. Allez, embarquez!". Trois jours plus tard, la famille Djohar a su les raisons de son arrestation arbitraire. Nassur, son fils, n'est pas rentré avec son équipe après les jeux en Libye.

Devant l'interrogatoire, sa femme et lui réagissent en ces termes à la disparition de Nassur: "- Quoi? Vous avez embarqué notre fils sans notre avis ni notre accord, vous nous dites qu'il a disparu. Vous êtes le responsable de sa disparition. […]. - C'est cela votre justice? Vous avez tué mon fils et vous voulez qu'en victime, je vous paie pour ce crime? […]". Après le coup d'Etat du 13 mai 1978, Djohar a tenté deux fois de rendre visite à son frère emprisonné par les mercenaires…

Ahmed Abdallah, le compagnon politique


Entre Abdallah et Djohar, c'est une complicité politique et amicale dans les années 40, après l'affectation de l'instituteur Djohar à Domoni. Une relation renforcée par le partage des idées communes: membre du même parti Vert, Cheikhiste, militant contre les spoliations des terres et pour la souveraineté comorienne.

Djohar raconte la dernière conversation avec Abdallah à la veille de son assassinat: "Je suis navré que vous, car je suis prisonnier de ces mercenaires sans parvenir à cesser leurs actes répréhensibles. Le plus catastrophique, dans tout cela, est que le personnel de la Gp chargé d'assurer ma sécurité, semble ignorer totalement ma présence et mon autorité en obéissant aveuglément à la bande de Bob. […] C'est maintenant que je reconnais la portée de mon erreur monumentale. Je ne peux pas te le cacher, j'ai signé un contrat de dix ans […] Le contrat expirera en 1989.

Et je ne renouvellerai pas, quoi qu'il arrive". Abdallah trouvera la mort deux jours plus tard assassiné par ceux qui ont été censés le protéger.

Djohar président et bâtisseur


Avant d'être président, l'auteur se définit comme créateur et bâtisseur. Créateur de plusieurs associations sportives et musicales et bâtisseur d'infrastructures, notamment le terrain de tennis de Moroni et les bâtiments administratifs qui devaient accueillir les dirigeants comoriens à Mayotte, capitale des Comores jusqu'en 1962.

Djohar Président, ce sont des souvenirs pathétiques et déprimants de l'ancien président. Pour tous les passionnés des Comores et de l'histoire en particulier, le "plus malgache des Comoriens" nous offre une lecture personnelle sur l'évolution des Comores, et accessoirement de Madagascar, et cette œuvre serait très riche adaptée au théâtre tant les personnages sont plus loufoques les uns que les autres.
Nakidine Mattoir
Alwatwan.net
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